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6.11.18

Geek contest n°20 : Le Moyen Âge n'est pas un temps obscur !

Comme tous les mois, c'est l'heure de se culturer grâce à Kavaliero des temps médiévaux (le premier qui dit moyenâgeux JE L'EMPALE), qui nous invite cette fois-ci à parler du Moyen Âge (qui n'est pas un temps obscur, je sais je l'ai déjà dit mais j'insiste parce que c'est important).

Comme l'a dit le vidéaste Baf dans son On Va Faire Cours sur les Vikings, une série ou un film n'a absolument pas besoin de se situer dans notre monde pour vulgariser notre Histoire et reproduire des mécanismes de société ou de culture réalistes. Une œuvre de fiction peut se dérouler dans un univers totalement fantaisiste et proposer une vulgarisation historique tout à fait correcte.
Skyrim montre bien l'architecture, les structures politiques et l'équipement militaire en Europe du Nord du Moyen Âge précoce, et Game of Thrones dépeint très correctement le féodalisme et les diversités de cultures et d'armement entre l'Europe du Nord et la Méditerranée.

Et ben voilà, ça va être ça : le Moyen Âge démystifié et rétabli dans son réalisme à travers la culture populaire.
Geek Contest n°20 (merci de m'avoir lu, à dans un mois ! (non je déconne ^^)).


Jeu vidéo : The Elder Scrolls Online.

Je peux pas citer Skyrim parce que je suis à peu près sûr de l'avoir déjà calé dans un autre GC, et aussi parce que je viens juste d'en parler, mais un des traits majeurs de la série Elder Scrolls est qu'elle exploite assez soigneusement les connaissances scientifiques liées à son cadre temporel, le Moyen Âge, pour les appliquer à sa réalité fictive, sur la planète Nirn et le continent de Tamriel.

TESO, parce que c'est un MMO qui couvre tout le continent, permet donc d'élargir l'échelle de ce point de vue : les Brétons de Hauteroche y sont décrits comme les parangons de la chevalerie, des fortifications urbaines et castrales (des châteaux) et du négoce (=commerce international) et leurs voisins Rougegardes de Lenclume (ou Martelfell parce qu'ils ont changé une bonne partie de la traduction française et je trouve ça laid) possède une culture d'inspiration moyen-orientale, proche du désert et de la Perse.

Écran de chargement de TESO pour le Désert Alik'r, principale province du royaume Rougegarde centré sur la cité de Sentinelle.

On pense bien sûr aux Nordiques de Bordeciel qui sont l'exemple typique de la Scandinavie au début de la période médiévale, mais en Tamriel, et même les Argoniens du Marais Noir ont droit à leur reproduction historique, avec des cités, au milieu des tourbières, qui ne sont pas sans rappeler l'architecture méso-américaine.
Vous commencez à voir pourquoi j'adore les Elder Scrolls ?

Concept art de Jeremy Fenske pour Murkmire, nouvelle province argonienne dans The Elder Scrolls Online. Et de fait, on trouve ce type de pyramide à degrés méso-américaine un peu partout dans Fangeombre, l'autre province du Marais Noir dans TESO.


Film : Robin des Bois Prince des Voleurs.

Bien qu'il soit un personnage fictif appartenant au folklore anglais, Robin Longstride (son nom original) est dès sa création pleinement intégré à l'histoire anglaise.
Comme tous les héros populaires (au sens classique, issu et proche du peuple), notamment dans les mythologies, Robin est écrit des siècles après sa vie supposée : on le place au XIIème siècle, sous Richard Ier Cœur-de-Lion, mais il apparaît dans les textes à la fin du Moyen Âge.

Dans cet excellent film du tout début des années 90, de Kevin Reynolds avec Kevin Costner, Robin de Locksley revient de croisade (où Richard est prisonnier des Turcs) et découvre une Angleterre en proie au shérif de Nottingham. Jean Sans Terre, frère du roi, n'est même pas évoqué.
Par contre, on parle de la vie dans le royaume, très difficile pour les nobles de campagne sans soutien politique comme Marianne, de la possibilité pour un connard sans noblesse de revendiquer le pouvoir par les armes en cas de vacance (absence) royale, et aussi un peu du poids des assemblées nobles en l'absence de Richard.
Bref : de la bagarre, Robin des Bois, Morgan Freeman, mais aussi de la vulgarisation ♥


Série : Game of Thrones.

Ouais, j'ai tendance à me répéter, c'est parce que j'ai écrit l'intro de l'article avant de choisir la série que j'évoquerais. Game of Thrones, je l'ai dit et Baf l'évoque dans son On Va Faire Cours, reproduit des mécanismes socio-politiques réels, mais en établissant dès le début qu'il s'agit d'un monde fictif, ce qui permet plus de liberté et ironiquement, plus de fidélité.

