Créatrice : Brad Simpson.
Origine : Canada.
Date de diffusion : entre janvier 2018 et mars 2021 sur CBS au Canada et à partir de mars 2021 sur 6play via Téva en France.
Nombre de saisons : 4 (soit 34 épisodes).
Genre : judiciaire, drame.
Vue en VQ.
Interprètes principaux :
Kristin Kreuk : Joanna Hanley, puis Joanna Chang, avocate de Winnipeg.
Peter Mooney : Billy Crawford, avocat de Millwood.
Star Slade : Luna Spence, lycéenne à Millwood.
Meegwun Fairbrother : Owen Beckie, policier à Millwood.
Anwen O'Driscoll : Taylor Matheson, lycéenne à Millwood.
Nicola Correia-Damude : Diane Evans, conseillère d'éducation au lycée de Millwood.
Paul Braunstein : Sam Mercer, chef de la police de Millwood.
Winnipeg, Canada, de nos jours. Joanna Hanley est une avocate dure et impitoyable au sein d'un grand cabinet spécialisé dans le droit des entreprises codirigé par son père David Hanley.
Chargée de défendre une grande entreprise pharmaceutique, Joanna est envoyée dans la petite ville de Millwood pour confronter des jeunes filles souffrant d'une maladie inconnue. Problème : Joanna a passé les premières années de sa vie à Millwood et a quitté la ville avec son père, sans explication, durant l'adolescence. Elle y retrouve tous les fantômes de son passé.
ALORS.
Burden of Truth, vous l'avez lu là-haut, est une série canadienne, comme deux autres de mes séries préférées (dont j'ai précédemment parlé ici, la vie est super bien faite), Travelers et North of North. D'ailleurs je vais évoquer plusieurs fois cette dernière, sans doute, parce que les deux partagent des similitudes à la fois dans leur production et dans ma connaissance de ces séries.
Burden of Truth est une série presque inédite en France, où elle n'est sortie que sur une plateforme de VOD sous le titre français "Seule contre tous" et en version québécoise. Le titre, vous pouvez l'oublier tout de suite, je vais jamais en reparler, à aucun moment dans la série Joanna Hanley-Chang n'est jamais seule, c'est un titre de merde. Et le doublage est très bien, jamais un seul accent, quelques formulations très Belle-Province genre "on avait une entente" ou "ils sont en connivence", mais sinon comme doublage français ça fait très bien le taf, c'est pas québécois de la rue.
Et croyez-moi, en québécois de la rue, je m'y connais, je joue en ce moment à un jeu indépendant canadien qui se déroule à Montréal, pour le choix de la langue c'était anglais ou français québécois et on va pas s'mentir, je pige pas la moitié des textes mais je ris beaucoup.
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| Meegwun Fairbrother, pas dans son meilleur rôle. |
En fait, comme je l'ai dit dans mon article sur North of North, c'est la présence au casting de Meegwun Fairbrother, qui joue l'Avatar Kuruk dans l'affligeante Avatar the last Airbender version Netflix, qui m'a donné envie de voir Burden of Turth, sauf que par rapport à la série inuite, j'ai découvert celle-ci avant et l'ai regardée après ! ^^
D'ailleurs, faudra que je regarde davantage de séries canadiennes à l'avenir, d'abord parce que j'adore ça, ensuite parce que là ça fait quand même trois séries différentes avec une DA et une écriture nouvelle à chaque fois, qui n'hésitent pas à mettre les pieds dans le plat sans la moindre retenue.
Burden of Truth c'est une série judiciaire contemporaine, chacune des quatre saisons est centrée sur une affaire ou un dossier, avec systématiquement deux intrigues autonomes qui finissent par se rejoindre, et les enjeux sont tragiquement actuels. Par exemple, dans la saison 2 il est question de collecte des données personnelles par les entreprises du numérique. Mais surtout, c'est le cadre spatio-temporel de la série qui lui donne son écriture et son propos aussi percutants.
Millwood, c'est une ville fictive, plutôt petite et reculée située dans le Manitoba, une province à forte minorité Native, et on est complètement face à un exemple de ville moyenne post-industrielle sinistrée. Les problèmes économiques de Millwood sont régulièrement évoqués, il est question dans la saison 1 d'une aciérie et dans la 4 d'une mine (spoiler : elles jouent un rôle dans le récit) bref, c'est la misère, et entre les institutions locales contrôlées par les Blancs voire pilotées depuis Winnipeg, capitale du Manitoba, et les enjeux de la mondialisation, la série adopte vite un point de vue assez cynique et fataliste.
Alors certes, certains personnages sont optimistes ou font preuve de résilience face aux aléas (tu sais, la résilience, ce truc merdique et toxique à la mode depuis quelques années qui dit que peu importe ce que tu prends dans la tronche, il suffit de se rouler en boule, d'encaisser comme un putain de tatou et de récupérer après coup), même le dénouement de la série est ouvert et satisfaisant, mais l'idée générale de Burden of Truth c'est que le système est injuste, puissant, énorme, difficile à bouger ou à fissurer. Oubliez les avocats glorieux et les antagonistes en PLS façon Ace Attorney, dans la réalité de cette série si tu fais condamner les entreprises multinationales à des dommages et intérêts c'est déjà une victoire dont tu peux te contenter.
