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28.1.17

Films pour adultes et studio pour enfants : l'Atlantide chez Disney.


Atlantide, l'empire perdu.

Film d'animation américain des Walt Disney Studios (2001).
Genre : aventure, science-fiction.

Washington DC, 1914. Le jeune archéologue et linguiste Milo James Thatch est renvoyé du Smithosian Museum après avoir échoué à convaincre le conseil d'administration de la viabilité de son projet, à savoir la recherche de la légendaire cité d'Atlantide.
Peu après, il est contacté par Preston Whitmore, le meilleur ami de feu son grand-père Thaddeus Thatch, qui a épuisé sa vie et sa carrière à rechercher le mythe antique et notamment un manuscrit qui révèlerait son emplacement.

Whitmore, pour tenir une vieille promesse faite au grand-père de Milo, a financé, armé et équipé une expédition pour trouver l'Atlantide sur la base de ce manuscrit.

Autant commencer par un fait établi : Atlantide est un de mes Disney préférés. Curieusement, mon côté anticonformiste n'a pour une fois rien à voir dans l'affection que je porte à un film d'animation aussi peu orthodoxe et couronnée de succès dans la collection de chez Mickey. Non, si je l'adore malgré tous ses défauts et l'échec retentissant qu'il a reçu à sa sortie, c'est justement pour les thèmes qu'il aborde, pour sa réalisation et son ambition originelle.
Et pourtant, il faut aussi accepter l'évidence, Atlantide : l'empire perdu est un Disney tordu, un alien à la manière du Bossu de Notre-Dame, tout simplement trop gros et trop complexe pour avoir été mené avec succès chez les spécialistes de l'animation pour enfants.

Parce que, et c'est là-dessus que je vais axer mon article et, le titre le laisse entendre, un autre qui viendra bientôt, ce film n'est tout simplement pas un vrai Disney et on peut dire après coup qu'il n'aurait même pas dû essayer d'en être un. Et je tiens à signaler d'emblée que pour donner mon avis sur ce propos, je vais devoir spoiler. Alors je vous préviens, mais je vous déconseille pas de me lire si vous n'avez pas vu le film : je vous recommande même de le regarder, avant ou après m'avoir lu (ou sans me lire du tout, c'est vous qui voyez ^^).

Déjà, un Disney qui parle d'énergie, de capitalisme militaire et de pillage archéologique, c'est mal parti pour la compréhension des enfants.
Sans déconner, regardez ce plan, ces dimensions, c'est tellement grandiose O_O

L'une des grandes raisons qui font l'échec d'Atlantide est principalement la même que celle qui explique l'échec relatif du Bossu de Notre-Dame : il s'est planté de public en voulant élargir celui-ci. Ils ne savent pas s'ils doivent viser les enfants ou les adultes.
L'un comme l'autre racontent des histoires vachement plus sombres et matures que la ligne éditoriale Disney, alors florissant dans son second âge d'or, inauguré grosso merdo par La petite sirène (1989) et pas vraiment terminé à ce jour, malgré les demi-teintes du Bossu (1996) et entre 1999 et 2009 (Tarzan, Fantasia 2000, Dinosaure, Kuzco, Atlantide, La planète au trésor, La ferme se rebelle, Chicken Little, Bienvenue chez les Robinson, Volt, La princesse et la grenouille).

En fait, on remarque avec cette énumération que dès que Disney s'éloigne de son fonds de commerce, les princesses, les contes et la simplification d'histoires préexistantes, ça devient vite le chaos. Contrairement au Roi Lion, Mulan, Raiponce et surtout au très complexe et très dramatique Hercule, le Bossu, Tarzan et La planète au trésor ont tous été adaptés plus ou moins tels quels depuis les romans originaux et bon, voilà, ça fait pas rêver les gosses. Quant aux autres, soit c'est de l'epic fail qui ne fait pas date, soit c'est beaucoup trop élevé en termes d'écriture et d'humour pour viser les gosses (Kuzco), sans parler d'univers bien trop développés pour tenir la route dans le format animation familiale.
Atlantide et La princesse et la grenouille butent sur cet écueil-là.

