Barre-menu

4.5.15

Cobblepot, le crime et les femmes.


La splendeur du Pingouin.

Auteurs : Gregg Hurwitz et Jason Aaron pour l'écriture, Szymon Kudranski et Jason Pearson pour le dessin.
Origine : États-Unis.
Nombre de livres : 1.
Date de publication : 2011-2012 pour la publication originale, 2008 pour Joker's Asylum : Penguin et 2013 pour la présente édition en français.
Genre : comic, super-héros.

Gotham City, de nos jours. Des vols à l'arraché de plus en plus audacieux ont lieu sur les personnes de riches célébrités : des bijoux rarissimes et précieux sont dérobés avec une grande violence sans que quiconque ne parvienne à suivre la trace des agresseurs.
Oswald Cobblepot, dit le Pinguoin, qui a commandité ces attaques, gère dans l'ombre son empire du crime et de la manipulation, sans savoir que Batman lui-même est sur sa piste.

Première fois que je lis et que j'article un comic, waw x)
Je t'explique, internet, tu comprendras pas sans la mise en contexte. En fait je me cultive autant que possible grâce à la proximité de la bibliothèque municipale de Lille (site de Wazemmes : moins de dix minutes de chez moi), et après ma présence à un de ses événements, un des bibliothécaires en avait déduit (à raison) que j'aimais les bandes dessinées et surtout les comics. Je lui explique que je préfère les one-shots parce que j'ai pas envie de m'attaquer à l'énorme et formidable immensité des multivers Marvel et DC, donc il me conseille quelques titres (et j'ai enfin pu lire V pour Vendetta ♥). Quelques jours après, je cherchais des trucs à lire, il vient à moi en me tendant cet album avec quelques mots surprenants. « On vient juste de le mettre à l'équipement, il est tout juste prêt, je l'ai gardé pour vous. » Ah ouais. Merci XD


  Ça commence comme ça. GROSSE ambiance chez les Cobblepot. Il a dû être aimé, Oswald (non mais il l'a été. Juste par sa mère.)

Effectivement, La splendeur du Pingouin est donc un one-shot dans la longue histoire de Batman et de l'un de ses plus vieux ennemis. Introduit par un texte qui résume son passé et son parcours depuis 1941, l'album rappelle que le Pingouin est là pour la classe, le raffinement, Catwoman, le Joker, Hugo Strange ou encore l’Épouvantail, créés avant lui, apportant eux le charme, la folie et un danger plus immédiat. Bon, l'ouvrage est une compilation de comics qui étaient à l'origine publiés séparément pour constituer une histoire unique, et aussi d'une intrigue beaucoup plus courte narrée par le Joker depuis Arkham et centrée sur le Pingouin, donc en fait on a deux histoires en une, mais je vais surtout parler de la principale.
De fait, Oswald Cobblepot est présenté durant ce prologue écrit comme un homme de l'ombre, plus à même de pratiquer le chantage, la manipulation et de concentrer les informations que de cogner sur Bruce Wayne.

L'Iceberg, le club flottant du Pingouin. Ça doit pas être l'éclate dedans.

Cet album centré sur lui uniquement – on voit Batman plus ou moins longtemps à quelques reprises seulement et jamais en entier, de face ou en pleine lumière – le montre donc dans la vie de tous les jours, entre l'Iceberg, son club flottant dans la baie de Gotham, qui représente la face légale et honorable de son business, et les nombreuses victimes qu'il fait dans l'ombre. Plus que tout, l'œuvre trouve l'originalité en éclairant d'un jour nouveau Cobblepot et son rapport aux femmes. Bien sûr, il est question principalement de l'image qu'il donne, de son obsession à l'idée de terrifier et de sa vengeance impitoyable lorsqu'on lui fait le moindre tort, mais l'intrigue plonge également le Pingouin dans une histoire d'amour belle et triste qui a en outre le mérite de ne pas forcément impacter le reste de l'univers DC puisqu'elle se termine en impasse. [spoiler La femme du Pingouin, bien que très heureuse avec lui et satisfaite de la seule présence de son mari, subit les conséquences des crimes de celui-ci, se retrouvant seule et sans défense lorsqu'il finit en prison. fin du spoiler]


