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2.7.16

La guerre anthropocène : la colère des dieux.

J'avais dit il y a quelques temps que je posterais ici deux extraits d'une de mes futures histoires, La guerre anthropocène, mais la vérité c'est que le deuxième est toujours dans ma tête et que j'ai toujours pas fait l'effort d'essayer de l'en sortir. Cela dit, tout à l'heure, je vais passer plusieurs heures loin de mon PC pour garder et nourrir le chat de ma ptite sœur Anduril du coup j'pense en profiter pour écrire le fameux extrait.
En attendant, voilà le premier, qui est également la première partie finie de ce futur roman. C'est un premier chapitre, et s'il est court, je trouve qu'il fait une bonne exposition.

Je rappelle que La guerre anthropocène fait suite à ma nouvelle, The Legacy, qui est toujours lisible à cet adresse, et qu'elle mettra en scène, en gros, l'humanité contemporaine pollueuse et destructrice face à des divinités grecques (au sens large) qui en ont vraiment marre.
Donc ça, là, en-dessous, bah c'est le premier chapitre.
Vous êtes gentils, vous me piquez rien, encore une fois, c'est mon travail. Naméo. Par contre vous avez le droit et vous êtes invités à dire ce que vous en pensez ^^


Chapitre 1. La colère des dieux.

Lors d'une belle journée de printemps comme elle les appréciait beaucoup, Natalie Bowman se surprit soudain à ressentir un élan de nostalgie. Il était un peu plus de midi et elle venait de prendre un repas simple mais délicieux, suivi d'un grand mug de thé. Le journal télévisé, d'un intérêt très discutable, n'avait pas capté son attention très longtemps. Entre autres informations secondaires, il avait évoqué tour à tour un candidat aux élections présidentielles dont le racisme n'avait d'égale que sa mégalomanie et la guerre incessante qui ravageait la région du Moyen-Orient. « Nous terminons ce journal par un fait divers », annonça la journaliste d'un ton neutre et détaché.
La jeune médecin aux cheveux d'un roux flamboyant se tourna vers son écran, guère intéressée. « Dans le Pacifique sud, un bateau de pêche a été retrouvé totalement désert, au large des côtes du Costa Rica. Aucun marin n'était présent à bord et il dérivait, tous moteurs éteints, ce qui a surpris tous les témoins. C'est l'organisation internationale Sea Sheperd, qui avait pris le navire en chasse, qui s'en est saisie et l'a ramené au port. Une enquête a démontré qu'aucun combat n'avait eu lieu à bord et aucune arme n'a été retrouvée, ce qui jette les gardes-côte et la police du Costa Rica dans la plus grande confusion. »

Natalie, bien malgré elle, se mit à penser à sa meilleure amie, Grace Turner. Celle-ci avait quitté, six mois plus tôt, leur ville de Seattle après avoir appris la mort de son père, qu'elle n'avait jamais connu. La jeune femme était repassée rendre visite à Natalie deux fois depuis et, bien qu'elle était toujours mélancolique, semblait de plus en plus heureuse avec le temps. D'après ce qu'elle avait dit de ses voyages, elle vivait désormais entre Boston où se trouvait son frère, l'Irlande et la France, guidée par son ami Patrick Gleeson, qui appartenait justement à Sea Sheperd et y avait intégré Grace. Celle-ci, qui était institutrice, se contentait pour l'instant d'utiliser ses compétences pour sensibiliser le public à la cause environnementale en participant aux opérations de communication à terre des défenseurs de la mer. Natalie espérait donc logiquement que son amie ne serait jamais impliquée dans les étranges événements d'Amérique du sud.
On voyait des choses de plus en plus surprenantes dans le monde moderne, et un bateau qui se trouvait soudainement abandonné était pour le moins déconcertant.

