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22.8.17

Fabriquer un super-héros, par Will Smith et Jason Bateman


Hancock.

Film américain de Peter Berg (2008) avec Will Smith, Jason Bateman, Charlize Theron, Eddie Marsan.
Genre : super-héros.
Vu en VOST.

Los Angeles, de nos jours. John Hancock est un super-héros détesté par la population américaine : alcoolique et violent, il cause systématiquement de graves dégâts urbains chaque fois qu'il arrête des criminels. Désinvolte, il disparaît toujours sans laisser de trace et ignore les autorités qui cherchent à le placer devant ses responsabilités.

Jusqu'à ce qu'il sauve un jour Ray Embrey, représentant en relations publiques généreux et idéaliste.


Hancock est un film dont j'ai entendu parler à sa sortie comme "le super-héros alcoolo qui dit des gros mots" et comme les œuvres de ce genre n'étaient pas encore un phénomène de société (la trilogie Spidey de Sam Raimi était finie, Iron Man premier du nom venait juste de sortir et on n'imaginait pas encore l'ampleur que prendrait le MCU), je m'y suis pas plus intéressé que ça.
Il a fallu une excellente vidéo de Linksthesun pour me donner vraiment envie de voir Hancock (ce que j'ai fait presque aussitôt, et je regrette pas).

L'intérêt de la chose, c'est que contrairement à environ tous les autres films de super-héros existants, Hancock n'est pas une adaptation. Le scénario a été écrit en 1996 avant d'être renommé, remanié et tourné.
On a donc ici affaire à un univers totalement original et neuf, qui repose sur ses personnages davantage que sur sa mise en scène - pourtant musclée - ou son background. En outre, autre fait intéressant, il est incarné à parts égales par Will Smith qui excelle à avoir l'air d'un bourrin et par Jason Bateman qui n'avait à l'époque pas encore fait littéralement exploser son talent dans Paul, Comment tuer son boss 1 et 2 ou Zootopia (c'est lui qui double Nick Wilde, et quel doublage ! ♥).

....ouais c'est la première fois qu'on le voit faire du super-héroïsme dans le film...

Et en effet, les personnages sont vraiment intéressants. Will Smith est, en John Hancock, totalement à contre-emploi : alors qu'il est habitué à jouer des personnages valorisants sur le plan moral ou éthique, des pères de famille en souffrance ou des modèles de vertu, il est ici ce gros connard qui se fout de tout et tout le monde et ne comprend même pas pourquoi Ray Embrey est sympa avec lui.
En face, donc, Jason Bateman, Ray, un mec qu'on découvre d'emblée totalement naïf. Le type sort carrément au conseil d'administration d'une grosse société pharmaceutique "si vous donnez votre vaccin contre la tuberculose gratuitement vous aurez le droit d'arborer notre logo et tout le monde verra à quel point vous êtes gentils" XD
Mais, son truc ce sont les relations publiques et c'est drôle parce qu'à aucun moment on n'apprend pourquoi Ray décide de prendre Hancock en main. Peut-être qu'il est juste gentil, allez savoir, en tout cas il ne s'explique jamais ^^

Également au casting avec beaucoup de talent et de justesse, Charlize Theron, qui a énormément à dire derrière son apparence de femme au foyer qui se méfie de ce type dont les exploits destructeurs sont en info principale tous les jours au JT. Vers la fin du film, son personnage de Mary Embrey et celui d'Hancock deviennent plus psychologiques, plus intimistes, et les deux interprètes font ça à merveille, sans en faire trop, dans le contexte agité de cette narration ^^
De fait, parce que c'est une œuvre originale, Hancock pose ainsi son univers assez rapidement : il s'avère très cohérent dès lors que les règles sont établies - elles le sont tard, mais elles le sont ^^ - tout en demeurant respectueux des codes de super-héros existants.

...il a arrêté un train qui allait écraser une voiture.

Pour ne citer que cet exemple, Hancock, le film, est l'occasion de questionner l'impact des super-héros dans la société, de les mettre face aux conséquences de leurs actes, et je rappelle qu'on est alors en 2008, bien avant Iron Man 2, Avengers 2, et je parle même pas des plus tardifs Captain America Civil War et Batman v Superman, qui sont d'autres films traitant du même enjeu. A l'échelle du cinéma au moins, Hancock semble de ce point de vue un précurseur.
D'ailleurs, le film est plein de saillies extrêmement bienvenues du même genre : quand des Américains obèses lui disent qu'ils pourraient le traîner en justice pour ses dégâts, Hancock réplique qu'ils devraient attaquer McDonald pour "les avoir salopés". Plus tard, il doit sauver une femme blessée et, pan dans la gueule du patriarcat, commence par lui demander l'autorisation de toucher son corps...

Alors bien sûr, dans cette histoire de super-héros alcoolo qui dit des gros mots, il y a de l'humour, et les motifs des films super-héroïques en font partie.
Comme l'a justement signalé dans sa vidéo Linksthesun, les super-héros ont souvent un "bouton berzerk", un truc qui les pousse à bout et qui leur fait faire n'importe quoi. C'est pas propre au genre, par exemple Marty McFly déteste qu'on le traite de mauviette, mais par exemple, Thor déteste qu'on le sépare de son marteau, Iron Man déteste qu'on touche à Rhodie, et bah Hancock déteste qu'on le traite de sale con, "asshole" en anglais.


Comme on peut s'en douter, l'humour du film repose pas mal sur le décalage entre la violence d'Hancock et le public, mais pas que.
Et puis heureusement, le film ne repose pas uniquement sur son humour. J'ai déjà parlé de son écriture mais il faut aussi admettre qu'il est très joli à regarder, la cohérence étant aussi de mise visuellement. Dès le début, si on prête un peu attention aux détails, on remarque l'omniprésence d'une imagerie autour de l'aigle (sur le banc où Hancock se réveille, sur son bonnet, dans sa caravane...) qui nourrit une mystique entre l'oiseau et le héros - tous deux sont des solitaires volants perçus comme de grosses brutes - qui est magiquement mise en scène à la toute fin.

Les effets spéciaux et la mise en scène sont très propres, y'a rien qui fasse tache ou qui détonne, et pour ce qui est de la musique également, sans être incroyable, c'est bien construit. Le thème principal, autrement dit le leitmotiv du personnage de Hancock, intitulé The Moon and the Superhero, apparaît à la fin, mais on entend tout au long du film le motif qui en constitue la base. C'est un morceau extrêmement héroïque, magnifique, je vous conseille de l'écouter même si vous n'envisagez pas de voir le film.
Le reste participe d'une ambiance très urbaine avec un peu d'esprit west coast (le rap, le hip hop...) parce qu'on est à Los Angeles et pas à New York.



En bref : bien que pas aussi connu que les gros univers issus de comics, Hancock est une création originale qui vaut vraiment le coup d'œil. Il est drôle, intéressant et bien écrit, offrant un souffle rafraîchissant au genre du super-héros. Ses enjeux et ses thèmes, d'ailleurs, sont conformes à ce qu'on a trouvé dans le MCU et l'univers ciné DC les années suivantes. Bref, c'est un peu le cinéma indépendant du super-héroïsme, et je vous le conseille sincèrement \o/

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