Le Disney le plus contemporain à l'époque de sa sortie. 1914, le XXème siècle ! Il n'est dépassé que par Lilo et Stitch et La planète au trésor l'année suivante. #PasPourLesEnfants

Revenons donc au film du jour.
Atlantide, malgré une préparation et une écriture de malaaaaaaade (je vous renvoie à la vidéo que je linke en fin d'article pour une vision recherchée et documentée du projet, parce que sur mon blog, je donne mon avis en fonction de ma culture, je fais pas des masses de recherches derrière), n'est que l'embryon du film qu'il aurait dû être.
Concrètement, le problème repose principalement sur le fond du film, donc l'écriture de la narration et des personnages. Pêle-mêle, il y est question d'aventure héroïque, bien sûr, mais aussi d'archéologie, de gestion de l'héritage légué par les ascendants (grand-père pour Milo, parents pour Kida), du capitalisme qui exploite l'archéologie pour la rentabilité, des mercenaires qui font la même chose, mais à des fins personnelles, de pillage culturel, de génocide et aussi de légitimité.
Et elle, j'aime autant vous dire qu'on la cuisine à toutes les sauces : les Blancs évolués ont-ils le droit d'aller piller les vestiges d'une culture disparue ou mourante, les mercenaires doivent-ils aider leurs proches au prix du pillage culturel et du génocide, le gentil Blanc a-t-il le droit de se mêler des affaires de la culture mourante pour mieux la sauver bref, à peu près toutes les intentions des personnages sont passées au filtre de leur légitimité.

*_*

Ah bah tout de suite ça complique la compréhension et la grille de lecture hein. Les gamins, ils vont voir Milo et faire « lol, il bosse à la chaufferie, il tape sur la chaudière et il court pour être écouté », alors que les adultes déprimeront à l'idée de voir le dédain des riches actionnaires à l'égard des sciences humaines et de la science en général.
Alors que dans le film on conseille tour à tour à Milo de redevenir raisonnable et d'arrêter de poursuivre des chimères, puis d'aller se jeter dans le Potomac (fleuve de Washington), dans la réalité on se dirait « tiens, un manuscrit ancien, si on jetait un œil pour voir ce que ça raconte ? ».

Du coup, les enjeux sont trop élevés, mais comme Atlantide est un Disney – ou du moins il essaie de l'être – il manque clairement de rigueur dans son propos. Les enfants ne comprennent pas, les adultes comprennent trop.
Pour une fois c'est cool, on voit un scientifique réaliste. Loin du Doc Emmett Brown qui maîtrise seul tous les champs de la science, là on a un archéologue-linguiste, c'est cohérent. Sauf qu'il commence le film par indiquer que si on a pas trouvé le manuscrit atlante, c'est à cause d'une erreur de traduction. …attendez, les mecs ont traduit l'équivalent nordique de « COAST OF ICELAND » en proposant deux traductions différentes pour le caractère du C ? Y'a deux A, ils les ont traduit correctement, mais pas les deux C ?
Après, je pourrais chipoter sur le fait que la croix sur la carte d'Islande – qui à échelle réelle doit faire dans les 14 kms de côté – est à l'intérieur des terres et pas sur la côte, mais ce serait vilain de se moquer des savants qui sont pas capables de reconnaître deux occurrences d'un même caractère dans une inscription de deux à trois mots.

Allez, on se facepalme tous en chœur devant les mecs incapables de voir que le premier et le neuvième caractère sont les mêmes.

Dans le même domaine, les Atlantes comprennent l'anglais parce que « toutes les langues sont liées ». Alors déjà, les langues antiques n'ont à peu près rien à voir avec l'anglais moderne – ne serait-ce que parce que L'ANGLAIS MÉDIÉVAL n'a pas grand-chose à voir avec l'anglais moderne – ensuite les langues nordiques, les langues indo-européennes antiques (vraisemblablement de la même racine que l'atlante) et les langues germaniques (comme l'anglais) sont elles aussi à peu près aussi apparentées que le moustique, le béluga et le gibbon à mains blanches.
Les mecs, vous avez fait travailler de vrais linguistes pour créer une vraie langue fictive pour ce film et vous êtes pas foutus de faire ça correctement, sérieux ?

En plus le film est pas cohérent, parce qu'à un moment on voit une photo de Thaddeus Thatch qui est allé chercher le manuscrit en Islande, avec les personnages de l'expédition qu'on verra ensuite, alors qu'il est sous-entendu que le grand-père est mort des années avant le film, du coup si vous aviez le manuscrit du vivant du grand-père, pourquoi ne pas être allés chercher l'Atlantide à l'époque ? Fallait à tout prix attendre dix bonnes années que le petit-fils soit en âge de reprendre le flambeau ?
Ah non pardon : c'est juste que les linguistes ont été incapables de traduire ledit livre jusqu'à ce que Le Héros se pointe. Au fait, sur la base de quelle étude on devient linguiste en atlante ? Y'a des textes et tout, sur ce continent dont personne n'a la preuve de son existence ? #LaCohérence

"on a trouvé ça y'a 15 ans mais on s'est dit qu'on allait t'attendre, ça aurait été dommage de partir sans toi." *facepalm*

Et les personnages c'est pareil, ils sont écrits pour un public adulte dans un film pour enfants. Outre l'indécrottable et détestable cliché du Blanc qui sauve les indigènes en leur apprenant à utiliser leurs propres forces, le casting est composé de mercenaires idiots, instinctifs, cupides et moqueurs.
Vers la fin y'a même Rourke et Helga qui se disent que quitte à piquer une source d'énergie illimitée, autant provoquer un génocide au passage, ça rapportera davantage en le refourguant à ce connard militariste de Guillaume II d'Allemagne !
Et c'est pareil pour les autres ! Enzo, l'italien avec l'humour pince-sans-rire, au moment où Milo s'extasie sur une colonne probablement millénaire, il pose sa dynamite et fait « regarde, j'ai construit un pont en dix secondes ! » …mais tu viens de faire sauter un vestige, bougre de chiotte inepte et dégénéré !!!!

Les personnages sont drôles, ça on peut pas leur enlever. Mais ils sont aussi frustes, ineptes et totalement intéressés par le fric – ils avouent eux-mêmes que c'est pour ça qu'ils ont signé et Audrey veut du blé pour financer le garage de son père. Ils comprennent que dalle au manuscrit et à son intérêt culturel et archéologique, ils savent juste qu'il mène à un cristal énergétique ultra-puissant et qu'il faut cacher ça à Milo pour rafler le bijou en ninja.
Ils ouvrent le chemin vers l'Atlantide à grands coups de foreuse et d'explosifs sans trop se soucier des dégâts occasionnés, ils sont armés jusqu'aux dents pour ce qui devrait être une expédition scientifique, et pendant tout le film – j'ai trouvé ça génial – tu as ces mecs silencieux avec des masques à gaz qui ne sont pas sans rappeler la Grande Guerre qui commence quelques mois plus tard qui foutent une ambiance de merde donnant à penser qu'à un moment, ça va chier.

On les voit toujours à l'arrière-plan ou pour fermer une séquence jusqu'à ce qu'ils jouent un vrai rôle. Non mais c'est pas du tout stressant hein >_>

Je pense – et c'est l'avis d'à peu près tout-e-s celleux qui ont vu le film – que l'un des éléments les plus significatifs de l'échec à la fois commercial et éditorial d'Atlantide : l'empire perdu, c'est le personnage de Kida. Ça et le fait que le projet de série ait été abandonné pour une suite en direct-to-dvd que j'ai vue et trouvée aussi nulle que courte.
Kida, c'est l'ultimate omega of the feminism des princesses Disney. Elle est puissante, athlétique, indépendante, elle a quelque chose comme huit mille ans, elle est combative et dirige ses propres gars au combat, elle a des convictions et n'hésite pas à affronter verbalement son propre père – un roi qui doit avoir à peu près deux fois son âge – pour argumenter en faveur de la survie d'Atlantide, elle est super belle sans jamais être sexualisée et saluuuuuuut Nounou ♥_♥

http://supergiu74.deviantart.com/art/ATLANTIS-Kida-351889065
(le cosplay c'est trop bien (clique pour arriver sur le DeviantArt du photographe))

...pardon.
Bref, on emmerde ces ptites joueuses de Jasmine, Raiponce, Mérida et même Mulan, en termes de princesses Disney féministes combatives, indépendantes et classes bien comme il faut, Kida est la MAMA.
Sauf qu'elle n'a jamais été intégrée au sacro-saint panthéon des poupées barbie Disney à cause de l'échec de son film, et c'est pas dommage j'ai envie de dire, ils l'auraient ruinée encore plus que le film ne le fait déjà.
Non parce que, si Linksthesun dit que le Docteur Facilier (La princesse et la grenouille) n'est aussi cool que pendant les 3 minutes de sa propre chanson, Kida et toutes les qualités que je viens d'énumérer là, elles tiennent pas vingt minutes. Ensuite, le deus ex machina de la fin du monde se met en place et comme la cité d'Atlantide sélectionne elle-même ses candidats au sacrifice pour se préserver contre les menaces, Kida devient le cristal énergétique ultra-puissant que tout le monde s'arrache. 
Femme-objet. Enjeu narratif. Féminisme. Tout ça.

