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20.12.19

Bryan Fuller est définitivement mon showrunner préféré.


Wonderfalls.

Créateur : Bryan Fuller et Todd Holland.
Origine : États-Unis, Canada.
Date de diffusion : du 12 mars au 1er avril 2004.
Nombre de saisons : une saison de 13 épisodes.
Genre : fantastique, drame, humour.
Vue en VOST.


Interprètes principaux.
Caroline Dhavernas : Jaye Tyler,  jeune employée d'une boutique de souvenirs des Chutes du Niagara.
Tyron Leitso : Eric Gotts, jeune barman du Barrel débarqué du New Jersey.
Lee Pace : Aaron Tyler, frère aîné de Jaye et étudiant en doctorat des religions.
Tracie Thoms : Mahandra McGinty, meilleure amie sarcastique et afro-américaine de Jaye et serveuse au Barrel.
Katie Finneran : Sharon Tyler, sœur aînée de Jaye et Aaron et avocate en droit de l'immigration.
Diana Scarwid : Karen Tyler, mère de Jaye, Aaron et Sharon et célèbre autrice de guides de voyage.
William Sadler : Darrin Tyler, père de Jaye, Aaron et Sharon et médecin réputé.


L'État de New York, États-Unis, de nos jours. Jaye Tyler est une jeune diplômée de philosophie désabusée travaillant dans une boutique de souvenirs au pied des Chutes du Niagara, écrasée par la protection envahissante de sa famille à qui tout réussit.
Déjà mise à mal par les clients auxquels elle doit se confronter tous les jours, Jaye est encore plus désarçonnée quand des objets en forme d'animaux se mettent à lui parler pour la pousser à faire le bien autour d'elle.


Wonderfalls est à l'image de deux autres séries de Bryan Fuller que je connaissais avant celle-ci, Pushing Daisies (2007-2009) et Dead Like Me (2003-2004), ce pourquoi elle m'a énormément plu. Comme ses deux sœurs, elle propose un récit fantastique et excentrique mi-poétique mi-dramatique (et re-mi-poétique derrière) et comme celles-ci, elle n'a pas eu de chance sur la diffusion.
En fait, même si, sur ce dernier point, elle est à rapprocher de Pushing Daisies (les deux ont été annulées), sur le propos elle ressemble davantage à Dead Like Me en ceci que la narration se situe dans un cadre géographique réaliste et identifiable.

Malgré quelques ajouts comme cette statue d'une jeune Native-Américaine autour de laquelle est contée une légende locale, le lieu de la série est assez identifiable, comme certains l'ont décrypté sur ce site.

Le truc c'est que l'un des enjeux de la série est la nature des objets qui prennent la parole pour faire de Jaye leur messagère de bienfaisance : la série n'est jamais vraiment explicite à ce sujet, mais une des hypothèses est qu'il puisse s'agir de Dieu - tous les objets parlants sont des animaux, donc avec un visage, et un épisode au moins souligne le fait que les objets ne peuvent plus parler si on les leur en prive (l'un d'eux est brisé).
Bref, ce postulat a fait de Wonderfalls, aux yeux des connards de diffuseurs qui gèrent les chaînes télés américaines une rivale du Monde de Joan (Joan of Arcadia en VO), qui traite du même sujet : Dieu prend la forme de nombreux humains anonymes pour parler à une adolescente et lui faire faire le bien (contrairement à Wonderfalls, cette série assume totalement sa métaphore d'une Jeanne d'Arc moderne).
Moralité : Wonderfalls a été annulée au bout de 4 épisodes (d'où la période de diffusion microscopique) par manque d'audience et d'intérêt de la part des diffuseurs, qui ont daigné balancer un DVD de 13 épisodes par la suite.

L'incompréhension, le soutien moral ou l'invasion affective de la famille Tyler autour de Jaye sont sujettes à une narration intéressante et pour le coup le casting est génial, à commencer par Lee Pace ♥

Mahandra (Tracie Thoms) est elle aussi géniale puisqu'elle fait presque figure de second personnage principal auprès de sa meilleure amie.

