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24.12.25

De l'eau, du feu, du vent, des forêts, Avatar commence à ressembler à Avatar xD


Avatar : De feu et de cendres.

Film américain de James Cameron (2025) avec Sam Worthington, Zoe Saldaña, Stephen Lang, Sigourney Weaver, Britain Dalton, Jack Champion, Oona Chaplin.
Genre : science-fiction.
Vu en VF et 3D.

Les récifs du clan Metkayina, sur la lune Pandora. Jake Sully, Neytiri et leurs trois enfants Lo'ac, Kiri et Tuk pleurent la mort de Neteyam, le fils aîné de la famille tué par les forces de Miles Quaritch, le colonel revenu d'entre les morts sous la forme d'un Na'vi.
Pour la famille, cette perte est un bouleversement complet de leurs convictions et de leur équilibre. Pire, la dépendance de leur jeune ami Spider aux masques respiratoires temporaires dans l'atmosphère toxique de Pandora devient un réel problème.

De son côté, malgré le scepticisme des autorités militaires humaines, le colonel Quaritch est toujours décidé à capturer "le traître Sully."

Bon, j'vais pas vous mentir, je suis complètement un Cameronzouze (et un Gunnzouze, mais c'est un autre sujet), j'ai commencé à vraiment aimer Titanic qu'en le revoyant à l'âge adulte, mais j'ai instantanément aimé Avatar quand je l'ai vu au ciné, pareil pour La voie de l'Eau qui me rappelle furieusement Subnautica (mon jeu préféré de tous les temps). Pareil pour les deux premiers Terminator (et le troisième, mon préféré, mais c'est pas un James Cameron), je les adore aussi. Autant dire que je vais pas être très objectif dans cet article, mais la critique artistique n'est pas objective, elle est nourrie par la culture personnelle, donc bon...
Ah ouais, et je vais m'efforcer autant que possible d'éviter les spoilers, je peux analyser sans révéler, en abordant essentiellement la narration (donc l'univers d'Avatar) et les thèmes, sans balancer tout ce qui se passe à l'écran.

Rappel amical que le jeu parfait existe, et qu'il n'attend que vous pour la baignade.

Récit et dynamiques.

Fait intéressant de ce film par rapport à La voie de l'Eau, je l'ai dit dans le résumé, il se passe immédiatement après le précédent. La critique en vidéo du média en ligne Ecran Large (que je vais mettre en fin d'article mais attention elle spoile salement) parle de 15 jours d'ellipse entre les deux films, perso je sais pas, c'est peut-être dit dans Fire and Ash (j'vais le nommer comme ça maintenant, c'plus court) mais j'ai oublié, on s'en fiche c'est un détail.
Ce qui est intéressant c'est que du coup, ce troisième film a été tourné en même temps que le deuxième (pour éviter le vieillissement précoce des jeunes acteurices) et qu'il renforce encore plus le côté déjà existant d'une trilogie Avatar. Non parce que James Cameron a dit plus ou moins récemment deux choses importantes à ce sujet : un, il compte sur le succès de Fire and Ash pour financer d'éventuels Avatar 4 et 5 (je suis pas trop inquiet à ce sujet) et deux, il compte faire une pause d'Avatar pour se tourner vers d'autres projets.

Avatar Fire and Ash est donc "la fin de la trilogie" jusqu'à preuve du contraire, et ce troisième film révèle à quel point l'écriture est cohérente entre les trois.
Pour être honnête, même si j'aime beaucoup le travail d'Ecran Large, je suis pas toujours d'accord avec eux, je me retrouve pas toujours dans leurs préférences ciné, mais j'ai toute confiance en leur capacité d'analyse technique (parce qu'en termes de caméras, de son et d'effets visuels j'y connais pas grand-chose, déjà), et ils ont récemment fait une vidéo sur La voie de l'Eau qui analyse la mise en scène et la technique en rapport avec le récit, que je trouve brillante.

