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20.7.25

La série froide la plus chaleureuse que tu puisses découvrir ! ♥


North of North.

Créatrices : Stacey Aglok MacDonald et Alethea Arnaquq-Baril.
Origine : Canada.
Date de diffusion : à partir de janvier 2025 sur les chaînes canadiennes CBC et APTN et sur Netflix.
Nombre de saisons : 1 de 8 épisodes.
Genre : comédie.
Vue en VOST.


Interprètes principaux :

Anna Lambe : Siaja, jeune mère inuit de 26 ans.
Mary Lynn Rajskub : Helen, gestionnaire de la ville.
Maika Harper : Neevee, la mère célibataire de Siaja.
Jay Ryan : Alistair, prospecteur pour une entreprise environnementale.
Braeden Clarke : Kuuk, le jeune assistant et ami d'Alistair.
Kelly William : Ting, le mari de Siaja et golden boy de la ville.


Siaja, jeune femme inuite vivant dans la petite ville d'Ice Cove, dans le territoire du Nunavut, est lassée de sa vie de mère au foyer et d'épouse aimante. Cherchant à accomplir quelque chose pour elle-même, elle veut travailler pour le centre communautaire d'Ice Cove où elle est déjà volontaire bénévole. Problème : son mari Ting, charmant et populaire pilote, refuse d'accorder à Siaja cette indépendance, qui est également moquée avec dérision par Neevee, la propre mère de celle-ci.

Alors, vous allez rire, j'me souviens pas comment j'ai découvert cette série x) Le plus probable, en fait, c'est qu'après avoir apprécié la présence d'un acteur natif-américain dans l'affligeante série Avatar the last Airbender version Netflix (Meegwun Fairbrother, qui joue l'Avatar Kuruk) ainsi que sa participation à la série Burden of Truth, j'ai dû tomber sur une autre série canadienne évoquant la question des Natifs-Américains au Canada. Franchement c'est la seule explication que je trouve.
Et on s'en fout, c'est un détail.
Le plus important c'est que North of North, "Chronique Arctique" en français et on va immédiatement et définitivement oublier ce titre de merde, est une série absolument adorable et que vous devez la regarder. En VOST tant qu'à faire.

Bref, je connaissais absolument rien de cette série et de ses interprètes avant de la voir, c'est toujours pas le cas d'ailleurs concernant ces derniers, mais j'ai instantanément trouvé rafraîchissant, sans mauvais jeu de mot, son cadre spatial. Dès le début du premier épisode, Siaja (ça se prononce "si-a-ya", au fait) balance le ton léger et un peu sarcastique de la série, "quand les gens me demandent d'où je suis, je leur dis de penser à l'endroit le plus au nord qu'ils peuvent imaginer. Puis allez encore plus loin, encore, encore... voilà, c'est chez moi" juste avant d'être coupée par son mari Ting qui lui rétorque que sur Internet tout le monde se fiche de sa vie.


De fait, malgré l'inclusion de sujets et d'un ton plus dramatiques — je vais y revenir — North of North est indéniablement une comédie. Ce qui est très appréciable et drôle, je trouve, c'est justement que le côté léger et humoristique de la série permet d'aborder et de compenser les propos les plus sombres du show.
En fait, j'ai même une comparaison parfaitement claire qui s'adapte bien à cette situation.
Dans sa vidéo sur Spy X Family, le Tropeur explique que cet animé japonais très politisé fait reposer son humour sur les clichés des récits d'espionnage et le fait qu'ils soient transposés dans un autre cliché : "la femme, le gosse, le chien."

Bah North of North c'est pareil. C'est complètement une sitcom, mais transposée dans une petite ville inuit au milieu de l'Arctique. J'veux dire, si l'histoire se déroulait à genre, New York, Seattle ou Chicago, plutôt que dans un village fictif en plein territoire inuit, ça marcherait tout pareil, la série coche les cases habituelles. La jeune mère et épouse pas épanouie dans son mariage ? Check. Le mari qui réussit professionnellement et socialement et pige pas que sa chérie n'en soit pas satisfaite ? Check. La mère blasée qui n'aide pas vraiment ? Check. La meilleure amie lesbienne et sarcastique ? Check. L'ami gay, timide et maladroit ? Check, en plus il est maori.


D'ailleurs parlons-en : sans surprise, la série est inattaquable du point de vue des représentations, et ça participe, je trouve, à son intérêt. Ça parle régulièrement en inuktitut, la langue inuite locale, la série a été encensée par les communautés inuites pour sa représentation respectueuse de leur culture — en même temps les deux showrunneuses sont toutes les deux inuites — et littéralement chaque personnage inuit est interprété par un acteur ou une actrice inuit·e, à l'exception de Kuuk, dont l'interprète Braeden Clarke est originaire de la Première Nation Mikisew Cree — ce qui est raccord avec son personnage, présenté comme étranger à Ice Cove, donc pas inuit — et de Ting (j'ai trouvé que son interprète, Kelly William, était d'origine Native-Américaine, sans précision).
Et puis y'a les Blancs.
Et j'vous jure que c'est hilarant, bon déjà les rapports entre Neevee et Alistair sont géniaux, ce dernier est un personnage très sympa à suivre, à un moment y'a un Québécois qui est allègrement tourné en dérision par le récit, et surtout Helen, qui dirige la communauté d'Ice Cove, est absolument PARFAITE dans son rôle de patronne control freak égocentrée — elle accapare tous les échecs et les succès de Siaja et va même jusqu'à dire que celle-ci est sa plus grande réussite alors qu'elle-même n'a rien fait, c'est Siaja qui fait tout xD — qui oublie à l'occasion qu'elle est Blanche ^^
Oh, et mention spéciale à un tout petit rôle de l'actrice canadienne Taylor Hickson (que j'adore et ai beaucoup aimée dans Motherland Fort Salem), qui joue une ambassadrice de grandes marques.... punaise, son rôle est tellement Blanc et white savior, c'est à mourir de rire xD


