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14.12.18

"Comment je saurai si je vais encore tout foirer ? - Tu le sauras pas, c'est un saut dans le vide !"


Spider-Man : Into the Spider-Verse.

Film d'animation américain de Sony Pictures Animation réalisé par Peter Ramsey, Bob Persichetti et Rodney Rothman (2018) avec les voix originales de Shameik Moore, Jake Johnson, Hailee Steinfield, Nicolas Cage et Kimiko Glenn.
Genre : aventure, super-héros.

New York, de nos jours, Miles Morales est un lycéen latino-afroaméricain sans histoire, si ce n'est qu'il est scolarisé dans un internat huppé qu'il déteste. Maladroit et ridiculisé par son père, chef de la police, il peine à sociabiliser.
Au bout de quelques temps, Miles est mordu par une araignée radioactive. Peu après, il rencontre par hasard Spider-Man, le célèbre super-héros de la ville, et assiste à sa mort des mains d'un super-vilain.


Je vous préviens tout de suite, je ne vais RIEN dire pour éclairer la narration de ce film, parce que je vous RECOMMANDE de le regarder vous-même tellement il est réussi et adapté à n'importe quel public.
En outre, pour bien en parler, je vais devoir revenir sur Spider-Verse, en comics, dont j'ai parlé en partie dans cet article.
Spider-Verse est donc une saga narrant le combat des totems de l'araignée contre les Héritiers, des êtres surpuissants du multivers Marvel dont l'objectif est d'éliminer les super-héros arachnéens. Elle met en scène une véritable armée de Spider-héros centrée notamment sur Peter Parker et Otto Octavius (donc Spider-Man et Superior Spider-Man) de la réalité principale, la Terre-616, mais aussi plusieurs variations de Spider-Women et Girls (Gwen Stacy, Jessica Drew, Anya Corazon, May Parker II...).

D'ailleurs une infinité de Spideys ça veut aussi dire une infinité de costumes tous plus pétés les uns que les autres, ici avec Anya Corazon/Araña.

Bien qu'elle se déroule en plein milieu de certaines séries individuelles comme Superior Spider-Man, lesquelles visaient parfois à préparer leurs personnages à cette grande aventure, Spider-Verse bénéficie d'une grande cohérence dans son écriture et son édition. Elle a été précédée de plusieurs one-shots très courts intitulés Edge of the Spider-Verse (malheureusement souvent restés inédits en français), dont l'enjeu était d'introduire de nouveaux Spider-personnages. Dans la collection Marvel Noir (située dans les années 30 et dotée d'un côté polar très affirmé), entre X-Men Noir, Luke Cage Noir (!) et Wolverine Noir, on trouvait donc un Spider-Man Noir.
Au passage, à cette occasion a été créé une nouvelle variation féminine de Spider-Woman devenue INSTANTANÉMENT très, mais alors TRÈS populaire auprès des fans, si bien que sa série et elle ont aussitôt été rebaptisées Spider-Gwen.
Et donc existe aussi le Spider-Man de Miles Morales issu de la saga Ultimate Spider-Man de Terre-1610, qui précède de quatre ans celle de Spider-Verse.


Ce que j'ai trouvé génial avec ce film c'est qu'il est extrêmement équilibré dans son écriture. Malgré les nombreuses adaptations précédentes de Spider-Man, beaucoup de gens (notamment les enfants) ne connaissent pas forcément l'origin-story de Spidey, même si les fans peuvent se lasser de la revoir sans cesse (raison pour laquelle elle n'a pas été remise en scène dans le Spidey : Homecoming du MCU).
Du coup, le tout début est raconté par Peter Parker, directement à l'adresse du public et dans une séquence accélérée : "je vous la refais courte, j'ai été mordu par une araignée radioactive, j'ai eu des pouvoirs, j'ai combattu des méchants, sauvé le monde etc." et puis poum, transition Miles Morales.


Ce qui est intéressant également, parce que les autres personnages qu'on rencontre plus tard ne se connaissent pas entre eux (ils viennent de réalités parallèles), c'est qu'on a exactement la même séquence accélérée, soit en monologue pour le public (concernant les deux Peter Parker) soit pour les personnages entre eux, avec des variations graphiques en fonction du perso. Ça prend deux minutes, ça expose vite fait un personnage inconnu jusque là, et c'est parfois à mourir de rire.
D'ailleurs, c'est une des grandes forces de Spider-Verse : il est TRÈS drôle. Il met en scène, comme personnage principal, un apprenti Spider-Man sans aucune formation ni expérience : il ne maîtrise pas ses super-pouvoirs, il ne sait ni se battre ni voltiger, il n'a pas de lance-toiles (parce que oui, Spidey utilise des lance-toiles, il ne produit pas sa toile avec son corps), du coup il est très maladroit et enchaîne les bêtises ^^ Le constat est d'ailleurs d'autant plus drôle comparé aux autres Spideys présents dans le films, qui ont de l'expérience et du vécu.

On va pas se mentir, Peni Parker donne un côté animé japonais très drôle et bien intégré au reste à ce film.