N'hésitez pas à regarder cette vidéo, elle est extrêmement intéressante ! 💙

De fait, le premier Avatar soulignait le paradoxe narratif de vouloir imposer à un Marine, Jake Sully, la mission de son défunt frère qui était un scientifique, à priori curieux et pacifique. Tout le premier film reposait sur cette ambiguïté avec le rôle complexe du personnage principal entre le labo de Grace et les ordres colonialistes de Quaritch. Et puis il y a eu toutes les comparaisons éclatées avec Pocahontas, qui sont absurdes à tous les niveaux* (ouais je fais des notes de bas de page, tu vas faire quoi ?).
La Voie de l'Eau poursuit ce récit avec Jake Sully qui cherche le repos du guerrier et, face à l'impossibilité de l'obtenir (parce que le nouveau Quaritch est une ordure beaucoup plus difficile à tuer), il redevient le Marine qu'il était, traitant sa famille comme une unité militaire à ses ordres, sans contestation possible. C'est d'autant plus intéressant pour trois raisons :
  • c'est expliqué par le récit, pour décrédibiliser cette posture parce que, vous savez... les Na'vi sont pas des soldats et l'armée c'est de la merde, surtout l'armée colonialiste d'un monde mort
  • ça nous rappelle que malgré son apparence de Na'vi, Jake Sully reste un être humain, et que ses enfants sont plus ou moins des métis, ce qui peut poser problème pour des Na'vi qui ont des raisons personnelles de détester les humains (...par exemple Neyriti...)
  • "salut, je suis
    un infâme connard,
    c'est ici pour
    la bagarre ?"
    ça crée une progression en miroir pour Quaritch, qui doit apprendre ce que c'est d'être un Na'vi. Précisément ce qu'a appris Jake Sully lui-même dans le premier film en devenant Toruk Makto, le Cavalier de la Dernière Ombre, la légende vivante qui a unifié les clans.
Ouais je cite tous ces éléments parce qu'ils sont pertinents pour la compréhension de Fire and Ash, et aussi parce que, comme pour La voie de l'Eau, James Cameron part du principe que vous avez révisé avant d'aller au cinéma. Après tout, l'autre meilleure trilogie du monde, Le Seigneur des Anneaux, ne fait pas de recap au début des deuxième et troisième partie, elle compte sur la capacité de révision ou de mémorisation du public.

Un film sur l'écologie vénère.

Ce n'est pas nouveau, les films Avatar servent de métaphores pour le propos de James Cameron, et comme il est canadien et pratique la plongée sous-marine depuis des décennies, il est très attaché à la vie marine. C'est également le cas du fondateur de l'ONG Sea Sheperd, le capitaine Paul Watson, qui a pas mal de défauts (raciste, malthusien, probablement eugéniste...) mais au moins il est canadien. Si je prends la peine de parler de lui, c'est parce que l'une des devises de Sea Sheperd c'est "nous sommes la nature qui se défend."
Or, James Cameron a réalisé Avatar La voie de l'Eau en partie comme une métaphore de la chasse baleinière à travers le peuple des Tulkuns, qui sont une version extraterrestre surdéveloppée des orques — je rappelle que les orques sont des animaux intelligents, hautement sociaux, qui possèdent un hémisphère cérébral dédié aux interactions sociales dont l'humain est dépourvu, vivent en groupes familiaux et ont développé des registres de vocalises propres à chaque famille.

L'un des moments les plus impactants de La voie de l'Eau.

Alors, on pourrait croire gentiment qu'Avatar est juste une saga écologiste sur un peuple autochtone qui vit en communion avec la nature, mais faut pas oublier un truc. Dès la sortie du premier film, les making of ont révélé que James Cameron avait abondamment créé son univers en amont, avec un environnement, une faune et des cultures très variés et notamment le fait que tous les animaux, Na'vi compris, portaient un kuru, un brin de fils neuronaux qui permettent de relier deux êtres vivants pour les échanges de données et pour fonctionner en synergie.
Dans le récit ça se matérialise notamment par le fait que dans le clan Omatikaya, les jeunes doivent surmonter un rite de passage en se liant à une banshee pour devenir des guerriers adultes, et malheureusement dans La voie de l'Eau et Fire and Ash, le caractère unique et intime de cette relation s'est tellement perdu que les montures volantes et aquatiques semblent interchangeables et à peine conscientes, sauf la banshee de Neytiri.