Il mâche du chewing-gum pendant qu'il s'occupe de la mère d'Oswald. Tout c'qu'il faut pas faire XD

De manière générale, cela dit, on est quand même dans l'univers d'un agent de l'ombre, d'un receleur et d'un voleur doublé d'un petit gars formé par l'isolement et le mépris de ses semblables, et du coup le comic est très sombre. Oswald Cobblepott est un revanchard de la pire espèce, mais d'une manière froide et détachée, en particulier lorsqu'il déchaîne des cataclysmes autour des gens qui lui ont fait du tort ou se sont moqués de lui.
Et personnellement j'ai adoré ce calme olympien, quand le Pingouin annonce froidement des trucs du genre « je suis triste pour vous, y'a eu une fuite de gaz dans votre immeuble, votre voisin est mort dans un incendie. Ah, et on a trouvé un gros tas de drogue dans votre voiture, elle a été broyée et des flics vous attendent sur votre lieu de travail. Par chance, votre femme n'a pas assisté à ça, elle a eu un accident de voiture y'a... trente secondes. C'est triste que votre fils ait vu ça, mais heureusement les psys font des miracles de nos jours... »


Donc en fait il lui annonce comment il a dévasté sa vie, puis il part en le laissant là, par terre, avec un "passez un bon week-end." Lol.

Ce type est d'une cruauté insoutenable et il fait tout ça pour amour par sa mère, pour sa femme ou par vengeance, j'ai encore du mal après deux lectures à définir si c'est touchant ou terrifiant ^^ De fait, l'ensemble de l'album est dominé par le noir et les couleurs sombres. Je crois pas qu'un seul plan ait lieu en pleine journée, tout se passe en intérieur ou la nuit, donc la lumière est rare et savamment diffusée pour entretenir l'ambiance générale. Le graphisme est d'ailleurs très contemporain, rien à voir avec la bande dessinée ou le comic traditionnel, on est plus dans un roman graphique, le livre ayant d'ailleurs une couverture rigide qui en fait un bel objet qu'on prendrait plaisir à ranger dans sa bibliothèque (je pense que j'aurais aucun mal à l'acheter si j'étais fan de comics).
Beaucoup de plans rapprochés et de gros plans, des flashbacks, des onomatopées saupoudrées çà et là et à quelques occasions de l'action vraiment sanglante, La splendeur du Pingouin est d'une grande diversité tout en demeurant cohérent. Très agréable à lire quand on connaît vaguement l'histoire du Pingouin (qui n'est pas la même que celle du film de Tim Burton) ou celle de Batman même sans être friand du genre.

 
Ouais, donc en fait, elle est aveugle, ce qui ne la rend que plus sensible au charme raffiné et délicat du Pingouin. Et incapable de détecter la cruelle monstruosité sous-jacente XD

Bien au contraire, la petite pièce du Joker livrée à la fin de l'album est totalement différente. Bon, il est toujours question du Pingouin et du rapport de celui-ci aux femmes mais l'auteur et le dessinateur sont différents (ce qui nous amène à quatre personnes derrière cette petite merveille), dans un style graphique très proche de la bande dessinée ou du comic des premières heures, avec des couleurs vives, un trait simple et des visages caricaturaux, notamment le visage du pingouin, rond et grotesque, ce qui renforce d'autant plus l'humour davantage présent dans cette petite histoire que dans Penguin : Pain and Prejudice (le nom des 5 chapitres précédents publiés séparément entre 2011 et 2012 et compilés dans La splendeur du Pingouin).

En bref : qu'il s'agisse de l'histoire principale, Penguin : Pride and Prejudice, découpée en 5 chapitres rassemblés pour cet album ou de Joker's Asylum : the Penguin, La splendeur du Pingouin nous offre deux intrigues originales à la fois intéressantes et équilibrées centrées, une fois n'est pas coutume, sur le personnage d'Oswald Cobblepot. Très sombre pour l'une et d'une clarté qui confirme le style carnaval horrifique du Joker pour l'autre, ces deux œuvres sont faciles d'accès même pour les profanes du monde des comics, alors n'hésitez pas si vous êtes intéressé-e-s ;)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire