MEUAHAHAHAHAHAHAHA, le Geek Contest que je voulais, moi qui adore les enjeux de société dans la fiction, la SF et les robots \o/
(bon, un peu moins les robots, et certainement pas autant que ma ptite sœur Caroline dont le site sur les arts est toujours aussi intéressants)
Aujourd'hui pour le Geek Contest n°19 de Kavaliero le Robot (c'était facile), on va parler technologie !
Et avant d'entrer dans le propos je tiens à l'expliquer un peu : vous me connaissez, mon truc c'est de m'intéresser aux sociétés, aux mécanismes sociétaux et aux contextes généraux. Dans ce Geek Contest j'ai voulu sélectionner des œuvres dans lesquelles la technologie est un ENJEU de la narration, et pas un MOYEN.
Je voulais des personnages qui s'interrogent sur la technologie, qui la remettent en cause, qui questionnent ses implications sociétales, sa nature et son influence.
Pour vous donner un exemple, je ne propose pas les films Matrix parce qu'à mon sens, ce n'est pas un film sur la technologie : je pense qu'elle est dans cette narration un moyen de raconter une histoire sur l'individu, la communauté, le choix et l'arbitraire.
Niveau jeux vidéo, je n'ai pas cité le premier Deus Ex, épisode fondateur de la série, parce que de mon point de vue, il ne raconte pas la technologie, mais ce qui découle d'elle. Le jeu se déroule en 2052, on est déjà APRÈS la révolution sociétale des nano-augmentations et de la Peste Grise (et aussi du terrorisme endémique). Ce qui est en question dans ce jeu n'est pas la technologie, mais les forces qui gouvernent le monde.
Voilà, donc sur ce, parlons technologie et enjeux de société.
Jeu vidéo : Deus Ex : Human Revolution.
Contrairement à son grand frère, DX : HR est bel et bien centré sur la technologie. Pour celleux qui ne l'ont pas joué, on y incarne Adam Jensen, responsable de la sécurité d'une société de conception d'augmentations mécaniques. Jensen enquête sur l'attaque menée contre Sarif Industries, son employeur, et l'enlèvement de Megan Reed, la conceptrice en chef, attaque qui l'a laissé pour mort et lui a imposé une reconstruction cybernétique.
Ses efforts le mènent à révéler des luttes de pouvoir entre grands pontes de l'augmentation et penseurs conservateurs ou terroristes défenseurs d'une humanité "pure", dans un monde cyberpunk où le transhumanisme est bien l'enjeu.
Et perso, j'ai adoré ce jeu, parce que si le premier Deus Ex c'était le scénario du pire (un monde en proie à une pandémie, l'ONU devenue protectrice des tyrannies, le retour des mafias organisées...), Human Revolution décrit en 2027 un monde très proche du nôtre - les prothèses mécaniques ça existe déjà hein - dans lequel le pouvoir politique est soumis à l'industrie technologique et au capital. Un peu comme si, AU HASARD, un pays orientait sa politique spatiale en fonction des avancées d'un acteur privé (coucou Elon Musk !).
Et puis bon : Miracle of Sound est un génie ♥
Film : RoboCop (2014).
Cette nouvelle itération de RoboCop, que pour ma part j'ai trouvé très différente de l'original (que j'ai pas vu hein, mais j'me suis renseigné) est à mon sens un des meilleurs films de son année, et c'est avec beaucoup de plaisir que je l'ai découvert en salles puis revu maintes fois ensuite.
Un peu dans la veine de DX Human Revolution, RoboCop parle de reconstruction cybernétique, mais va bien au-delà (comme DX : HR en fait, dans lequel le générique de début, durant la chirurgie reconstructrice de Jensen, laisse clairement entendre qu'on lui a retiré des membres encore utilisables pour les remplacer par du mécanique).
L'enjeu du film, ce sont les forces de l'ordre américaines : la police doit-être être remplacée par des robots (on va pas se mentir : c'est paver la voie à la tyrannie) ? Et quand on se questionne sur la déconstruction d'Alex Murphy, ce que je n'ai vu personne faire, l'évidence est là, limpide. OmniCorp, la société qui fabrique les robots (et donc aimerait les balancer dans la rue) n'a gardé que l'essentiel : une main et un visage pour avoir l'air humain, et les poumons pour éviter une vilaine voix de robot. Tout le reste de Murphy a été jeté et remplacé par des composants technologiques contrôlables par OmniCorp.
Ah oui, désolé, trigger warning, tout ça.
La technologie invasive et pernicieuse à ce point, je trouve ça génial. Ce film dépote.
Série : Black Mirror.
