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30.10.16

Doctor Strange


Film américain de Scott Derrickson (2016) avec Benedict Cumberbatch, Tilda Swinton, Chiwetel Ejiofor, Mads Mikkelsen, Rachel MacAdams, Benedict Wong.
Genre : fantastique.
Vu en VOST.

New York, de nos jours. Le docteur Stephen Strange, neurochirurgien de renom, ne vit que pour sa propre gloire, auréolée par un talent incroyable dans son métier. Après un accident de voiture lors duquel il n'a été secouru que très tard, il est difficilement opéré et perd pratiquement tout usage de ses mains.
Après avoir tout perdu et dépensé dans divers traitements expérimentaux, il retrouve la trace d'un miraculé, ancien paraplégique. Lui demandant le secret de sa guérison, Stephen Strange est envoyé sur la trace de croyances mystiques au Népal.


Je dois vous avouer que quand j'ai entendu parler la première fois de cette adaptation dans le MCU j'ai été sceptique parce que je n'ai vu le Docteur Strange qu'une fois dans mes lectures de comics, je crois que c'était dans Sous l'aide du diable de Daredevil, et que le personnage m'est immédiatement apparu pour ce qu'il était, un érudit sage et puissant totalement tourné vers le mystique et le spirituel.
D'ailleurs, je suis toujours sceptique, parce que le MCU semble jusque là replacer les Vengeurs dans des problématiques sociétales, politiques et militaires parfaitement contemporaines, et que Strange semble à des lieues de tout ça.

M'enfin bref, à quoi on a affaire ici ? Et bien à un Marvel particulièrement original, que je n'arrive à rapprocher que de L'incroyable Hulk de Louis Leterrier et uniquement pour le côté voyage et redécouverte de soi-même que les deux films supposent.
Basiquement, Doctor Strange est l'histoire d'un héros en devenir à la manière de Tony Stark, un type qui n'a jamais vécu que pour lui-même, volant de succès en succès – il est même assez doué en chirurgie pour opérer en musique et se dandinant tout en étant interrogé sur son érudition musicale, histoire de pas louper une occasion de se la péter. Ce type détestable au premier abord – j'ai même cru à un moment qu'on verrait un caméo de Tony Stark dans une convention, si Stark en avait quoi que ce soit à cirer de la médecine, ce qui m'étonnerait – se fait remettre en place par la fatalité et doit apprendre à gérer.

#TomberPourMieuxSeRelever

C'est un peu l'histoire de Faust, mais en moins sombre. On te file la capacité de te reconstruire mais t'as aussi les responsabilités qui vont avec, et si t'en veux pas on reprend tout, c'est pas un pack à la carte. Et le film suit donc Strange face à ce choix sans compromis, même s'il met logiquement – et c'est même très intéressant – un bon moment à évoluer.
Je réalise en écrivant cet article que sur le plan du scénario, ce film est un peu un melting-pot des Marvel précédents, puisqu'on retrouve un aspect qui était présent dans Captain America : First Avenger, à savoir la présence d'un rival qui a suivi le même chemin que le héros avant de s'en détourner avec arrogance.

#LaClasse #ChiwetelEstTropFort

Bon, je vais pas trop spoiler parce que le film vient de sortir et qu'il mérite sacrément le coup d'œil mais y'a de bonnes trouvailles. Rien de parfaitement novateur, mais des choses qu'on ne voit pas souvent dans un film super-héroïque, en particulier un Marvel, par exemple la pirouette stratégique qui résout le film [spoiler] – dans laquelle Stephen Strange, doté d'une dimension héroïque et résolu à tout pour défendre la Terre contre Dormammu, crée une boucle temporelle dans laquelle il se sacrifie perpétuellement pour monopoliser l'attention de ce dernier et ainsi l'empêcher d'envahir le monde – [spoiler]. Il est également question, c'est un thème assez nouveau dans le MCU, de la nécessité de certains compromis dans les combats menés. A part peut-être chez Thor, je ne crois pas avoir déjà vu ça chez Marvel.

Récemment j'ai fait un article sur un certain objet narratif au cinéma. Pour une fois je suis content, ce film est bien plus intelligent sur la question. [Spoiler] Pour une fois la Pierre d'Infinité n'est pas un MacGuffin, tout le monde s'en fout. [Spoiler]

Côté casting, le héros est bien interprété par un Cumberbatch qui passe décidément bien d'un registre à l'autre, même s'il commence effectivement film en faisant du Sherlock. L'humour apporté à la fois par le jeu et l'écriture de Strange et par ceux de son love interest, Christine Palmer – c'est quand même dommage de l'avoir réduite à ça même si on sombre évidemment pas dans le cliché de la damsel in distress – est également très appréciable.