Les entreprises ou les institutions canadiennes hein. Non parce que t'as littéralement une saison entière, la troisième, qui confronte droit dans les yeux le racisme institutionnel et oppressif envers la population Native canadienne, ça déconne zéro, et très souvent dans cette série, les clients représentés sont des individus isolés contre d'énormes machines, d'où la difficulté des combats.
Je rappelle quand même que le point de départ de Burden of Truth c'est une avocate froide et impitoyable qui retourne dans la ville de son enfance pour représenter une entreprise pharmaceutique contre des adolescentes malades.
Partant de là, tout ce que vous pouvez imaginer en termes de violences systémiques sera en-dessous de ce que raconte la série.
Dans cet ordre d'idées, j'aime énormément l'interprétation de la série, et principalement ses rôles féminins, puisque ce sont les plus nombreux (j'vais parler des mecs aussi, tkt). Déjà, j'ai été choqué, parce que Kristin Kreuk, je l'ai vue que dans trois œuvres, et les deux dernières c'était la gentille Lana Lang la copine du jeune Clark Kent dans Smallville, y'a très longtemps, et y'a encore plus longtemps dans un rôle secondaire d'Edgemont, une série adolescente lycéenne canadienne (ouais ce genre de chose existe).
Alors, là, Joanna Hanley-Chang... bon déjà si on vous dit "Kristin Kreuk" et "avocate froide et impitoyable" déjà y'a un truc qui tilte pas, c'est comme quand Karim Debbache nous parlait du film Max Payne dans lequel se trouve "Mona Sax, une tueuse froide et violente interprétée par Mila Kunis."
Y'a des limites aux lois de l'univers. Et bah faut croire que non, parce que déjà ça marche très bien sur toute la série, comme femme Joanna Chang est raisonnablement fréquentable mais comme avocate ou patronne elle se montre franchement désagréable xD
Cette série est géniale, elle m'a montré à la fois certains personnages parmi mes préférés de toute la pop culture, et certains parmi ceux que je hais le plus. Le père de Joanna, David Hanley, est, je pèse mes mots, un monstre. Très concrètement un monstre. À un moment les mots "psychopathe" et "héréditaire" sont prononcés dans la même phrase par Joanna, et à propos d'elle-même.
C'est d'ailleurs un des points forts et une petite déception que j'ai par rapport à la série, sur la saison 4 en particulier. Quand on découvre Joanna au début elle est la digne fille de son père, avocate qui ne recule devant aucune bassesse pour gagner un procès, et faut pas croire que Burden of Truth ressemble à Ally McBeal. Le plus souvent ça va même pas jusqu'au procès parce que ça se règle avant par des décisions de justice, des accords négociés ou une partie qui craque et finit par céder.
Tout au long de la série, alors que Joanna apprend à devenir un vrai être humain avec un cœur et des émotions — Kristin Kreuk joue d'ailleurs très bien cette tension entre une femme qui fait des erreurs, essaie d'avoir de l'empathie (et échoue, rien que la voir tenter une conversation superficielle avec ses employés, c'est hilarant) mais maintient un haut niveau d'exigence professionnelle — on voit régulièrement les avocat·e·s fouiller le passé de leurs adversaires pour trouver des moyens de salir leur réputation, le moindre écart moral ou légal est un levier potentiel, ça tape régulièrement sous la ceinture. Et quand Burden of Truth pourrait justement saisir cette excuse — l'autorité du père, qui est franchement un monstre — pour disculper Joanna de son attitude passée, elle ne le fait pas, ou pas assez.
Mais bon, j'vous ai dit, Kristin Kreuk assure, elle est souvent touchante, parfois drôle et j'vous jure à un moment dans la saison 4 elle pète un câble et fait franchement peur.
Luna Spence (à gauche) accompagnée de sa copine (à droite) et... vous savez quoi je vais pas vous spoiler mais la saison 4 est pleine de bails bien sombres, des fois que la 3 vous ait pas déjà achevé·e. Les violences systémiques ça déconne zéro dans cette série.
Aux côtés de l'actrice principale, plein de gens que je connaissais pas et qui sont assez intéressants malgré quelques archétypes. Le truc qui me plaît dans Burden of Truth c'est qu'une partie du casting de la saison 1, ce sont des personnages qui vont continuer à graviter autour de Millwood, et donc de Joanna et Billy Crawford (l'autre avocat important de la série) pendant les trois saisons suivantes.
Luna Spence par exemple, jeune femme d'origine Native, bon on va pas y aller par quatre chemins c'est le féminisme. Le féminisme en apprentissage, qui se cherche, qui bute contre des obstacles puissants, qui cherche des solutions pour changer le système, et c'est aussi passionnant qu'adorable, et en plus c'est mâtiné de déracinement familial et de culture Native, je suis complètement fan.
