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17.9.17

East Village : série noire et couleurs chez Netflix.


Jessica Jones.

Créateur : Melissa Rosenberg.
Origine : États-Unis.
Date de diffusion : à partir de novembre 2015 sur le réseau Netflix.
Nombre de saisons : une de 13 épisodes.
Genre : super-héros, polar, thriller psychologique.

Interprètes principaux.
Krysten Ritter : Jessica Jones, détective privée douée d'une force surhumaine, adoptée dans sa jeunesse par la mère de Trish Walker.
Mike Colter : Luke Cage, propriétaire d'un bar d'East Village, doué d'une force surhumaine et d'une peau impénétrable.
Rachael Taylor : Trish Walker, célèbre animatrice radio et sœur adoptive de Jessica Jones.
Eka Darville : Malcom Ducasse, voisin de Jessica Jones et junkie imprévisible.
Will Traval : Will Simpson, policier de Hell's Kitchen sous l'influence de Kilgrave.
Carrie-Ann Moss : Jeri Hogarth, froide et impitoyable avocate d'un puissant cabinet.
David Tennant : Kilgrave, ancien ravisseur et amant de Jessica Jones, capable de dominer quiconque par la suggestion vocale.

East Village, New York, de nos jours. Jessica Jones, jeune femme solitaire souffrant d'un syndrome post-traumatique, vient d'ouvrir son agence de détective privée. Elle abandonne, ce faisant, son ambition d'utiliser sa force surnaturelle pour servir le bien commun et l'héroïsme, mais tente aussi de fuir Kilgrave, un homme capable d'influencer n'importe qui par sa seule voix, et qui a soumis et brisé Jessica.

Cependant, sa première enquête est un dur retour à la réalité : une étudiante a disparu sans laisser de trace, apparemment sous l'influence de son mystérieux petit ami.



Jessica Jones, seconde série de la partie télévisée du Marvel Cinematic Universe, démarre fin 2015 avec déjà un désavantage qui sera partagé par les deux séries suivantes, Luke Cage et Iron Fist : Daredevil est un personnage déjà connu du public, qui a eu un film et qui bénéficie d'une solide réputation en tant que l'un des membres principaux du roster Marvel avec les X Men, les Vengeurs et les principaux éléments de ces deux équipes (dont il n'a jamais fait partie personnellement). Jessica Jones, Luke Cage et bon il est temps que je connaisse et retienne enfin son nom, donc Danny Rand, personne ne les connaît en dehors des amateurs de comics. Et même chez Marvel en général, ils font à peine figure de seconds voire troisièmes couteaux, loin derrière les membres les moins emblématiques des Vengeurs comme Ant-Man, la Guêpe, Black Panther, Miss Marvel/Captain Marvel (c'est une seule personne) ou encore Stephen Strange (pour ne citer que ceux qu'on a vus ou qu'on va voir au cinéma).

Ah ouais au fait, euh, y'a un grand balèze qui apparaît là avant d'avoir sa propre série...

Cela dit, puisque Marvel envisageait clairement - depuis on est même passés à la réalisation concrète avec 2 séries et une troisième, The Defenders, en préparation - de monter un volet à petite échelle, version "super-héros prolos" de son MCU, du coup il faut que chacun-e ait une identité propre que le public puisse reconnaître aisément. D'où l'un des aspects principaux de Jessica Jones : les couleurs. Aspects qu'on retrouve dans chaque série, maintenant que j'y pense : Daredevil c'est le rouge, Luke Cage c'est le jaune, Iron Fist ça a plutôt l'air d'être le vert, et Jessica Jones donc, c'est le violet.
Clairement, le générique des séries Netflix est du genre graphique, le genre d'opening qu'il est dommage de zapper parce que c'est pas très long, mais c'est super beau (contrairement, par exemple, au générique de Game of Thrones, dont la musique est super répétitive mais qu'on regarde uniquement pour savoir quels lieux seront mis en scène dans l'épisode du moment. Ou alors on fait comme moi on s'en tape et on zappe).
J'en avais pas parlé à propos de Daredevil parce que le générique est plus court et qu'il me fait penser à ceux des Dix Petits Nègres ou de Black Sails en ceci qu'il est constitué de couleurs abstraites qui finissent par composer des objets précis (en finissant sur la figure du diable éponyme), mais celui de Jessica Jones met clairement l'accent sur la fonction du personnage : c'est une détective privée, elle épie, espionne, observe.


Du coup comme vous le voyez dans la seconde vidéo ci-dessus, Jessica Jones hérite clairement de l'ambition qui était déjà celle, aboutie, de Daredevil, à savoir de représenter le polar noir au format sériel et avec une super-héroïne en rôle principal. Après tout, ça n'a absolument rien d'étonnant, le mystère et l'enquête sont des éléments narratifs constitutifs du polar et c'est précisément de ça qu'il s'agit avec pour protagoniste une détective privée.
Cependant, c'est assez ironique, les ambitions ne sont pas concrétisées par la mise en scène : on se retrouve à nouveau, c'est à la fois logique et heureux vu le propos, face à une série aux dehors plutôt austères, et encore une fois, une bonne partie de l'intrigue se déroule le soir, la nuit, ou dans des intérieurs assez peu accueillants.
En outre, histoire de parfaire le tableau, le personnage de Jessica Jones est une petite brune d'apparence assez frêle - c'est surprenant et original - qui boit comme un trou - le polar, le détective porté sur la bouteille, tout ça - et qui ne se soucie que très moyennement de ménager la susceptibilité des gens - et ça c'est absolument génial, parce que ça m'a rappelé d'autres héroïnes de séries que j'adore, comme Max Guevara (jouée par Jessica Alba) dans Dark Angel, ainsi que Buffy Summers et Faith Lehane (Sarah Michelle Gellar et Eliza Dushku) dans Buffy contre les vampires.