Parlons-en, de ces autres personnages. Un autre truc cool avec ce film c'est que, puisqu'il s'adresse à la fois aux néophytes du Tisseur et aux fans de plus ou moins longue date (ma passion pour l'Araignée ne remonte pas très loin), de nombreux éléments à l'écran ont plusieurs niveaux de lecture. Si vous ne connaissez pas l'univers de Spidey, vous pouvez le découvrir et apprécier le film, si vous le connaissez, vous pouvez apprécier le film et adorer les clins d'œil.
Par exemple, les premières fois qu'on voit la jeune fille blonde, si on la connaît pas, c'est un personnage secondaire qui permet de mettre en lumière la maladresse de Miles et qui POURRAIT jouer un grand rôle. Si on la connaît, c'est un personnage principal dont on SAIT qu'elle va être importante, même si on ne sait pas encore comment.
Comment je peux dire ça ? Elle porte l'uniforme (jupe, chandail, chemise et cravate) de l'internat où étudie Miles Morales, mais avec des bas noirs et des ballerines vertes. À titre de rappel, le super-costume de Spider-Gwen, c'est ça :


Bref les personnages de ce film sont super bien écrits, notamment May Parker, la tante de Peter, à mi-chemin entre la vieille femme chiante et inutile de la trilogie Sam Raimi et la jeune femme cool du MCU : elle est âgée, mais parfaitement au courant de la super-carrière de feu son neveu, et garde donc la planque dans laquelle sont stockés son matériel et ses costumes... Et encore, la version Docteur Octopus du monde de Miles Morales est BIEN BIEN COOL aussi.
L'intrigue est intéressante, d'ailleurs, parce que toujours destinée à s'adresser au plus grand nombre sans être superficielle : la théorie quantique des mondes parallèles est devenue tellement connue qu'on la voit souvent dans les films et les séries. Ici, ce qui importe n'est plus son existence, mais  ce qu'il est possible d'en faire. Et je suis content de ce qui a été décidé, surtout dans un film d'animation, où l'on peut par définition échapper aux lois de la physique : le personnage du Caïd, très proche de celui des comics, est encore plus puissant et impressionnant que celui de la série Daredevil O_O


Pour ce qui est de son esthétique, j'ai été totalement pris au dépourvu par ce Spider-Verse, mais le résultat m'a enchanté. Résolument moderne, le film adopte une nouvelle technique d'animation qui mélange le trait crayonné de la 2D et les volumes dont a parlé Alice in Animation dans son excellente vidéo sur la 2D et la 3D ci-dessous (c'est à partir de 13'29).


Outre ce parti pris technique très intéressant - et très adapté aux mouvements énergiques des spider-combats, entre toiles, bonds et marche sur les murs et les plafonds - le film adopte un style rock psychédélique qui n'est pas sans rappeler l'univers de Spider-Gwen sur Terre-65. C'est plein de couleurs flashy, notamment en rapport avec le personnage de Miles Morales qui pratique l'art du graffiti avec son oncle, même si ça devient heureusement plus sobre dans certains lieux en intérieur comme le laboratoire d'Octopus ou l'internat de Miles.
Au passage, Miles Morales est un des Spider-Men qui a le costume le plus cool, et j'ai beaucoup aimé le fait que ce film mette en scène la genèse de cette tenue, en l'expliquant par la passion du personnage pour la peinture en bombe ^^


En plus, la bande-son comporte logiquement des morceaux énergiques, et le film gère VRAIMENT TRÈS BIEN le passage du temps dans des séquences transitoires en accéléré vraiment très bien (et donc, musicales). On trouve un peu de musique urbaine qui flirte avec le rock et parfois (notamment sur le générique de fin) le rap, c'est rythmé et ça accompagne aussi bien la narration que la défouraille. Même si j'ai déploré de ne pouvoir voir le film qu'en VF, je n'ai pas trouvé de défaut majeur à celle-ci une fois dans la salle, d'autant que l'adaptation des dialogues est très bonne, avec juste ce qu'il faut de moderne, proche du public sans forcer sur le jargon de la street, et également avec de l'espagnol, puisque Miles est latino-américain par sa mère (et afro par son père).

Camelia Jordana (jeune chanteuse, je crois), fait du bon boulot sur Spider-Gwen, avec un timbre grave et posé, l'autre Peter Parker n'est certes pas doublé par Donald Reignoux (LA VF officielle du Tisseur qui officie notamment sur les Amazing et le jeu de 2018) mais assure quand même le taf. Le rôle principal est aussi bien doublé, et surtout, pendant tout le film j'ai eu l'impression que c'était Patrick Poivey (VF de Bruce Willis) qui doublait Spider-Man Noir (et en fait pas du tout), avec beaucoup de talent. J'ai redouté le nom d'Olivier Giroud, footballeur, en star-talent bien pourri, mais en fait il double le Bouffon Vert qui dans cet univers est une sorte d'énorme gargouille monstrueuse, du coup il ne fait quasiment que grogner.
Ah, et puis même si la Spider-Girl japonaise du futur est une petite fille, elle est doublée par une adulte, mais là encore c'est très réussi, tout comme la voix de Peter Porker (vous avez bien lu, PETER PORKER, Spider-Cochon est dans ce film, puisqu'il était déjà le mentor de la jeune Spider-Gwen dans Edge of the Spider-Verse ^^).


En bref : ce film est tout bonnement génial. C'est une EXCELLENTE introduction à l'une des sagas les moins accessibles de Spider-Man, parce qu'écrite de manière à pouvoir s'adresser même aux profanes qui ne connaissent ni Spider-Verse ni l'univers du Tisseur. Il est pensé et réalisé avec beaucoup de justesse, et doté d'un parti pris graphique à la fois moderne et accessible. C'est vif, coloré, énergique, et souvent à mourir de rire. Vraiment un film pour tout le monde, et mon coup de cœur 2018 ! ♥

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