Pandora's Box.
Développé par : Alexey Pajitnov.
Genre : puzzle-game.
Date de sortie : 1999.
Support : PC.Pandore, la première femme a reçu des dieux de l'Olympe de nombreux présents : la beauté, l'intelligence ou la curiosité, mais surtout une précieuse boîte, qu'elle ne manque pas d'ouvrir malgré l'interdiction.
Sept esprits malicieux s'en échappent et décident de semer le chaos dans le monde : Pandore doit alors résoudre leurs énigmes pour les enfermer à nouveau dans sa boîte.
Pandora's Box, ou Microsoft Pandora's Box comme il est souvent appelé, a été développé principalement par le créateur de Tetris, Alexey Pajitnov, pour le compte de la célèbre société de Seattle, et ça se voit à de nombreux égards.
En ce qui me concerne, je l'ai découvert quand, avec mon premier ordinateur, chez mon paternel, avait été offert un disque de logiciels variés parmi lesquels du traitement d'images (ACDSee notamment ou Photo Express 4 qui a été mon premier logiciel de retouche de photos ^^) et deux jeux : Empire Earth et donc Pandora's Box.
Et j'ai adoré au premier coup d'œil, j'étais fasciné par ce titre, je pouvais passer des heures à y jouer.
Alors, évidemment j'ai fini par le perdre de vue avec les années, je l'ai guetté un moment sur les sites d'achat avant de renoncer parce que 150 euros pour un titre qui n'est connu pour sa rareté faut pas déconner, et puis je l'ai retrouvé sur Abandonware et, après une tentative manquée avec DaemonTools, j'ai pu le faire tourner avec le générateur de lecteur virtuel Virtual CloneDrive. Du coup si ça vous intéresse vous savez quoi faire.
Et du coup, qu'est-ce qui me fascine à ce point dans ce jeu ? Ben, de mon point de vue, c'est juste le plus beau PUZZLE GAME DU MONDE (bitch).
Dans l'ordre, Maui, Puck, Éris, le Coyote, le Singe, Anansi et le Corbeau.
Blague à part, ce jeu se révèle très vite être un melting-pot culturel aussi riche qu'incontrôlable, et en le voyant on se demande si ça aurait été réalisable sans Microsoft.
Parce qu'en fait, les sept esprits échappés de la boîte de Pandore sont autant d'avatars de l'imprévisibilité - pour une fois on échappe au sempiternel écueil de Loki - qui se répartissent un peu partout dans le monde (bon, y'a pas d'Asiatique, mais tant pis).
Et comme on les trouve sur toute la planète, le joueur voyage de ville en ville pour retrouver leur trace : dans chaque ville, des séries de 8 puzzles dont certains dissimulent des indices (pour se faire aider à la résolution), des jokers (pour résoudre instantanément un puzzle) et un objet unique qui mène au magicien en fuite.
Là on commence à saisir l'énormité du machin, qui m'inspire un respect infini chaque fois que j'y repense : pour chaque ville du jeu, les développeurs ont sondé des bases de données iconographiques énormes à la recherche de tableaux, de dessins, de photos, de sculptures etc. qui pouvaient offrir de bons puzzles, et pour chaque image, ont réfléchi à quel type de puzzle s'appliquait le mieux, et on précisé dans le jeu les références des images chaque fois que c'était possible (auteurice et titre).
Pour les objets en relief le puzzle est évidemment l'Art-Déco (replacer sur un objet les textures de ses faces, donc ses motifs et couleurs) ou la Pyramide (reconstruire un objet coupé en tranches).
Artiste inconnu, L'exécution de Nathan Hale.
Puzzle en domino. Nathan Hale, capitaine de la Guerre d'Indépendance américaine, est considéré comme le premier espion américain.
Parmi les autres types de puzzles, mes préférés sont Perspective (une image est coupée en carrés et rectangles de différentes tailles, qui sont mélangés, et il faut les replacer en s'aidant des échelles d'image), Domino (une image est coupée en petits morceaux en forme de L et il faut s'aider des parties déjà placés pour la reconstituer) et Mosaïque (une image est coupée en bandes verticales et horizontales qu'il faut replacer pour recomposer l'ensemble).
Il y a aussi Coloriage (des formes en fil de fer les unes sur les autres à séparer par la couleur), Découpage (une image, cachée par un fond uni, qu'on ne peut voir qu'à travers quelques morceaux coupés mobiles qu'il faut replacer au bon endroit), qui sont assez difficiles et trois autres que je n'aime pas du tout, comme Rosace (l'image est ronde, coupée en arcs de disque, y'a un espace vide et il faut les déplacer pour résoudre le puzzle).
Pour ce qui est des documents iconographiques utilisés, je l'ai laissé entendre, on est confrontés à une richesse qui donne le vertige : les peintres paysagistes allemands et américains du XIXème sont invoqués au milieu de la Renaissance franco-italienne, les splendeurs des monarchies anciennes de Russie, d'Espagne ou du Japon côtoient les principautés italiennes et hollandaises, l'art traditionnel africain, océanique ou méso-américain est aussi de la partie...
Ce que j'ai trouvé intéressant c'est que, même dans les cas les plus emblématiques, les développeurs et artistes du jeu n'ont pas cédé à la facilité : les grands noms des musées, la Joconde, le Radeau de la Méduse, les chefs de file français du XIXème ne sont pas présents dans ce jeu. Pour vous donner un exemple, un peintre flamand du XVIème siècle, Pieter Bruegel le Jeune, a réalisé un Paysage d'Hiver (qui est une copie d'un tableau de son père Pieter Bruegel l'Ancien) et ce n'est même pas la version la plus connue qui est dans Pandora's Box. Pareil pour les représentations du Colisée de Rome, ce sont toujours des artistes que le grand public (et même les amateurs d'art à moins d'être vachement spécialisés) ne connaissent pas.