Cela dit, une autre différence notable entre notre univers et celui d'Avatar et de la lune Pandora est que, au-delà de cette communion universelle de tous les êtres qui constituent le Vivant, il y a aussi Eywa, qui est ou serait la conscience vivante de Pandora, ou une divinité on sait pas vraiment, et qui préside à toutes les destinées. Le genre d'entité qu'il faut pas faire chier vu qu'à priori c'est elle qui a envoyé des animaux sauvages attaquer les forces de Quaritch à la fin du premier film.
Le premier film c'est aussi celui où les Na'vi ont tenté de transférer la conscience de Grace Augustine mourante dans le corps artificiel de son Avatar, et ont échoué, mais on découvre dans La voie de l'Eau que la jeune Kiri est la fille de Grace Augustine (raison pour laquelle Sigourney Weaver interprète les deux personnages), née de l'Avatar de sa mère. Pas besoin d'un doctorat en biologie pour savoir qu'une naissance sans fécondation c'est compliqué, tout le monde a entendu parler d'Anakin Skywalker et de Jésus Christ.


Kiri et son frère adoptif Lo'ak, enfant naturel de Jake Sully et Neytiri, sont donc les deux mieux placés pour matérialiser cette "nature qui se défend", l'une par son lien avec Eywa et l'autre avec son pote la baleine vénère, dans un combat d'autant plus essentiel que, depuis La voie de l'Eau, c'est officiel, les humains ont ruiné la Terre, ils sont des réfugiés sur Pandora et n'ont plus d'autre choix désormais que de coloniser et urbaniser la lune pour survivre en tant qu'espèce, et ce projet entre en conflit direct avec l'environnement de Pandora, faune et flore comprises.
On imagine donc sans la moindre difficulté qu'un homme comme James Cameron, qui a passé deux films à dépeindre l'humanité comme une bande d'abrutis colonialistes, cupides et extractivistes, n'a aucune difficulté à représenter une nature violemment auto-protectrice et franchement je suis surpris de pas encore avoir vu des humains de Pandora se faire étouffer par des lianes et écraser par des racines. Où est la métaphore extraterrestre des Ents ?!?


Une DA entre renouveau et continuité.

Très honnêtement, ma plus grande crainte par rapport à Avatar Fire and Ash ne reposait pas sur l'écriture, parce que même si elle est pas révolutionnaire chez James Cameron, elle est assez simple pour être efficace et soutenue par une bonne mise en scène. Ironiquement l'écriture c'est justement là que j'ai trouvé mes points de déception dans Fire and Ash.
Spider qui continue à se comporter comme un jeune homme fort et protecteur envers Kiri, la fille de Jake et Neytiri qui n'est certes pas une guerrière mais demeure une Na'vi, donc trois têtes de plus et une ossature plus dense et solide que Spider, les antagonistes qui mériteraient plus de développement, l'un d'entre eux aboutit à un dénouement qui pose plus de questions qu'il n'en règle...


Cela dit, James Cameron nous prouve à chaque fois qu'il sort un film et met l'ensemble de l'industrie du ciné en PLS qu'il est une brute de la technique, qui pousse à fond les studios d'effets numériques pour inventer des trucs qui retournent le cerveau. Dans La Voie de l'Eau par exemple, c'était le mélange entre des interprètes en bassin et la création numérique de... genre... les baies, les récifs, l'océan, enfin tout quoi. La frontière entre le matériel et le virtuel est juste impossible à identifier, c'est trop bien.
Bref, ma plus grande crainte par rapport à Fire and Ash était un écueil assez évident, l'effet "jeu vidéo en monde ouvert" : on a eu le biome des jungles, le biome aquatique, on pouvait redouter que ce troisième film soit simplement l'occasion de poursuivre l'errance vers le biome aride, que personnellement j'imagine comme un désert à l'australienne, avec de la terre sèche et craquelée, le tout dominé par des volcans qui se réveillent tous les deux-trois ans.