Très loin de là, dans une région déserte, une tempête se préparait. Les versants du mont Olympe étaient totalement dépeuplés. Les Grecs avaient mieux à faire que s'adonner à l'alpinisme depuis que leur pays était en crise. Aucun ne pouvait donc profiter du temps parfaitement dégagé qui régnait sur la Grèce du nord. Loin au-dessus des sommets, dissimulé par le pouvoir des anciens dieux, le palais de l'Olympe Céleste abritait une grande fureur.
Zeus fulminait et faisait les cent pas dans la colonnade du grand hall. Soudain, sans signe avant-coureur, le roi des dieux poussa un long cri puissant. « POSÉIDON !! » Si d'aventure un alpiniste s'était décidé à gravir la montagne au-dessous, il aurait probablement été surpris par le coup de tonnerre qui avait brisé la quiétude du ciel bleu.
Le dieu reprit sa marche d'un pas rageur. Au bout de quelques instants, un forte odeur de sel envahit les lieux. Zeus se retourna. A quelques pas de lui, ruisselant d'eau de mer dans une longue tunique qu'on eût dit faite d'écailles de poissons, le dieu des océans se tenait bien droit, la main serrée sur le manche de son trident. Il affichait, derrière ses longs cheveux gris-bleu entremêlés d'algues, un air neutre et détaché. « Tu souhaites me parler, mon frère ? Je n'ai pas souvent le plaisir de ta compagnie. »
Zeus lui jeta un regard sombre et dédaigneux. « Ne me crois pas aveugle ou stupide, Poséidon. Je n'ignore rien de ce qui se passe chez les mortels. Parle-moi de ces marins.
 - Je ne suis pas responsable des actes de mes divinités, répondit posément le roi des mers. Elles demeurent libres, vois-tu.
 - Ne te joue pas de moi, répliqua son frère. Si tu n'as pas ordonné cette agression, tu l'as tolérée. » L'expression désinvolte de Poséidon l'agaça au plus haut point. « Nous sommes les Olympiens, pas des tyrans ! Durant maintes générations nous avons apporté l'ordre, la lumière et la sécurité aux mortels. Nous avons été leurs protecteurs, leurs guides et leurs seuls repères ! Nous n'avons pas vaincu Baal et ses séides pour nous abreuver de leur sang ! Enfin, songes-y, des mortels ont été tués par tes sirènes », rugit Zeus. Dehors, le ciel limpide fut traversé par un éclair puissant, qui fut suivi par un craquement de tonnerre long et sec comme une canonnade.

« Certes, admit Poséidon. Et que vas-tu faire ? Me réprimer comme un enfant qu'on punit, ou bien t'en prendre à mes gens, te pavaner comme un justicier simplement parce que...
 - Il suffit, mon frère !, coupa Zeus. Je ne t'ai pas convoqué pour entendre tes doléances ! Il est vrai que les mortels se sont détournés de nous, qu'ils ont choisi leur voie il y a bien longtemps, et en aucun cas nous n'avons le droit de nous immiscer dans leur devenir ! Tu vas rappeler tes sirènes, tes néréides ou je ne sais quelles impertinentes créatures ont osé outrepasser leurs droits et, tu vas...
 - Je n'en ferai rien, en réalité.
 - Qu'est-ce que... as-tu oublié à qui tu t'adresses ? Je suis le maître de l'Olympe et tu vas te plier à...
 - Non..., l'interrompit Poséidon dans un grondement sourd.
 - Comment ? fit Zeus, désarçonné. ...ne t'aventure pas à me provoquer, frère ! Ne t'y risque pas !
 - ASSEZ ! explosa le dieu des océans, provoquant dans le ciel un amoncellement soudain de nuages sombres et orageux. Tu as toujours eu le beau rôle, quoi que tu puisses en dire ! Tu dis vrai, les mortels nous ont abandonnés et ont oublié la sagesse et l'humilité de notre règne, c'est exact ! Leurs perceptions sont émoussées, ils ne nous voient plus, ne nous entendent plus, mais cela ne les rend pas moins dangereux ! »
Zeus ne reprit pas la parole, s'était immobilisé, désarmé par la sortie exceptionnelle de son frère.
« Depuis toujours tu te prélasses dans ton palais de marbre blanc, tu te dores au soleil comme le gros paresseux que tu es, mais tu ne vis pas là, en bas, et tu ignores tout de leurs usages ! Ils sont destructeurs, vains et arrogants, et toi, tu oses prétendre que nous n'avons aucun droit ? Cela fait très longtemps, trop longtemps que nous subissons et supportons leur nuisance, et je n'empêcherai aucun de mes sujets de se défendre s'il se sent agressé. »