Enfin, ça c'est jusqu'à l'apparition de l'adversaire, Kilgrave, incarné par David Tennant, dont je pensais au début qu'il était doué pour jouer les méchants. En fait non, il est juste doué pour jouer Kilgrave, personnage ambigu et changeant s'il en est (Tennant était pourri en Barty Croupton Jr dans Harry Potter et la coupe de feu, mais faut admettre qu'on lui avait aussi donné de la merde à jouer, ces films sont pourris jusqu'au trognon).
Alors, j'admets, je suis pas spécialiste des couleurs, de leur signification et de leur symbolisme, j'ai juste de rapides bases en la matière grâce aux nombreux films, séries et jeux vidéo que j'ai vus, mais je voudrais juste signaler un truc. Le Joker de Batman a souvent été représenté en violet (c'est le cas pour ceux de Jack Nicholson et Heath Ledger), Adrian Veidt/Ozymandias (Watchmen) porte un costume violet quand il n'est pas en super-héros, et le personnage de Samuel L. Jackson dans Incassable de M. Night Shyamalan en fait autant (ce qui est en fait une référence à Watchmen). Et on a donc Kilgrave qui est lui aussi adepte du costume violet.... c'est un truc de méchant, un truc de taré, ou les deux ?

En plus il est souvent très drôle ^^ A un moment il fait "tu sais pas ce que c'est d'avoir ce pouvoir ! Je dois faire attention à tout ce que je dis ! Une fois, j'ai dit à un mec d'aller se faire foutre !..."

Bref, sans vouloir spoiler, vous me connaissez, j'adore la narration, et j'aime aussi beaucoup les personnages de méchants complexes, faillibles et changeants, avec un passé bien défini, des raisons concrètes et explicables qui font qu'ils sont de vrais connards. C'est notamment ce que j'ai adoré dans les personnages de Gabriel Gray/Sylar (Heroes) et de Handsome Jack (Borderlands 2 et Borderlands la pré-séquelle). Du coup, ici, j'ai été absolument ravi d'une orientation prise par Jessica Jones en milieu de saison, qui ne fait qu'enrichir la relation entre l'héroïne et sa némésis anglaise.

D'ailleurs, c'est à peu près à ce moment - un peu plus tard en fait - que la série met en scène son autre grand volet narratif, passe outre le côté polar qu'on trouvait déjà dans Daredevil, et devient un thriller psychologique. Ça a beau être une série de super-héros avec du surnaturel, c'est bien moins marqué que chez Matt Murdock, et Jessica Jones est littéralement aux abois alors que Kilgrave, anonyme et discret, peut être absolument n'importe où.
Nécessité d'auto-défense et de contrôle oblige, Jessica fait appel aux deux personnes auxquelles elle est le plus liée, sa sœur adoptive et l'avocate en instance de divorce pour laquelle elle travaille régulièrement, ce qui résulte très agréablement en une série avec trois personnages féminins forts et indépendants. Trish Walker, qui contribue avec sa sœur à instiller une ambiance un peu sarcastique, pratique aussi le Kravmaga et se révèle souvent essentielle à l'intrigue.


En fait, le seul reproche que je pourrais faire à Jessica Jones est que la première saison se termine avec un dénouement moins ouvert que les deux de Daredevil, ce qui laisse évidemment de nombreuses interrogations en suspens quant à la présence de la détective dans la future The Defenders (et notamment sur les raisons de son implications avec Matt Murdock, déjà).
La série est cependant riche en humour et débordante de suspense, y'a pas trop d'effets spéciaux (là encore du pyrotechnique essentiellement) et ils sont bien fichus, ce qui fait que l'esthétique audiovisuelle correspond plutôt bien à cette atmosphère de polar psychologique qu'on veut nous raconter.


En bref : Jessica Jones confirme l'ambition de Marvel de produire des séries qui ne ressemblent pas aux films du MCU et qui constituent une ligne éditoriale "super-héros prolétaires". L'intrigue est sympa, un peu lente et pas très accrocheuse au début, mais vraiment prenante dès le 3ème épisode, avec un Kilgrave absolument génial et plein de rebondissements très bien trouvés. Vu que c'est porté par trois personnages féminins forts - un élément narratif qu'on a déjà vu dans Daredevil - qui pour une d'entre elles est déjà apparue dans Daredevil, ça donne très envie de voir la suite !

 Y'a aussi quelques flashbacks de l'époque où Trish était moins forte et Jess beaucoup trop mignonne ♥

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