Notre histoire commence bien avant les précédents de l'histoire romaine (Jules César et Auguste pour ceux qui ont pas lu). Loin, loin dans le temps, quand Rome était juste assez développée pour menacer les pigeons qui menaçaient les récoltes, plus au sud, de nombreuses villes fleurissaient déjà. La faute à qui ? Eh bien pour commencer aux peuples originels de l'Italie, qui étaient là avant les Romains, qui sont eux-mêmes venus par la mer. La légende dit qu'ils sont partis de Troie, mais toutes les grandes villes aiment se la péter avec des origines grandioses (par exemple Carthage qui disait qu'elle était issue des brillants marins/commerçants de Phénicie, sauf que là c'est avéré (bref)).
la situation de la Campanie en Italie et de Pompéi par rapport à Rome, et à droite les peuples originels de l'Italie vers 1100 avant JC, début de l'âge de fer
La mer, justement, c'est de là que viennent les habitants les plus développés du sud de l'Italie. Si vous observez les petites cartes qui gisent sous vos yeux, vous verrez la position de Pompéi en Italie, et vous constaterez que les peuples originels de l'Italie sont nombreux, et qu'au sud, ils sont rejoints par des intrus venus de l'autre côté de l'Adriatique, les Grecs. Parce qu'à l'époque où Rome était encore petite, les Grecs n'avaient pas entamé leur déclin, et ils possédaient des colonies dans ce qu'on appelle la Grande Grèce, à savoir l'Italie du sud, réputée pour la fertilité de ses terres.
Bref, intro géographique terminée :)
Or donc, aux environs des VIIème et VIème siècles avant Jésus-Christ, les osques dominent plus ou moins le sud de l'Italie et regroupent cinq villages en une ville qu'ils nomment Pompéi. Parce qu'apparemment, dans leur langue, pompaios signifie cinq. Pratique. Manque de pot, la ville est une étape importante sur la route du nord de l'Italie (ou du sud si on va dans l'autre sens) et elle est rapidement convoitée par les Grecs de Cumes, qui la détiennent entre 525 et 474. Puis elle est prise par les Étrusques, un peuple très important d'Italie ancienne, étant donné qu'il sera le grand rival de la jeune Rome, ainsi que la base de sa culture et de sa puissance originelles.
Bref, pour le moment les Étrusques sont surtout occupés à taper sur des Grecs, puisque les Romains ne sont pas encore une menace réelle. Notons qu'à la même époque, les Perses tapent aussi sur les Grecs, mais de l'autre côté de la Méditerranée. Ça explique peut-être en partie pourquoi les Hellènes ont reculé si vite, bien fait pour eux. Toujours est-il que des fouilles archéologiques ont mis au jour des vestiges étrusques qui témoignent de la véracité de la présence nordique à Pompéi. Tout ça nous amène ensuite au milieu du IVème siècle, une petite centaine d'années plus tard, moment où les Étrusques subissent une défaite navale face aux Syracusiens et aux Cumiens (des Grecs et des Grecs donc). Ah bah oui, sur la mer, à l'époque, on peut difficilement lutter contre les Grecs, leurs rivaux auraient dû penser à ça avant d'en prendre plein la tronche.
les Étrusques sont certes un peuple du nord de l'Italie, mais leur domination de la péninsule au VIème siècle avant JC était manifeste, et leurs seuls rivaux de l'époque étaient les Grecs.
Parallèlement, à l'échelle de la seule ville, l'agriculture et la viticulture, notamment, se développent, rendant la ville très importante en Campanie, source riche de ressources alimentaires et économiques qui expliquent bien l'acharnement des conquérants divers (et aussi ceux d'été) à garder Pompéi.
Qui, bien qu'installée sur un volcan, profite du fait que celui-ci soit éteint, parce que c'est bien connu, les terres volcaniques sont très fertiles.