Dans le même genre, Taylor Matheson, une des jeunes filles malades dans la saison 1, qui fait un comeback bien vénère dans la 2, sûrement un de mes personnages préférés de la série, un parcours similaire à Luna, avec des drames complètement différents et tout aussi accrocheurs, une des meilleures évolutions de persos que j'aie vus dans une série depuis longtemps. Taylor c'est aussi le féminisme en fait, sauf que lui il a aucun problème de confiance ou de fragilité émotionnelle, son moteur c'est la fureur. Miam miam.
"Allez Owen, tu m'laisses leur péter la gueule, un tout ptit peu, de toute façon t'es dans la police, t'auras qu'à enterrer le dossier ! Steuplé, j'les démonte et on en parle plus !"
...j'exagère à peine. Taylor Matheson au bout d'un moment elle arrête de déconner.
...j'exagère à peine. Taylor Matheson au bout d'un moment elle arrête de déconner.
Du côté des mecs étrangement c'est vachement plus apaisé, c'est bien, c'est original. Deux noms sortent du lot, Billy Crawford — l'avocat, pas le chanteur — et Owen Beckbie.
Le premier est très bien en alter-ego de Joanna parce que contrairement à elle, il n'est pas un bourgeois de Winnipeg et pour le tissu social de Millwood, ça compte beaucoup d'avoir un interlocuteur judiciaire local. Et puis surtout il a ses propres drames à gérer sur toute la série, l'acteur Peter Mooney joue très bien son rôle, vachement plus sympa que Joanna, avec un humour un peu sec et sarcastique, un côté terre-à-terre et un sens pratique affirmé, c'est clairement le working class hero du duo d'avocats.
Je précise "du duo d'avocats" parce que le vrai working class hero c'est le plus grand, le plus fort, le plus beau, Owen Beckbie. Joué par Meegwun Fairbrother — ça va choquer personne si je dis qu'il est Natif — il est dans la police de Millwood, c'est l'archétype du flic qui veut protéger et servir malgré les difficultés et la corruption (à Gotham City on l'appellerait Jim Gordon), sauf que lui en plus il est Natif. Je sais j'le répète mais parce que c'est important à la fois dans son évolution personnelle et dans son rôle au sein de la communauté — je rappelle, Manitoba, forte population Native, racisme systémique... — du début à la fin de la série, et souvent de manière à soutenir les personnages racisés ou précarisés (ou les deux) vers plus de courage et d'espoir. La grande lumière de Burden of Truth avec Luna Spence, vraiment.
Nan et puis pardon mais, ces yeux quoi, c'est pas possible là ! 😍
Bref, cette série est pas trop longue et vous l'aurez compris, son récit à la fois très contemporain et bien porté par un casting très compétent permet l'émergence de thèmes assez graves — les violences systémiques, le racisme, la corruption des institutions, le féminisme, l'identité Native au Canada... — dont le traitement est à la fois efficace et nécessaire dans la pop culture.
En plus, la direction artistique est très propre, bien adaptée au propos. Les scènes de Winnipeg sont pas les plus nombreuses mais conservent une certaine identité, on voit qu'on est dans une grande ville mais pas dans une mégalopole étazunienne, et la ville fictive de Millwood est absolument parfaite, un peu sinistrée, pas très densément bâtie, avec de grandes forêts pas loin, sans doute des communautés Natives intégrées... De fait, la série a été tournée à Winnipeg et à Selkirk, petite ville de 10 000 habitants située un peu plus au nord, et le récit pourrait franchement se dérouler à Selkirk tellement les décors correspondent, jusqu'au pont qu'on voit régulièrement au fil des saisons.
Pour les intérieurs c'est pareil, un bar, un cabinet d'avocats, un lycée, un commissariat de police, la mairie et le tribunal, y'a un mélange de banlieue résidentielle américaine et d'architectures diverses, du néoclassique au moderne en verre et métal (surtout pour les scènes de cabinets d'avocats à Winnipeg), m'est avis que les villes canadiennes doivent pas être très différentes de leurs voisines du sud.
En plus c'est marrant mais j'aimais déjà beaucoup le fait que la série Travelers se dote à l'occasion d'une réalisation de cinéma, avec des plans longs, larges, un peu contemplatifs, bah Burden of Truth se permet aussi très souvent ce genre de petite dinguerie artistique et dans une série télé ça fait toujours plaisir, je trouve !
Billy Crawford et son frère, pendant la saison 3. Parce que Billy son truc pour se détendre et réfléchir pendant une affaire ou avant un procès, c'est la pêche derrière sa maison (qui ressemble franchement à un chalet).
En bref : Burden of Truth est une série vraiment intéressante et originale. Abordant la question des Natifs-Américains de façon moins frontale que North of North, qui est carrément une série inuite, elle s'attaque plutôt au problème des violences systémiques et institutionnelles au Canada, dénonce l'impunité des grosses entreprises et raconte des histoires touchantes, dramatiques et pleines d'espoir, le tout avec un casting impeccable. Je vous recommande vraiment cette série, et moi faut que je continue à regarder des productions canadiennes !
Je pense vraiment que vous avez besoin de voir cette image.





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