Pieter Brughel le Jeune, Paysage en hiver, et je connais pas la date ni le le lieu de conservation.
Si vous cherchez sur Google, c'est la version la plus connue, Paysage en hiver avec un piège à oiseaux, que vous trouverez.
Pour accompagner ce foisonnement visuel et soulager les casses-tête parfois ardus que propose le jeu, la bande-son est logiquement très douce et apaisante, limite un morceau - aucun ne dépasse guère les 2 minutes - peut tourner en boucle, il devient vite un bruit de fond agréable. A la limite y'a juste un bruitage qui fait un peu effet magique, qui est joué dans certains puzzles quand on place une pièce, qui peut être un peu agaçant à la longue.
Mais globalement, les thèmes du jeu sont très doux et apaisés et c'est tant mieux si un puzzle doit durer super longtemps, par exemple le défi de Puck, le second esprit en fuite. Le Puck en question, c'est celui de la mythologie celte référencé dans le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare (que j'ai articlé ici), donc il se cache en Angleterre, et l'image derrière laquelle il se dissimule est un buisson de roses multicolores. En puzzle. Le cauchemar.
Glen Allison, Port de Sydney.
Puzzle en Mosaïque. Chaque filtre comporte une série de bandes (elles sont déplaçables d'un onglet à l'autre) et ce puzzle est surtout facile sous un filtre bleu, parce que c'est juste l'image avec des tons froids. En vert ou en magenta c'est assez compliqué, je trouve.
Autour du lutin anglais, on a donc Maui, l'esprit créateur de Hawaï, Éris, la déesse grecque de la discorde, Anansi, un dieu africain, le Singe, du même continent, ainsi que le Coyote et le Corbeau, tous deux issus de la mythologie des Natifs Américains (du nord donc), le premier dans le sud des actuels États-Unis, chez les tribus de la Californie au golfe du Mexique, et le second dans les tribus du nord de la façade Pacifique.
Comme on pourrait s'y attendre, les musiques du jeu sont donc inspirées des régions traversées dans ce qu'elles ont de plus emblématique : pour l'Espagne par exemple on parle de l'âge d'or des XIVème et XVème siècle, avec un quelque chose d'austère et d'ensoleillé qu'on imagine bien dans un palais andalou. La France a le droit à de l'accordéon et au l'ambiance doucement festive du XIXème siècle ou du début du XXème, tandis que le romantisme italien de Venise ou Florence est à l'honneur avec de la mandoline.
France, Italie, même combat : l'AMOUR !!! ♥ ♥ ♥
Si, pour l'extrême-Orient, un thème unique japonisant a été composé, les niveaux des "boss", des magiciens fugueurs, se paient carrément le summum de l'ambiance feutrée et magique avec de la harpe et des instruments à vent. Mais ma préférence va à la glorieuse Angleterre impériale qu'on ressent dans son thème musical, ainsi qu'à deux thèmes particuliers.
D'abord, le premier entendu dans le jeu, dans la ville inaugurale de New York, qui figure des chœurs de Natifs-Américains, mais aussi et surtout le thème d'Australie/Pacifique Sud qui déborde de soleil, d'océan et d'instruments exotiques. Quand on sait que Maui est le premier adversaire et qu'une partie de sa quête se situe à Hawaï...
Ce qui est intéressant d'ailleurs c'est que le jeu commence à New York pour Maui et se termine à Seattle pour le Corbeau. On débute et on finit par la même musique.
D'ailleurs, je pense que la musique jouée sur la carte du jeu est une des plus belles qui soient, et elle résume parfaitement Pandora's Box. Ça commence par un thème assez classique, des cordes frottées et un rythme qui rappelle un battement mélodieux, puis l'exubérance des instruments à vent anglo-saxons mâtinés d'accordéon français. Au bout d'une minute, des pulsations légères à la harpe signalent qu'on est dans un jeu qui traite de magie, de mystère et de mythologie, puis arrivent les sonorités arabes et orientales, les chœurs Natifs-Américains et Africains, sur fond de percussions ethniques, et le battement mélodieux du début, qui n'a presque jamais cessé, reprend le dessus.
Tellement de cultures différentes et d'harmonie en juste deux minutes de musique !! J'adore !!
D'ailleurs, je vous mets le lien de la bande-son complète si ça vous dit, de nombreux thèmes (l'Amérique du sud, le Japon, la Russie...) sont très jolis, en plus de ceux que j'ai cités.
De fait, chaque ville possède deux thèmes : un pour la ville elle-même, et un pour les puzzles qui y sont joués.
En bref : Pandora's Box est un jeu d'un genre très particulier, le puzzle-game, et on aime ou on n'aime pas. Cela étant dit, il brasse un fonds culturel et iconographique absolument énorme, depuis ses musiques jusqu'à ses innombrables tableaux, photos et autres gravures. Ses musiques sont belles, ses images sont originales et intéressantes, et avec 10 types de puzzles différents, il y en a pour tous les goûts et toutes les difficultés. Malgré l'absence de grande résolution adaptée aux ordinateurs modernes, c'est clairement un jeu qui n'a pas vieilli.
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