La série, c'est connu, est inspirée par la Guerre des Deux-Roses, une guerre civile anglaise entre deux grandes familles (les York et les Lancaster, ça sonne un peu comme deux familles de la série) pour le pouvoir anglais à la fin de la Guerre de Cent-Ans. En France, on a fait la même entre les Armagnacs et les Bourguignons, mais c'était politique et pas familial.

Depuis le début de la série, si on fait un peu attention, on voit de nombreuses bannières un peu partout, notamment dans les camps et les armées. Parce qu'une armée féodale repose sur de nombreux seigneurs dirigés par un suzerain. L'armée professionnelle des Lannister fait plutôt figure d'exception.

On est alors à la fin du Moyen Âge : la féodalité existe toujours, mais elle recule face à la centralisation. Les seigneurs féodaux disparaissent (ici, sont tués, entre les Tyrell, les Frey, les Martell ou les Baratéfion), le roi se renforce (coucou Joffrey). Mais au-delà de ça, l'Europe du Nord est évoquée à travers les Stark et les Tully, la Méditerranée à travers King's Landing et les Martell et même le Moyen-Orient entre Dorne (qui fait vachement penser à la Perse ou l'Arabie) et Essos. Les Dothraki figurent d'ailleurs les Mongols, au passage : une culture de combattants à cheval fondée sur la domination du chef de guerre qui pille les villes avant d'envisager une installation permanente (en Westeros. Dans la réalité c'était en Chine).

Bref, vous commencez à connaître le mot : vulgarisation ♥

Osez me dire que l'architecture et la végétation ne vous font pas penser au Moyen-Orient.
(en vrai ça a été tourné en Espagne, mais on parle quand même d'un pays qui a été occupé presque mille ans par les musulmans)


Livre : Le Palais Adamantin.

Le Palais Adamantin est le premier volet d'une série intitulée Les rois-dragons que j'ai lu y'a un bail, j'en ai oublié une bonne partie et je le relirai quand j'pourrai avoir toute la série, mais j'ai retenu l'essentiel. À l'image de Game of Thrones (et du Trône de fer, les livres), cet univers est partagé entre les pouvoirs militaires des grands nobles et ceux religieux des puissants ecclésiastiques.
Et on s'en doute, dans une telle société, les intrigues de palais, les complots et les usurpations sont monnaie courante, sauf que là on parle d'un monde où les détenteurs du pouvoir sont démarqués du commun des mortels... par les dragons qu'ils chevauchent allègrement d'un bout à l'autre du pays.
Ça pue un peu quoi ^^


Personnage célèbre : Charlemagne.

L'empereur des Francs, roi en 768 et empereur en 800, est l'une des plus grandes figures politiques du début du Moyen Âge. Pensez donc, son gouvernement et son territoire ont jeté les bases de ce que seront la France et l'empire germanique quelques trois ou quatre siècles plus tard.

Denier de Charlemagne, v. 812/814.
Clairement inspirée de la numismatique romaine
(avec les mentions IMPerator et AUGustus),
cette pièce montre également que Charles était imberbe.
S'il n'a pas inventé l'école, ça c'est maintenant connu, Charlemagne a beaucoup contribué à la connaissance et à l'instruction durant sa période : alors qu'il était lui-même illettré pendant une partie de sa vie, il aurait appris à lire très tard. Il parle couramment latin et grec et à défaut de savoir écrire, signe d'un monogramme (à priori inventé pour lui et non par lui).
Plus important, depuis que l'école laïque a disparu avec l'Empire Romain d'Occident, le monde politique repose sur les clercs : Charles insiste alors pour vérifier et améliorer l'instruction des religieux, leur formation et leurs connaissances (d'autant qu'un certain nombre compose son propre conseil). Il en fait de même avec les serviteurs laïcs pour unifier son empire autour du latin et promeut les arts et le renouveau de la religion chrétienne.

Bref, pendant que les Arabes restauraient et perpétuaient les connaissances antiques, quelques chrétiens étaient là pour s'assurer que le monde médiéval ne sombre pas dans les ténèbres de l'ignorance et de l'analphabétisme.
Vous savez, rapport au fait que le Moyen Âge n'est pas un temps obscur. Et qu'on peut tout à fait le vulgariser pour le grand public via la culture populaire.

Voilà voilà, Geek Contest. La boucle est bouclée. À dans un mois !

2 commentaires:

  1. Bah voilà ! CA c'est un article avec des bonnes références historiques et scientifiques :D

    J'approuve à 100% tes choix :)

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