Très franchement, la présence récurrente mais heureusement pas omniprésente de cet humour est vraiment salutaire, parce que derrière ses dehors de sitcoms, North of North saisit la chance de son cadre inuit pour aborder des thématiques très contemporaines et très dramatiques.
Bon déjà, le statut difficile d'une mère célibataire — Neevee — qui a dû élever seule Siaja, c'est d'autant plus compliqué à aborder que son ancien alcoolisme et le fait qu'elle soit bien meilleure grand-mère pour la petite Bun qu'elle n'a été maman pour Siaja, c'est pas gratuit, ça sort pas de nulle part.
D'une part, y'a drame personnel autour du personnage que je vous spoilerai pas, et puis surtout : la série confronte directement les traumatismes toujours existants et les séquelles du système des écoles résidentielles, un dispositif d'internat spécifiquement tourné vers les enfants inuits de la fin du 19ème siècle à 1997, conçu pour les isoler de leur famille, effacer leur culture native et les convertir à la culture occidentale — ça vous surprend si je vous dis que les écoles en question étaient confiées à la gestion de l'Église chrétienne ? Toujours dans les mauvais coups s'agissant des violences envers enfants, ces connards de papistes.
Bref, les écoles résidentielles ont subi une enquête de 2008 à 2015 menée par une commission fédérale pour la vérité et la réconciliation à l'issue de laquelle elles ont été qualifiées de génocide culturel, appellation admise par le Pape en 2022 et appelée à reconnaissance officielle par la Chambre des Communs du Canada la même année, mais c'est comme les violences pédocriminelles de Bétharram, c'est si récent qu'il y a encore des gens vivants qui l'ont subi et en parlent encore.

Ahlala, Neevee, Alistair, et toute cette tension refoulée... c'est un peu cliché et prévisible, mais c'est hilarant et même profond.

De manière générale, grâce au personnel dirigeant ou incarnant cette série, et parce qu'elle a été tournée à Iqaluit, capitale du territoire du Nunavut, North of North bénéficie d'une représentation très respectueuse de la vie quotidienne des populations inuites.
J'ai fait quelques recherches et c'est assez étonnant, quoique peut-être compréhensible vu le milieu environnant, de faire certaines découvertes. Bon, le fait qu'on ne puisse aller là-haut qu'en avion, pas par route ni par bateau, ok, et la plupart des gens se déplacent en pick-up ou en motoneige en l'absence de transports publics urbains, d'accord. Mais il n'y a dans la ville d'Iqaluit aucun système de recyclage, les déchets sont largués dans une décharge à ciel ouvert — ce qui est utilisé dans un épisode de la série — et le système de traitement des eaux usées n'est guère utilisé puisqu'elles sont plutôt larguées dans la baie voisine.

Cela dit, il y a quelque chose dans l'ambiance, l'écriture et la direction de la série qu'on ne trouve évidemment pas ailleurs, les costumes, les décors, l'état d'esprit des personnages aussi, centrés sur la communauté plutôt que l'individu, tout fait immanquablement inuit, et pas selon les clichés des gens qui vivent dans des igloos et chassent le phoque (même si cette série est vachement carniste xD). Y'a même à l'occasion un côté un peu mystique — Siaja a parfois des visions de Nuliajuk, déesse inuite des océans — qui ne détonne pas dans l'ambiance, après tout c'est une série sur la recherche de son identité et de sa place dans le monde, et c'est notamment illustré par une chanson absolument magnifique que j'ai adoré dès la première écoute.
D'ailleurs, tant qu'on parle musique et représentation, le premier épisode commence pratiquement par une chanson de Dua Lipa (Levitating)... en inuktitut. Ouais. La direction artistique de la série est résolument contemporaine et c'est absolument génial, j'vous ai dit, c'est une sitcom sur une femme moderne, mais elle est inuite quoi ^^


En bref : c'est une série inuite, faite par des showrunneuses inuites avec un casting majoritairement inuit. Rien que ça c'est une excellente raison de la regarder, par pure curiosité. En plus la première saison est plutôt courte et accessible sur Netflix, et puis North of North est une comédie familiale et dramatique très drôle, touchante et bien écrite, qu'on pourrait imaginer sans difficulté dans un cadre urbain états-unien par exemple, mais elle a ce petit quelque chose natif-américain qui la rend unique et géniale. J'vais pas vous mentir, non seulement je la recommande, mais en plus je l'ai ajoutée à mes séries courtes préférées avec Wonderfalls, Pushing Daisies et Forever

Elle a l'air de rien comme ça, Elisapee la vieille bougonne, mais elle a un des rôles les plus importants de la série. Y'a une scène vers la fin de la saison, c'est littéralement le moment où tu en prends plein la tronche et plein les feels. Rapporté aux thèmes les plus dramatiques de la série, c'est le personnage le plus significatif.

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