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25.7.15

Dans les tréfonds du Joker et de Batman


Killing joke.

Auteurs : Alan Moore pour le scénario et Brian Bolland au dessin et à la colorisation pour la dernière édition (John Higgins pour la couleur dans la version de 1988).
Origine : États-Unis.
Nombre de livres : 1.
Date de publication : mars 1988, 2009 pour la version actuelle.
Genre : comic, action, super-héros.

Gotham City, de nos jours. Le Joker s'est évadé de l'asile d'Arkham et a disparu sans laisser de trace. Il refait surface lorsqu'il attaque le commissaire Jim Gordon et sa fille chez eux, puis kidnappe le père. Bruce Wayne, le Batman obsédé par le clown mortel, se lance sur sa piste.


Bon alors ça, comme on dit, c'est ce qu'on appelle « un mythe fondateur » ^^
OK, je déconne, je connais pas assez l'univers de Batman et du Joker pour savoir à quel point ce volume est novateur mais, sorti en 1988, il est je crois le premier à donner un passé au Joker, qui jusque là était un bouffon dangereux, sadique et imprévisible sans motif précis.
Écrit par le brillant Alan Moore (Watchmen, V pour Vendetta, La ligue des Gentlemen Extraordinaires) dont le talent n'est plus à démontrer, Killing Joke est dessiné avec également beaucoup de talent par Brian Bolland, que je ne connaissais pas jusque là mais qui semble avoir rapidement arrêté le dessin après ce one-shot pour se concentrer sur les couvertures dédiées au Joker.


De fait, l'album est donc centré sur le personnage grimaçant, depuis son évasion jusqu'à son intrigue pour semer le chaos à Gotham en s'attaquant à l'un des grands ennemis du crime, le commissaire Gordon. On sent bien d'où Christopher Nolan a tiré son inspiration pour The Dark Knight. Killing Joke suit ce personnage sur une intrigue unique, qui est cependant entrecoupée de flashbacks mettant en lumière les origines de son dédain pour l'ordre, la raison et la société en général, en introduisant un nouveau personnage qui sera réutilisé par la suite, Red Hood (enfin plus une entité qu'un personnage) et en élucidant les origines du tueur fou.


Pour ceux (probablement majoritaires) qui connaissent Linksthesun et qui ont vu sa vidéo sur Batman et surtout le Top20 sur les méchants, ils savent déjà ce que Links a dit fort justement, à savoir qu'à l'origine, un comique raté au chômage et marié à une femme enceinte a participé à un cambriolage industriel pour sortir son ménage de la misère mais a perdu son épouse, puis est tombé dans un bassin de produits toxiques qui ont rendu sa peau livide, ses cheveux verts, ses lèvres injectées de sang, et la suite vous la connaissez ^^

Quand un anonyme devint Red Hood, qui devint le Joker.

Killing Joke a donc des dehors très simples mais entretient, comme bien souvent, le rapport complexe de Batman et du Joker, le premier se demandant à plusieurs reprises quelle est la nature de ce rapport et comment on peut arriver à se détester à ce point sans rien savoir l'un de l'autre.
La folie, thème également important de cet album et de cette relation, poussant le Joker a entraîner Gordon avec lui, lui fait également énoncer une saillie absolument géniale et extrêmement sensée : le super-vilain, pourchassé par Batman et narguant celui-ci, dit « qu'il suffit d'une mauvaise journée pour rendre marteau le plus équilibré des hommes, tu connais ça toi, j'en suis sûr, une mauvaise journée et ta vie a changé » ^^


Cela étant, l'œuvre n'est pas exempte de violence parfois débridée de la part de celui qu'on pourrait croire n'être qu'un comique un peu malsain. C'est dans Killing Joke que Barbara Gordon, fille du commissaire et première Batgirl du nom, devient paraplégique après avoir pris une balle dans le ventre qui a démoli sa colonne vertébrale, tirée par le Joker lui-même, juste avant que celui-ci ne compare la jeune femme à un vieux livre d'occasion (elle est bibliothécaire) avec un trou dans la jaquette et le dos abîmé. « Je ne la vois pas caracoler en tête des ventes dans son état. Ni où que ce soit d'ailleurs. » Cruauté, quand tu nous tiens ^^
A la suite de quoi le chef de la police déshabillé et menotté est torturé psychologiquement par des photos dénudées de sa fille, dans un train fantôme au milieu d'une foire aux manèges en ruines, avant que Batman ne vienne l'y chercher.

Les transitions et le jeu des échos entre les deux temporalités, celle du présent et celle de l'homme que fut le Joker, mais également entre les scènes de ce dernier et celles de Batman, sont visuellement marquées par des plans identiques, des postures et des ambiance qui se reflètent, c'est rapide et simple à réaliser autant qu'à saisir pour le lecteur.
De plus, les flashbacks sont en noir et blanc (enfin en sépia plutôt) à l'exception d'un ou deux éléments à chaque fois, dont l'orange pratiquement éclatant a quelque chose de saisissant et de limite agressif, c'est assez sympa à regarder :)



En bref : avec sa narration simple mais ses révélations ou innovations à la fois audacieuses et intéressantes, Killing Joke et ses 46 pages de folie latente est une histoire rapide et efficace que l'on prend plaisir à découvrir. Elle sonde la psyché d'un personnage majeur de l'univers de Batman tout en soulignant leur rapport complexe, le tout avec des dessins et des couleurs d'une grande qualité : à lire sans hésiter même si on est pas fan du genre, ça vaut le coup d'œil.

La fameuse petite tirade sur "c'est une blague, tout n'est qu'une vaste blague, alors pourquoi tu rigoles pas ?"

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