Ce qui est quand même dommage parce que, je l'ai dit, la série ressemble un peu, dans son cadre narratif, à Dead Like Me : on est dans un monde concret et rationnel malgré quelques escapades en terrain mystique (notamment un épisode dans une tribu Native-Américaine qui doit remplacer son chamane et où on apprend que Mahandra possède un huitième de sang Natif) et les personnages secondaires sont la porte ouverte à de nombreux développements réalistes. Par exemple, l'un des épisodes a pour objet les lois sur l'immigration aux États-Unis, en la personne de la gouvernante des Tyler, que Jaye et Aaron vont chercher au Canada après qu'elle ait été expulsée pour défaut de titre de séjour.
De même, il aurait été intéressant, si la série avait été poursuivie, d'écrire des choses sur les conséquences du "pouvoir" de Jaye sur l'image publique de ses parents, tous deux célèbres et réputés, et Bryan Fuller a même admis avoir eu des pistes de réflexions pour la suite de la narration.
Bref, pour ce qui est des 13 épisodes qu'on a sous la main, on va pas se mentir, on est quand même sur un univers bien développé, avec dynamisme et concision. Les interprètes de la série ne sont pas très connus à l'exception de Lee Pace (et encore, à l'époque il débutait) et William Sadler, dont la carrière est totalement dingue depuis les années 80 (il a notamment joué l'antagoniste principal dans Die Hard 2 : 58 minutes pour vivre), mais ça ne les empêche pas d'être tout à fait honorables dans leurs rôles.

Le manager de la boutique de souvenirs où elle bosse... disons qu'il est pas stupide, mais qu'est-ce qu'il est chiant XD Le cliché du petit chef qui pète plus haut que son cul et passe son temps à fliquer Jaye ^^

Évidemment, on pense à Caroline Dhavernas, Canadienne francophone qui incarne Jaye et oscille très bien entre l'humour noir, la frustration, la joie et le drame (un peu comme George Lass, héroïne principale de Dead Like Me), mais Katie Finneran est aussi géniale dans le rôle de sa grande sœur (elle permet d'ailleurs un peu de représentation LGBT même si ce n'est pas très exploité dans la série). Dans la seconde partie de Wonderfalls, Lee Pace et Tracie Thoms voient leurs personnages respectifs être développés ensemble de manière très drôle et intéressante (avec des jeux de mots ethniques, puisque Mahandra, meilleure amie de Jaye, considère Aaron comme un frère, et pour une Afro-Américaine, "frère" ça désigne aussi les hommes Noirs).
Tout ça pour dire que, malgré le format court de Wonderfalls, les acteurices sont à fond, les rebondissements sont au rendez-vous et le dénouement très satisfaisant n'intervient que dans le tout dernier épisode (et à la toute fin). Décidément, entre ça et Pushing Daisies quelques années plus tard, Bryan Fuller maîtrise à la merveille le timing narratif de ses histoires.

Qui plus est, l'aspect fantastique de Wonderfalls est moindre que dans Dead Like Me (où les Faucheuses et tout ce qui les entoure, les morts, les passages dans l'au-delà étaient sujet à effets spéciaux), ce qui fait qu'ici, seuls les animaux et quelques scènes plus ponctuelles (genre l'épisode centré sur l'exploit historique et remis en scène de descendre les Chutes du Niagara dans un tonneau) doivent éblouir visuellement - et ça marche.
Les objets en forme d'animaux sont assez variés, leur animation est très réussie, si bien que le reste un peu plus fluctuant dans l'esthétique - les lumières, les décors, notamment les intérieurs - passent comme une lettre à la poste. D'ailleurs, la mise en scène est aussi efficacement soulignée par la musique, tant le registre de la série est varié - en fait on s'attache tellement à Jayce qu'on finit par être triste pour elle quand elle perd pied, se croit folle ou abandonnée de tout le monde. Alors qu'à côté, le générique de la série est pile ce qu'il doit être : court, dynamique, plaisant.


"lèche l'interrupteur !"
...attends, quoi ? XD
(ah par contre je précise que j'ai trouvé l'image comme ça sur Internet mais les animaux n'ont pas de bulles quand ils parlent, pas de mise en scène graphique façon BD, promis !)


En bref : à mi-chemin entre le fantastique réaliste de Dead Like Me et la poésie bariolée de Pushing Daisies, Wonderfalls est une série typique de Bryan Fuller. Elle ressemble à tout ce qu'il fait tout en ayant évidemment une marque très personnelle et inimitable. Le casting est bourré de talent, la mise en scène et l'esthétique sont, sans être irréprochables, tout à fait correctes, et le rythme du récit est maintenu jusqu'à la fin de la courte seule saison. Parfaite petite série que je vous recommande !

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