Un peu plus tard, pendant que les Étrusques se faisaient marcher dessus par des envahisseurs du nord-ouest, j'ai nommé les Celtes, et pendant que les Grecs étaient trop occupés à se bouffer entre eux après la mort de leur plus grand roi, déchirant un empire en nombreux états rivaux (dans le genre versatile, si vous trouvez pire que les Grecs dans l'Histoire, je vous salue bien bas !), quelqu'un se frotte les mains en Italie. Et ce quelqu'un, c'est les Romains, qui s'étendent peu à peu. Apparemment, trucider leur dernier roi, un certain Tarquin le Superbe, ça leur a donné du cœur au ventre, et la toute jeune république agrandit son domaine en commençant par la côte occidentale de l'Italie.
Pompéi se trouvant forcément sur son chemin à un moment, elle décide de lui laisser son autonomie, notamment ses institutions, faisant de la ville une cité-cliente, disons, ainsi que l'habitude de l'époque le voulait. Un genre d'allié un peu soumis, qui n'a pas les droits politiques romains, mais qui bénéficie quand même d'un statut privilégié, parce qu'on ne soumet pas les pompéiens comme ça, sans déconner, c'est une ville riche et développée qu'on a là, allons !
D'ailleurs, si vous voulez mon avis, c'est aussi ce qu'à dû se dire un étranger à propos de Rome, vu l'acharnement qu'il a mis à la couler. L'étranger, il s'appelle Hannibal, général et homme politique carthaginois de son état. Carthage qui déclenche via Hannibal la seconde guerre punique, pour se venger de la première où Rome lui en a mis plein la tronche, lui prenant la Corse, la Sardaigne, la Sicile et la domination navale en Méditerranée occidentale. Mais Hannibal est surtout connu comme celui qui a terrassé Rome en traversant les Alpes avec toute son armée, et notamment des éléphants (ça fait peur un éléphant en armure, imaginez la tronche des romains quand ils ont vu débouler ces trucs), en allant jusqu'au sud de l'Italie (où il a fini par être coincé entre les Romains et la mer, mais ceci est une autre histoire).
Carte de la répartition des peuples en Italie vers 300 avant J.-C. Du nord au sud, les Celtes d'Italie (en kaki), les Étrusques (en rose) et divers peuples italiques (en bleu), les Romains (jaune moutarde), les Samnites (vert bouteille), les Messapes et Apuliens (en orange), divers peuples italiques (vert vif), les Grecs et les Carthaginois (jaune et violet).
Mais pas sanctionné genre "on vous met un avertissement et croyez-moi si vous recommencez vous le paierez cher !!", non non, c'est plus une sanction du genre "chopez moi tous les parlementaires, clouez-les sur des croix, installez des colons romains dans toute la ville, et rasez-moi cette putain d'assemblée, maintenant ici c'est SPQR, par Jupiter !". Bref les Pompéiens ont dû souffler pendant un moment en se disant qu'ils avaient eu raison de miser sur le bon cheval.
Manque de pot, à l'époque, on a la mémoire courte. La faute à l'histoire, qui n'occupe pas vraiment une place centrale dans les esprits. Que voulez-vous, on peut pas se tataner et étudier en même temps. Rome passe son temps à améliorer son armée et ses terres, notamment en Espagne et en Afrique, sur le dos de ces bons vieux Carthaginois, mais aussi en Grèce, et en oublie ses voisins les plus proches. Lesquels se révoltent à la fin du second siècle avant JC pour obtenir de meilleurs avantages sur les nouveaux conquis. Disons-le clairement : ils veulent la citoyenneté romaine. Et Rome la leur refuse, parce que ce serait les exonérer de certains impôts, sans parler de leur donner des droits politiques, mais où va le monde si les Italiens ont le droit de parole au Sénat !