Poséidon se détourna comme pour quitter les lieux, quand Zeus le menaça. « Je te préviens, mon frère, n'outrepasse pas mes interdictions, c'est un conseil que je te donne. » Il ne reçut pour toute réponse qu'un rire narquois. « Les mortels ne s'intéressent plus à nous depuis bien des générations, Dieu du Ciel, et cela fait aussi longtemps que ton autorité ne s'étend plus au-delà de ces colonnes. »
Abasourdi par une insolence aussi insouciante, Zeus ne trouva rien à répliquer cependant que son frère s'évanouissait dans une gerbe d'eau, laissant derrière lui une large flaque tachée d'algues et de sable. Pour couronner le tout, le ciel lourd et noir fut crevé d'un coup au son d'un vent tonitruant, et d'extraordinaires trombes d'eau entreprirent de marteler la terre et, avant elle, le palais de l'Olympe Céleste.
Bouillonnant de rage et de frustration, le roi des dieux ne se contenait plus. Par à-coups, sa tension naissante avec son frère se muait en combat aérien, les éclairs frappant les nuages sombres sans pouvoir vider sa colère. Au bout d'un long moment de réflexion furieuse, il lança une nouvelle convocation, vociférant plus qu'il ne parlait. « Hermès !! »

N'ayant rien manqué de la tension qui régnait, le dieu messager apparut en un instant et quelques battements de ses sandales ailées. « Oui, Père ?
 - Hermès, j'ignore si tu en es informé, mais ton oncle a défié mon autorité, il a causé de graves problèmes chez les mortels.
 - Mais... comptez-vous l'affronter ? s'inquiéta le jeune dieu.
 - Non. Ne m'interromps pas. Je veux que tu fasses venir Athéna, Artémis et Apollon ici, aussi vite que possible. Nous serons peut-être confrontés à un monde dont nous ignorons tout. Tu reviendras avec eux, j'aurai aussi à te parler.
 - Très bien, Père, j'y vais immédiatement ! s'écria le dieu ailé en s'éloignant.
 - Attends, l'appela Zeus après un instant de réflexion. Tâche aussi de trouver Aphrodite. »
Avec un hochement de tête, l'autre disparut à tire-d'aile.

Le dieu du ciel contempla la tempête qui se déchaînait, maussade. Il l'avait involontairement provoquée, mais un sentiment confus lui disait que ce n'était rien par rapport à ce qui s'en venait. Il ne prenait aucun risque, en tout cas, à se préparer à tout. Les mortels ignoraient peut-être les circonstances de la disparition des leurs, mais l'indolence des divinités marines ne devait pas rester impunie, afin qu'elles comprennent qui détenait l'autorité suprême.
Même sans ressentir de cruauté, Zeus se voyait déjà ramener l'ordre par un usage juste et nécessaire de la force, comme il en avait, ou plutôt avait eu, l'habitude. Plongé dans ses pensées, il n'entendit donc pas son épouse s'approcher derrière lui.

« Quel est son nom ? » fit Héra d'une voix étrangement sévère. Zeus se retourna, interloqué. « ...qui donc ? Aphrodite ? » La reine des dieux leva les yeux au ciel. « Cette mortelle que tu convoites, comment s'appelle-t-elle ?
 - Que... mais, ma reine, il n'y a aucune mortelle, répondit son époux, désormais totalement éberlué.
 - Ne me mens pas ! Il y a toujours une mortelle ! J'ai entendu la voix de Poséidon, ne vit-il pas chez eux ? insista la déesse-mère.
 - Si, mais enfin... mon épouse, comment peux-tu me croire infidèle, après tellement de temps ? »
Héra eut l'air de s'adoucir, adressa à son frère et mari un sourire apparemment indulgent. « Je t'en prie, mon cher ami... ne me crois pas sotte ! Après des générations passées loin des mortels, voilà que tu t'intéresses à nouveau à eux ? Je te connais, cela cache forcément quelque chose. »
Sa déclaration fut ponctuée d'un éclair aveuglant, suivi d'un puissant coup de tonnerre. « J'ai déjà bien assez de problèmes sans avoir besoin d'y ajouter tes fantasmes, femme ! explosa Zeus. Va donc t'amuser chez les mortels, s'ils accaparent tant ton attention ! rugit le dieu en quittant le hall à grands pas furieux. »
Héra contempla à son tour le déluge qui sévissait dehors, se disant pour elle qu'elle n'en resterait sûrement pas là. Elle regretta également que le temps fût si mauvais, alors qu'elle était persuadée d'avoir été réveillée le matin même par un ciel magnifique.

4 commentaires:

  1. Très contente de voir cette publication!
    Déjà, ça fait plaisir de voir des figures connues dans ta nouvelle, je trouve ça sympa de pouvoir faire ce lien.

    Après, je me dois de m'excuser car le face à face Zeus-Poséïdon m'a juste mis en tête la fabuleuse scène du "release the kraken" du clash des titans et du coups j'ai rigolé toute seule pendant 10mn, mais ça c'est parce que ça fait partie de mon bagage de blagues nulles, et ça n'a rien à voir avec ton récit.

    J'aime beaucoup l'addition de dieux, à plus fortement grecs car ils sont bien gratinés, et retrouver certains traits de leurs caractères est très appréciable. (notamment Héra blasée qui se demande dans qui son mari est encore allé se fourrer. Heu, dans quoi, bien sûr.)


    Cet extrait me fait poser pas mal de questions, auxquelles tu répondra certainement pas la suite de ton récit mais: qu'est ce qu'ils ont glandé tous les dieux depuis ce temps? ça fait pas un moment que ça en travaille certains de tataner ces fichus mortels corrompus?
    Bref, les relations familiales de Zeus sont toujours complexes, et c'est bien retranscrit ici, avec humour. j'attend donc de voir la suite et d'en apprendre plus sur toute l'affaire.

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    1. Ouais, pour te répondre, j'avais déjà des pistes de pourquoi les divinités grecques se sont faites oublier mais je compte bien les développer ;)
      Par contre, j'ai prévu de publier les deux extraits spécifiquement parce que j'ai fini ma nouvelle et que je sais qu'elle a été lue et appréciée par certains autour de moi (dont toi ♥), mais le truc que j'écris en ce moment, c'est Les Mille-Griffes, pas La guerre anthropocène (qui sera sûrement juste après en fait, histoire que Les Mille-Griffes aient eu le temps d'être lues quand je sortirai leur préquelle et leur suite. Dans cet ordre ^^).

      Sans vouloir te spoiler, les principales figures divines de La guerre anthropocène seront Artémis, Athéna, Zeus, Poséidon, Hermès, Héra et peut-être aussi (sûrement d'ailleurs) Apollon et Aphrodite. Les autres apparaîtront, mais moins. Et puis y'aura aussi un paquet de centaures, dryades, naïades, sirènes, et le reste du casting sera mortel (Sea Sheperd et ses alliés ainsi que quelques représentants des "grandes" nations du monde) ^^

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  2. Oh oui très bien tu as encore le temps de bien développer tout ça, c'est cool!
    Mais comment tu fais pour te discipliner à écrire les choses dans l'ordre? j'imagine que comme les idées fusent t'as pas forcément toujours envie de rester sur les Mille-Griffes. mais bon, du coups t'as le temps de bien potasser tes idées, c'est plutôt intéressant.

    Artémis for the win! \o/ c'est ma déesse préférée! Il y a un fragment de statue d'elle au musée de Delphes qui est vraiment belle, elle a une expression géniale. je te mettrais bien un lien, mais c'est long comme le bras, du coups je vais le publier sur twitter. Elle a un air espiègle qui correspond totalement à l'image que j'ai d'elle.
    Bon, j'aime beaucoup Athéna aussi, femme badass et intelligente, ça va être un plaisir à écrire je pense!
    Si tu pouvais mettre Hadès en guest star à un moment... ;)
    J'ai hâte de voir tout ça :D

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    1. Hadès à un moment il apparaît, Zeus va le voir en personne aux Enfers ^^
      En revanche t'as raison, essayer d'écrire un truc à la fois alors que les idées fusent c'est pas simple, mais j'ai remarqué que les œuvres auxquelles je pense le moins se manifestent plus vraiment, c'est bien, je pourrais me focaliser dessus plus tard ^^ En ce moment les flots continus c'est Les Mille-Griffes et L'elfe d'acier, ma dystopie SF (que je vais peut-être écrire assez vite aussi du coup), ça reste gérable ^^

      ...Artémis aussi est une de mes déesses préférées, je pense en faire une jeune sauvageonne indépendante et badass, d'autant qu'elle sera, je pense, la divinité autour de laquelle se centrera la plus une partie de l'histoire :D

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