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15.11.21

À mi-chemin entre Highlander et Rizzoli & Isles.


Forever.

Créateur : Matt Miller.
Origine : États-Unis.
Date de diffusion : du 22 septembre 2014 au 5 mai 2015 sur ABC puis en France sur TF1.
Nombre de saisons : 1 saison de 22 épisodes.
Genre : fantastique, drame, policier.
Vue en VF.

Interprètes principaux :
Ioan Gruffudd : Docteur Henry Morgan, médecin légiste.
Judd Hirsch : Abraham "Abe" Morgan, son fils, antiquaire.
Alana de la Garza : inspectrice Jo Martinez, police de New York.
Lorraine Toussaint : lieutenant Joanna Reece, police de New York.
Donnie Keshawarz : détective Mike Hanson, police de New York.
Joel David Moore : Lucas Wahl, l'assistant d'Henry Morgan à la morgue.

New York, de nos jours. Le docteur Henry Morgan est médecin légiste au centre médico-légal de la police, qu'il aide à résoudre des affaires de meurtre. Mais dans sa vie privée est beaucoup plus compliquée : il vit avec son fils Abraham, qui possède une boutique d'antiquaire et semble avoir deux fois son âge. En effet, Henry Morgan, qui ne peut mourir définitivement ni vieillir, est âgé de plus de 200 ans.

Un jour, son téléphone sonne : un mystérieux interlocuteur prétend tout savoir de son secret et avoir lui-même 2000 ans.

Forever est une petite série télé sans prétention que j'ai trouvée récemment dans ma liste d'Envies sur SensCritique, sans savoir comment elle est arrivée là, mais qui s'est très vite révélée être une excellente découverte sur le plan de la narration et de la réalisation. L'ironie c'est qu'elle a été annulée au bout d'une saison, mais que ce format relativement court lui permet d'avoir un sens du timing parfaitement mesuré. Puisque la série est narrée du point de vue du personnage principal (on va y revenir), il se présente dès le début de l'épisode 1 et est caractérisé dans la foulée : c'est un genre de Sherlock Holmes, tellement observateur qu'il pourrait te décrire ta propre vie aussitôt après t'avoir rencontré·e, et quand il meurt, il réapparaît dans l'eau, tout nu.
Coup de chance, il habite à New York, ville bordée par le fleuve Hudson, du coup même si les décès d'Henry Morgan pourrait vite devenir un running gag vachement gonflant, en vrai ils sont saupoudrés juste assez rarement dans les 22 épisodes pour avoir un impact à chaque fois. Et concernant le dénouement de la série, qui était pensée pour durer plus longtemps, il est très satisfaisant, même si pour ma part je m'attendais à ce qu'il soit différent.

Bref, c'est une série au rythme équilibré, et portée par un nombre restreint de personnages, ce qui permet de les développer suffisamment en fonction de leur importance. Six au total, trois dans la police, deux à la morgue (en comptant Henry) et deux focalisés sur leur vie personnelle et familiale (en comptant Henry à nouveau), dont trois en particulier sont principaux et fort bien interprétés.
Je ne connais pas du tout la comédienne Alana de la Garza, et c'est vrai qu'elle est super jolie, ce qui est souligné en une occasion par ce rationnel d'Henry Morgan (lequel reçoit en réplique le fait que Jo Martinez a surmonté cette beauté qu'elle perçoit comme un obstacle pour faire ses preuves par l'intellect et le sens logique, c'est mieux pour une flic), mais elle interprète très bien son personnage, dans un équilibre entre la confiance qu'elle accorde à son partenaire d'enquête malgré les bizarreries évidentes de celui-ci, et la défiance à l'égard de toutes les zones d'ombre qu'elle devine et sur lequel Henry glisse toujours avec une grande habileté.

Ah oui au fait, pour sa première mort, en 1814, il a pris une balle dans le cœur, histoire de faire les choses bien... il est bien foutu pour un médecin légiste o_O

Parce que clairement, le cœur de la série, c'est évidemment l'histoire d'Henry Morgan, un médecin Anglais vieux de 200 ans (autour de 240 en fait, il est né dans les années 1770 ou 1780, de mémoire, et la série se déroule dans les année 2010), qui a connu la fin de la traite négrière par l'empire britannique, les progrès et les bizarreries de la médecine à la fin du XIXème siècle, les deux guerres mondiales, qui a voyagé d'un pays à l'autre pour éviter de se faire remarquer comme un type qui survit à tous son entourage bref, c'est le côté Highlander que j'évoque dans le titre : Forever est pleine de flashbacks de la vie d'Henry, qui sont souvent sources d'apprentissage ou de morale humaniste pour les personnages et le public, et même l'intrigue principale repose sur ces flashbacks.
 
Ce qui est marrant d'ailleurs c'est que Forever se permet ici de détourner complètement un cliché des films et des séries télé : son personnage principal passe très vite (et ça amuse autant que ça perturbe Jo Martinez et Mike Hanson) pour un expert qui sait tout sur tout, mais là où dans n'importe quelle autre œuvre un tel personnage (Sherlock, Emmet Brown...) va passer pour complètement pété, ici, c'est logique vu que... il a deux cents ans et c'est un solitaire ! Alors ok, à certains moments il passe pour un gros boomer parce qu'il connaît que dalle à la culture contemporaine (films, musique...) et qu'il n'a jamais écouté de musique plus récente que les compositeurs classiques et romantiques du XIXème, mais sinon, qu'est-ce qu'il aurait pu faire de ses deux siècles, à part augmenter la masse de ses connaissances ? Oui bon : se consacrer à sa famille, et c'est un aspect très important aussi dans Forever.