Rien de tout ça, en fait. On a le droit à deux nouveaux environnements, dont l'un est particulièrement central dans le récit et la mise en scène (je suppose que si des Avatar 4 et 5 sortent un jour, on va revoir l'autre), et chacun des deux est... bon j'ai envie de dire magnifique mais c'est rude et inhospitalier. Mais extrêmement détaillé dans les visuels, les couleurs et les textures, d'un réalisme stupéfiant, avec plein de personnages, un super travail sur les lumières et les ombres bref, la classe absolue.
Et puis il y a un retour des environnements précédents, la jungle qui couvre l'essentiel de Pandora, avec la profusion de végétation qu'on connaît, toujours aussi belle en 3D (c'est James Cameron en même temps), bien utilisée dans le récit et la mise en scène, en particulier dans une scène impliquant Kiri. Et évidemment, pour un fan hardcore de Subnautica comme moi, le fait que les Sully soient toujours aussi proches du clan Metkayina et des récifs, avec leurs hauts fonds de sable blanc, leurs eaux limpides et leurs majestueux Tulkuns, c'est un plaisir constant.


D'ailleurs, James Cameron se fait encore plaisir avec Fire and Ash, les thèmes musicaux emblématiques du premier film sont de retour, peut-être un poil en retrait par rapport à ce qu'elles devraient, mais l'image repousse encore les limites du réel et de l'irréel, avec de nouvelles créatures, de nouvelles interactions entre créatures, humains et machines, et des fonds marins qui donnent envie de rejouer à Subnautica.
Sans déconner pourquoi ou comment vous pouvez ne pas encore avoir joué à ce jeu ? xD

En bref : poursuite et conclusion logique de la trilogie Avatar à l'heure actuelle, De feu et de cendres n'est pas parfait, notamment sur l'écriture des personnages et la mise en valeur de certains, mais il fait progresser le récit dans un sens intéressant voire même surprenant par moments, au point de prendre le public totalement au dépourvu. Sans grande surprise par rapport aux standards de qualité et de perfectionnisme de son réalisateur, cet Avatar 3 est également très immersif visuellement et dans sa mise en scène, faisant clairement de lui l'un des meilleurs films de 2025.

* faut arrêter avec cette connerie de comparaison entre Avatar et Pocahontas. Ecran Large en a fait une vidéo y'a quelques années et franchement ça n'a aucune raison d'être. D'ailleurs faut arrêter les comparaisons entre Avatar et n'importe quel récit de white savior comme Le dernier samouraï. Le contexte est complètement différent parce que, dans Avatar, l'homme blanc ne débarque pas dans une société indigène pour lui apprendre à survivre contre l'adversité d'un peuple de Blancs agressifs et colonisateurs, et n'est pas originaire d'une humanité triomphante qui absorbe ou détruit tout ce qu'elle rencontre. Au contraire, Jake Sully est un rescapé d'une humanité aux abois, sur un monde à l'agonie à cause de l'épuisement des ressources et la surpollution, les populations de Pandora sont parfaitement prospères et bien plus puissantes que l'humanité. Il ne s'agit pas de défendre une minorité opprimée, mais d'établir une relation sereine entre les nouveaux habitants et l'environnement biologique et spirituel, ce qui fait que la résistance ne vient pas du peuple autochtone, mais des envahisseurs opiniâtres. Qui plus est, John Smith était un conquérant violent, à la fois dans la réalité et dans le film d'animation de Disney là où Jake Sully s'efforce de marcher dans les traces bienveillantes de son frère, et le rapport entre Neytiri et lui, notamment en termes de puissance, est sans commune mesure avec la relation de Smith et Pocahontas.

Voir aussi :
- la critique d'Avatar : Fire and Ash par Ecran Large, en vidéo, avec plein de spoilers faites attention.

Ouais, à un moment Neytiri en a plein l'cul et elle se rappelle qu'elle est une super chasseuse experte à l'arc. Quand elle s'énerve elle montre les crocs et tue des gens. Rien que ça devrait décrédibiliser toute comparaison avec la Pocahontas princesse insipide de Disney.

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