Du coup, on en vient rapidement à la guerre ouverte, qui commence avec les Italiens au nord de Rome, et s'étend au sud chez les Samnites, dans ce qu'on nomme la Guerre Sociale. Et évidemment, Pompéi, riche et prospère, décide de rallier les révoltés pour faire valoir ses droits de devenir romaine. La capitale n'aime pas la trahison. Mais vraiment pas. Elle charge carrément Sylla (un général, pas le fléau maritime des grecs) d'aller botter des culs samnites, qui prend rapidement les villes insoumises en 90 avant JC. Et dix ans plus tard, il achève son œuvre en transformant Pompéi en Colonia Cornelia Veneria Pompeianorum, une colonie totalement soumise à Rome et peuplée de romains pur souche, importés de la capitale.
"Eh oh, vous allez quand même pas m'oublier hein ?!?"
Après ça, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, la guerre est devenu un truc lointain qui ne touche que très indirectement la cité, de temps en temps en envoyant quelques jeunes citoyens à l'armée (bah voilà, ils voulaient la citoyenneté romaine, ils l'ont eue, même si pour ça ils en ont pris plein la mouille !), ce qui permet à Pompéi de rayonner à l'échelle de toute l'Italie. Souvenez-vous, cette feignasse de volcan dort tout le temps. D'ailleurs j'ai lu que les versions diffèrent même : selon certains écrits, les pompéiens le prenaient pour une gentille petite montagne silencieuse, selon d'autres, ils savaient que c'était un vecteur potentiel de cataclysme et de fin du monde, mais que pour l'instant il avait mieux à faire...
Toujours est-il que le fait est là : le Vésuve ne déteste pas assez les pompéiens pour leur cracher à la gueule, quand bien même ils installent leurs champs sur ses versants. Pompéi profite de la proximité du port de Pouzzoles (notez bien ce nom, j'en reparlerai plus tard) pour exporter ses productions agricoles et viticoles pour faire profiter tous ces alcooliques d'impériaux du bon vin italien.
Tout aurait pu se dérouler aussi bien jusqu'à la fin des temps, mais en 62 après Jésus-Christ, Pompéi et certaines de ses ptites voisines sont endommagées par un tremblement de terre. On pensait que la fin du monde viendrait d'en haut, éruption volcanique, pluie de météroïtes, extraterrestres et tout l'toutim, et bah non, c'est la terre qui se fâche. Du coup, on essaie de reconstruire, mais c'est lent, c'est cher, et ça fait peur, imaginez que les éléments ont monté un complot pour nous en mettre plein la mouille, on aura l'air fin avec une éruption sur les bras !
Bah les gars vous croyez pas si bien dire. Tout n'est pas encore reconstruit quand, en 70, la terre refait des siennes, la bougresse. Elle a compté deux ou trois survivants au milieu des hébétés qui ont perdu le goût de vivre, et elle décide de finir ce qu'elle a commencé. Suivant ses instructions, son allié d'au-dessus du sol décide de péter un coup en 79, peut-être il se contenait depuis des siècles pour son grand chef-d’œuvre, ou alors y'avait vraiment un complot tellurique, on saura jamais.
carte de la région de Pompéi qui montre de quelle manière s'est déployé le nuage de cendres volcaniques, engloutissant Herculanum le jour même de son éruption et Pompéi le lendemain.
Ce qu'on sait, c'est qu'Herculanum est la première à y passer, que Pompéi la suit d'un jour, que tout ça se passe, vraisemblablement fin août 79 (les enfants ont eu du bol, ils ont échappé à la rentrée des classes cette année là !), et que tout le monde a été joliment momifié mais sans les bandelettes et les organes dans des vases, plutôt avec des cendres, alors on va dire que tout le monde a été cendrifié, au point qu'on les a retrouvés pendant la Renaissance à peu près dans la posture où ils étaient quand les cendres leur sont tombées sur le poil (l'histoire ne dit pas combien ont été surpris aux toilettes).
Ce qui fait qu'aujourd'hui, Pompéi a été mise au jour à peu près entièrement, et que tout le monde se rappelle à quelle point elle était belle avant de flamber. Cela dit, elle a pas connu la chute de l'empire romain, elle.
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