En effet, notre personnage principal ne vit pas seul, et le rôle d'Abraham, très bien interprété par Judd Hirsch qui incarnait déjà le père des frères Epps dans la série Numbers (il a l'air d'être habitué à ces rôles de vieux mec sympa et drôle) est également celui de son fils, son ami et son confident (j'ose à peine imaginer le délire et l'angoisse d'avoir un enfant qui a l'air d'avoir deux fois ton âge et auquel tu vas survivre). Malgré la proximité plus ou moins égale avec son assistant Lucas (joué avec beaucoup d'humour, j'adore ce personnage, par Joel David Moore, également vu dans Avatar ou la série Bones, mais il fait surtout des petits rôles), ou avec les policiers Hanson et Reece (qui ont aussi droit à quelques détails sur leur vie perso et qui sont très sympa, les personnages de Forever sont géniaux), c'est surtout la relation d'Henry et Abe qui nourrit l'intrigue de la série.
Enfin ça, et le mystérieux interlocuteur...

J'adore ce personnage, il est très drôle, très sympa, et il me fait hurler de rire quand Henry lui dit de diriger l'autopsie, parce qu'en tant que public on sait à l'avance qu'il va se tromper et se faire corriger en beauté XD J'aime aussi le fait qu'il devienne plus sérieux et important vers la fin de la série :)

Je vous jure, je m'étais un peu spoilé malgré moi avant de commencer la série, du coup j'ai ADORÉ le fait que le personnage soit joué par Burn Gorman, un acteur que j'aime énormément (et que j'ai vu dans Game of Thrones, dans la version BBC 2015 des Dix Petits Nègres je sais que ce n'est plus ça le titre officiel, et dans Pacific Rim), et j'ai encore plus adoré que le personnage mette toujours une ambiance de merde quand il apparaît dans Forever, pas très souvent, mais juste assez pour qu'on sache que sa présence est garantie 0% déconnade.
Le plus intéressant, d'ailleurs, c'est en fait que Forever n'a pas vraiment d'antagoniste parce que même ce personnage énigmatique a un côté très dramatique dans son histoire, qu'il est impossible de le considérer comme un vrai méchant. Et moi qui aime l'Histoire, en particulier certaines périodes, j'ai adoré son écriture ♥

Dans le genre perso cool, elle se pose là,
jamais sexualisée, écrite avec beaucoup
d'humanité, beaucoup d'humour, j'adore.
Bref, vous l'avez compris, pour ce qui est de son fond, de son écriture, ses personnages et même ses thèmes, la série Forever est pile ma came, c'est humaniste, plein de sagesse et d'espoir, écrit avec logique et cohérence, j'ai adoré.
Pour ce qui est de la forme, j'ai limite été choqué, en voyant qu'elle ne durait qu'une saison, je pensais que la série aurait un petit budget, une réalisation modeste façon Joan of Arcadia (une série intéressante mais dont le thème est tellement dramatique qu'il transpire sur une photographie et une direction artistique limite dépressives), et bah non, pas du tout.

Déjà, la série se passe à New York de nos jours, et les réals se sont carrément fait plaisir sur les plans extérieurs, les panoramiques de la ville sous le soleil, les jolis bâtiments d'architectures diverses, mais surtout la direction artistique et la photographie sont très soignées, jusque dans les flashbacks de la vie d'Henry. Même s'il a vécu deux siècles, les périodes sur lesquelles on s'arrête sont motivées par des événements ou des anecdotes pertinentes, et elles s'accompagnent de styles visuels très spécifiques dans les décors, les lumières et les costumes (du genre le Paris artistique de l'entre-deux-guerres, pardon pour le spoil).
Tenez, pour vous donner un exemple, voici un des plans que j'ai trouvés les plus jolis dans Forever. Ça se passe au début du XXème siècle, à New York, l'image a un léger grain, y'a un filtre sépia pour montrer que c'est le passé, c'est pas très inventif mais l'ensemble du cadre, la disposition des personnages et tout rend le résultat très joli à regarder.


Bah c'est comme ça tout du long. La série est superbe à regarder. On lui a reproché à juste titre de condenser des éléments narratifs venus d'autres séries, mais inventer du 100% inédit n'est plus possible, maintenant les créations artistes n'ont plus d'original que leurs personnages, leurs univers et la manière dont elles abordent leurs thèmes. Et de ce point de vue, je trouve que Forever se défend très bien. Même au niveau de la bande-son d'ailleurs, les compositions et les chansons utilisées rappellent bien que la série repose sur une base dramatique, mais voilà, elle se résume pas à ce postulat, les personnages évoluent et apprennent pour atteindre un mieux-être, c'est plein d'espoir, de lumière et d'amour, ben c'est beau, je peux pas le dire plus simplement, c'est juste beau.

En bref : série sans prétention mais pleine de réussite, Forever ne détonne pas par les noms incroyables de ses interprètes, par la communication dont elle a fait l'objet ou par l'ambition démesurée de ses intentions narratives. C'est juste une série qui a malheureusement été annulée, un ensemble de 22 épisodes qui forment un tout cohérent, très appréciable, réussi dans son fond comme dans sa forme. On peut exiger davantage d'une série, mais elle remplit à merveille son rôle, et elle est très vite devenue une de mes préférées. Clairement, je vous la recommande ♥

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