Bon alors clairement je fais le choix de la simplicité (et aussi celui de la flemme vu que j'ai pas encore dépassé la première saison) mais cette série est devenue culte précisément parce qu'elle met en lumière les travers de la société contemporaine, notamment dus à la technologie.
C'que tu vois là c'est un mec qui fouille la mémoire de sa femme pour contrôler sa vie. Normal.
De la société de l'hyper-connexion et de l'instantané dans l'épisode 1 (un ministre anglais doit avoir un rapport sexuel avec une truie en direct et en mondial, faute de quoi la princesse royale est tuée par un ravisseur) jusqu'à la pente hyper-glissante de l'épisode 3 dans lequel la mémoire est une banque de données accessible à tout instant, la technologie dans Black Mirror est absolument terrifiante.
Et encore, j'en suis qu'au début.
Livre : Wang : Les portes d'Occident et Les aigles d'Orient.
Autant être honnête : là on est sur un autre level. Même Black Mirror c'est peace et safe à côté du diptyque Wang écrit par l'excellent auteur français Pierre Bordage.
Je pose le contexte de suite : c'est de la SF futuriste, dans un monde où l'Occident (l'Europe occidentale, l'Amérique du Nord moins le Mexique, la Grèce et Israël) s'est replié derrière le REM, le Rideau Électro-Magnétique, une barrière qui n'est ouverte que rarement, et on revoit jamais ceux qui la franchissent.
Le reste du monde, c'est la République Populaire Sino-Russe, une révolution asiatique qui a envahi l'Europe avant d'être arrêtée par le REM, c'est la Grande Nation de l'Islam (toute l'Afrique et le Moyen-Orient quoi) et la Sudam (l'Amérique latine), des espaces sous-développés où règnent la violence, le crime, les pouvoirs tribaux et la maladie.
Wang, le personnage principal, est un jeune Chinois né en Pologne après la génération d'envahisseurs Sino-Russes, qui parvient à franchir le REM et à découvrir l'Occident dans tout ce qu'il a de vulgaire et de dépravé.
Je vous spoile pas ce livre parce que je vous recommande VRAIMENT de le lire, mais la technologie y est TERRIFIANTE - et il est même question de transhumanisme aussi intéressant que tendancieux. Bon ok, voilà : [spoiler] Dans ces deux livres l'équilibre des pouvoirs au sein de l'ONO, l'Organisation des Nations d'Occident, repose sur une division entre les nations anglophones et les pro-France. Cet équilibre est rythmé par les Jeux Uchroniques, des combats de gladiateurs qui refont les batailles de l'Histoire avec des commandants Onosiens et des immigrés de la Sudam, de la GNI et de la RPSR. Les immigrés ont un implant cérébral qui les tue en cas de révolte et ils servent aussi régulièrement de banques d'organes pour prolonger la vie des Onosiens. Je vous ai dit, c'est terrifiant. [fin de spoiler]
Objet : le smartphone.
C'est un incontournable de nos sociétés contemporaines, au point que certaines personnes, certaines entreprises n'ont eu de cesse de le rendre central non seulement dans nos communications, mais aussi dans notre rapport aux nouvelles technologies. Le smartphone est désormais un outil de travail, un agenda, un appareil photo, un stockeur de données parfois, un ordinateur minuscule qui donne accès à des applications inutilisables sur ordinateur de bureau, accompagnant la mobilité que les téléphones portables ont eux-mêmes encouragée.
Et rappelons-nous bien que la société qui conçoit les systèmes d'exploitation de nos téléphones Android, c'est la même qui possède le moteur de recherche qui contrôle l'information. Et si vous croyez que vous êtes à l'abri chez les Coréens, je vous rappelle le Data Gueule sur Samsung et sa politique digne de l'esclavage.
Et puis le smartphone c'est aussi des supports logiciels et matériels, le devoir de bidouiller la machine pour acquérir les droits administrateur et faire sauter un antivirus vérolé au profit d'un autre (ce que j'ai dû faire), ou le risque que les grosses entreprises des médias, de la communication des technologies utilisent les données que nous enregistrons dans telle appli, notre consommation de telle autre... pour définir leur politique de pub, pour tracer nos mouvements ou établir notre portrait socio-politique (qui peut être utilisé ensuite).
Le smartphone c'est le cancer de notre époque, une malédiction auto-infligée dont peu de gens voudraient se défaire.
Ouais, la technologie de nos jours, c'est globalement la merde. Y'a certaines initiatives qui vont dans le bon sens, qui essaient d'adapter l'humanité à son environnement, de produire de l'énergie propre, mais c'est pas du tout la majorité et ça n'est pas encouragé par les pouvoirs politiques et économiques. C'est la merde.
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