Bref, si on doit résumer le fond d'Atlantide, on en est là : des enjeux et des questionnements trop sérieux pour les enfants, mais pas assez bien traités pour les adultes. Des personnages secondaires rigolos, mais quand même écrits de manière assez sombre et moralement ambiguë pour qu'on se pose des questions à leur sujet, jusqu'à ce que la morale Disney revienne au galop et que, en fait, causer un génocide c'est pas super pour le karma. Bon, piller une culture disparue non plus, mais passons.

"Mon père voulait des fils, moi je l'aide comme mécanicienne et ma sœur sera championne de boxe."
Atlantis ne pose même pas les questions du genre et de la représentation féminine : les femmes font ce qu'elles veulent, elles sont des personnages à part entière jamais définis par leur genre. POINT.
Ça devrait être aussi évident dans toute la culture. A noter que, parmi les scénaristes du film, un certain Joss Whedon, déjà champion de la diversité et des minorités dans Buffy contre les vampires.

Ah bah c'est dommage parce que dans ses aspects formels, Atlantide roxxe du poney de mémé dans les orties. Le graphisme est très adulte, avec pas moins de 4 personnages féminins différents qui ne sont pas traités comme des femmes, mais comme des personnages variés, avec leur personnalité, et leurs particularités. Des personnages masculins tout aussi variés, et de façon générale un regard bienveillant et tolérant envers les bizarreries et les minorités : un grand maigre, un petit gros, un afro-amérindien, un vieux dégueulasse qui jure et brille par son ineptie...
Et en plus, il faut le signaler : une partie du design visuel du film est inspiré de Jules Verne ET CE FILM C'EST DU PUTAIN DE STEAMPUNK !! ♥ ♥ ♥
Pareil, l'animation et les décors, c'est, conformément à l'époque de sortie, un mélange de dessin à la main et d'animation de synthèse, l'Atlantide, avant et après le dénouement, est super classe, sans parler du design des Atlantes, de leurs tatouages et fringues (ça fait d'ailleurs plus tribal qu'antique-océanique, si vous voulez mon avis, et dans l'Atlantique il fait plus froid que dans le Pacifique Sud) et de leurs véhicules (les fameux trucs qu'ils savent pas faire marcher sans que le Blanc leur explique).

Un sous-marin, des rouages, de la vapeur, du steampunk, tout ça.... et un cimetière de bateaux gardé par un Leviathan mécanique. 20 000 lieues sous les mers, et tout et tout.

L'écart entre la production et le résultat fini est tellement grand concernant Atlantide que des concept arts qui n'ont pas ou à peine été utilisés dans le film fourmillent, et quand on les voit, franchement c'est dommage.

La bande-son est ahurissante parce que pleine de trucs qu'on voyait pas ou peu chez Disney à l'époque. Des thèmes héroïques (Milo meets Kida, The crystal chamber, et The submarine en est même le paroxysme), des sonorités tribales avec des chants ethniques (Milo meets Kida, The city of Atlantis, The crystal chamber), des musiques pleines de tension dramatique (The Leviathan, Fireflies) et ZÉRO CHANSON.
En même temps c'est composé par James Newton Howard, donc pas exactement une petite frappe de la composition musicale au cinéma, des années avant que Disney ne se décide à débaucher les grands Michael Giacchino et Henry Jackman sur à peu près tous les Classiques d'Animation.
Non parce que bon Alan Menken il est bien gentil mais 1. il a fait la moitié des grands Disney des années 90 et 2. à part ça il a quasiment rien fait. 
D'un coup, ça place bizarrement Hans POIIIIIIN Zimmer à la musique du Roi Lion comme un sacré précurseur ^^


Je finis cet article décidément très long avec le doublage, parce que j'y tiens beaucoup.
Concernant les Disney je suis de la vieille école, mis à part les derniers que j'ai découverts en VOST (Zootopia, Big Hero 6 et cette merde de Frozen) – le fait même que je les appelle par leur titre original étant éloquent – je regarde les Disney en VF.
Et il se trouve que, malgré ses nombreux défauts, le doublage d'Atlantide est clairement à mettre à son crédit. Outre Gérard Hernandez, couteau-suisse de Disney France, Laura Blanc qui a elle aussi une sacrée carrière (elle est la VF de Jennifer Garner, Kate Beckinsale et elle a doublé beaucoup trop de jeux vidéo pour les mentionner ici) et la VF principale de Michael J. Fox (Retour vers le futur) pour Milo Thatch, le personnage d'Helga Sinclair est doublé par Juliette Degenne.