Mads Mikkelsen, sans être incroyable, fait le job, et je l'ai trouvé très bon dans certaines séquences, genre celle du méchant tentateur qui dit au héros exactement ce qu'il a envie d'entendre et ce qu'il ressent (puisqu'ils sont très semblables à priori). Tilda Swinton, habituellement cantonnée à des rôles de méchantes froides et intransigeantes, développe ici un jeu bien plus riche et est même touchante à certains moments [spoiler] – comme lors de la longue scène qu'elle partage avec Cumberbatch juste avant la mort de l'Ancien – [spoiler] et Chiwetel Ejiofor est aussi très bien.
Bon, de toute façon c'est un acteur que j'adore et j'adore voir des acteurs que j'adore intégrer le MCU, ça m'avait déjà fait ça avec Anthony Mackie (Sam Wilson/Le Faucon) et Evangeline Lilly (Hope van Dyne/La Guêpe).


Sur son esthétique, le film rappelle immanquablement l'Inception de Christopher Nolan, à quelques nuances près. Dans ce dernier, il était clairement indiqué que contrevenir aux lois de la physique était dangereux parce que ça éveillait la méfiance de l'inconscient du rêveur, comme l'apprend vite le personnage d'Ellen Page.
Ici, au contraire, les sorciers déforment la physique et la réalité sans sourciller, au point qu'on se demande une ou deux fois si tout ça a vraiment lieu dans des villes surpeuplées tant personne ne semble remarquer l'action. Les effets spéciaux sont extrêmement travaillés, les décors sont superbes, notamment les intérieurs, donnant un côté un peu baroque à l'ensemble du film. Ça et le costume du Docteur Strange. Certains éléments par contre flirtent avec les couleurs et les textures abstraites d'Ant-Man (séquence du rétrécissement infini) et des Gardiens de la Galaxie.
D'ailleurs, c'est peut-être moi qui n'y connais rien, mais je trouve que le méchant du film, dont on ne voit que le visage, il a quand même vachement une gueule de Thanos. C'est très intéressant, la physionomie du visage, je trouve. A cause de son gigantisme, ses yeux paraissent très écartés, le faisant passer pour un gros bourrin stupide qui défonce tout d'abord et réfléchit ensuite... peut-être une version primitive et stupide du Titan ?

On a crié au whitewashing quand Tilda Swinton a été castée mais au moins, ce personnage que j'adore n'est pas réduit au quota ethnique.

La bande-son par contre me laisse plus sceptique. Pour Inception, le principal référent visuel de Doctor Strange, Nolan avait recruté Der Hans Zimmer, ce qui avait donné lieu à la lourdeur écrasante germanique, mais c'était conforme au concept des mondes oniriques qui donnent le vertige.
Ici, c'est Michael Giacchino qui officie, du coup la musique est plus juste, parfois plus éthérée parce qu'en rapport avec la magie, l'ésotérique et les croyances. Les plans d'ensemble et les paysages sont très corrects aussi. 
Pour les scènes d'action je suis mitigé. Y'a une séquence en particulier dans laquelle Strange s'élève [spoiler] – après avoir fait une chute et alors qu'il porte pour la première fois sa relique, la Cape de Lévitation – [spoiler], et à ce moment la musique m'a semble horriblement semblable au thème principal des reboots de Star Trek sur lesquels Giacchino composait déjà.
Euh, Michael ? Mike ? Eh Mickey, tu te fous pas un de nos gueules là ? Non parce que la dernière fois que j'ai vu un Star Trek c'était au ciné y'a environ deux mois, Enterprising Young Men est une de mes musiques de film préférées, donc elle est dans ma playlist d'OST ciné et je l'entends souvent, et là juste, non. Les thèmes principaux de Doctor Strange, on dirait le début d'Enterprising Young Men.

Les décors et les effets spéciaux sont terribles. Juste waouh.

Ah, par contre, certaines séquences et certains plans m'ont donné à penser que le film aurait été génial en 3D, je sais pas pourquoi il a été réalisé en 2D. Et j'ai pas parlé une fois du réal', parce que c'est pour moi un inconnu qui n'a quasiment rien fait, si ce n'est qu'il a l'air d'écrire ses propres scripts.

En bref : excellent film qui élargit clairement la sphère d'influence du Marvel Cinematic Universe en y ajoutant le fantastique, l'ésotérique et le mysticisme, Doctor Strange parvient curieusement à s'insérer dans celui-ci comme en témoigne justement la seconde scène post-générique [spoiler] qui confronte le sorcier à Thor [spoiler]. Visuellement incroyable tant il va beaucoup plus loin qu'Inception dans le même domaine, il emprunte beaucoup aux films précédents de la série. Mais son casting et son écriture servent bien l'histoire du personnage central, offrant de fait un long-métrage incontournable dans le MCU.

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