Comment vous dire… c'est la VF de Famke Jenssen et Uma Thurman, autant dire qu'on l'entend partout et surtout dans les films X Men. Malgré sa faible présence dans l'animation (5 films dont Les Indestructibles avec Mirage), c'est elle qui double Adrianne, Aela la chasseresse et Astrid dans Skyrim. C'est elle qui double Atia Balba dans la série Rome, c'est la narratrice dans le Cendrillon de 2015, c'est elle Vanessa dans Deadpool et Mon Mothma dans Rogue One, c'est elle Mia dans Love Actually, c'est elle Emily dans Le diable s'habille en Prada, c'est elle Cruella dans Once Upon A Time, elle est dans trois Assassin's Creed et dans une douzaine d'autres jeux vidéo parmi lesquels un Star Wars, un Dragon Age, un Kingdom Hearts, deux Resident Evil et un Tomb Raider.


Juliette Degenne est ma seconde comédienne de doublage préférée entre Caroline Pascal et Barbara Tissier, et tu vois ce truc de merde du cinéma français qui dit que dès qu'on a besoin d'un acteur qui fasse ado ou jeune con on va chercher Vincent Lacoste ?
Quand le doublage français a besoin d'une femme mûre, forte et indépendante avec un charme indéfinissable, quelque chose de chaleureux et un peu sensuel, on va chercher Juliette Degenne. Alors on est beaucoup à sauter sur les VO dès que possible, moi le premier, mais y'a beaucoup de gens qui préfèrent la VF pour qui Juliette Degenne est une incontournable sans même qu'ils connaissent son nom.
C'est pas compliqué, dès que j'entends sa voix quelque part, je sais que je vais adorer le personnage, même si c'est un méchant. Elle a la maîtrise et le talent, elle en fait jamais trop, elle a juste ce qu'il faut de retenue ou d'interprétation pour être parfaite, et de mes deux visionnages de la série Rome, j'ai largement préféré celui en VF, à cause de Juliette Degenne.

D'un autre côté, ce que j'adore dans la localisation française d'Atlantide, c'est que les mecs ont bien compris que si dans « comédien de doublage » on pouvait pas avoir des spécialistes du doublage, avoir des comédiens c'était bien quand même. Au contraire, de, au hasard, les pignoufs qui ont récupéré Squeezie pour Ratchet et Clank, qui du coup se paie de luxe de côtoyer l'immense Patrick Poivey, excusez du peu.
Bref, dans Atlantide, on a donc des comédiens qui sont pas spécialisés dans le doublage et qui sont quand même totalement à fond dans leur rôle, à hauteur d'environ 2450%. Jean Reno, le monument du cinéma français d'origine espagnole, est tellement bluffant dans le rôle d'Enzo l'italien qu'on imagine difficilement une autre voix française à sa place. L'humour froid et sarcastique, les sous-entendus et la blague sur la nitroglycérine, putain, je meurs XD
A ses côtés, Mouss Diouf donne voix à un Docteur Gentil aussi énergique et amical que débordant d'humour – encore une fois, le dialogue qu'il fait tout seul en rencontrant Milo est à pleurer de rire – tandis que ce génie comique de Patrick Timsit rend Gaëtan « la Taupe » Molière (parce qu'en anglais, mole c'est la taupe) aussi délirant, cinglé et incompréhensible qu'attachant.

Les conversations radio et les répliques blasées de Madame Placard, sérieusement, ça vaut tout l'or du monde :')

Du coup, y'a des films comme ça dont la VF est aussi bonne voire meilleure que la VO, et si j'ai jamais vue celle d'Atlantide, je vous assure que notre doublage national mérite tout à fait le coup d'œil et rattrape assez agréablement les défauts du film.



En bref : ce film d'animation est clairement trop riche et trop mature pour Disney. Il a atterri bien en-dessous de ses ambitions et il est presque certain que, s'il les avait atteintes, il aurait connu le même échec, pour la raison simple qu'il est destiné aux adultes dans un studio pour enfants – y'a qu'à voir le Bossu de Notre-Dame à côté duquel on est tous passés quand on l'a vu dans notre jeunesse.
Atlantide : l'empire perdu est à la fois beau visuellement et musicalement, souvent très drôle et très intéressant dans sa conception. Alors certes, c'est un échec critique, avec quelques idées vraiment tendancieuses niveau représentation de la femme et des cultures indigènes, mais je l'adore et je m'en lasse pas.

Voir aussi :
 - le Bolchegeek : l'Atlantide aurait-il pu être un bon Disney ?

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