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16.12.21

L'autre multivers de Spidey.


Spider-Man : No Way Home.

Film américain de Jon Watts (2021) avec Tom Holland, Zendaya, Jacob Batalon, Benedict Cumberbatch, J.K. Simmons, Alfred Molina, Willem Dafoe, Jamie Foxx.

Genre : super-héros.

Vu en VOST.

New York, de nos jours. Peter Parker, qui vient de passer une semaine mouvementée en Europe à l'issue de laquelle il a affronté, sous le costume de Spider-Man, le super-vilain imposteur Mysterio, a vu son identité secrète révélée aux yeux du monde par celui-ci dans une vidéo diffusée après sa mort.

J. Jonah Jameson, puissant et haineux rédacteur en chef du Daily Buggle, saisit alors cette occasion pour qualifier Peter Parker de faux-justicier violent et meurtrier, et les médias se lancent à la poursuite de l'adolescent. Parallèlement, sa candidature à l'entrée de la prestigieuse école supérieure du M.I.T est refusée, comme celle de sa petite amie Michelle Jones et son meilleur ami Ned Leeds, tous trois à cause de leurs liens avec Spider-Man.

Peter décide alors d'aller trouver le docteur Stephen Strange pour lui demander de remonter le temps afin d'empêcher la révélation de son identité secrète. C'est impossible, mais Strange lui propose à la place d'effacer cette information de tous les esprits de la planète. Le sortilège tourne cependant très mal et expose le monde aux dangers du multivers.

MISE EN GARDE : je passe tout l'article à spoiler allègrement le film et les spoilers ne sont absolument pas masqués, parce qu'ils sont partie intégrante de mon propos. Ne lisez cet article que si vous avez lu le film ou si vous vous fichez d'être spoilé·e (sérieux ? o_O).

J'ai jamais caché sur les rézosocio que j'ai pas aimé Spider-Man : Far From Home, principalement pour son traitement du personnage de Mysterio. Sans avoir lu de comic qui le mette en scène, je sais parfaitement qui c'est : un des adversaires les plus importants et les plus récurrents de Spidey (avec Octopus et le Bouffon Vert), l'un des plus versatiles et imprévisibles aussi, et j'avais trouvé aberrant que le personnage soit tué, comme ça, dès son apparition, sans qu'il ait une chance de devenir marquant. Sauf que justement, dans ce cas, sa mort a beaucoup plus de sens que sa survie : s'il avait vécu, il serait fatalement devenu un super-vilain officiel, alors que mort, il sert de prétexte aux détracteurs du vigilantisme arachnéen, qui ne supportent plus de voir Spidey cabrioler librement.

C'est ici l'un des premiers éléments qui font que ce film a redoré à mes yeux le blason du Spidey-MCU. Les autres, c'est tout le reste.

Ouais, alors c'est à peu près la seule fois (avec Thor Ragnarok > Avengers Infinity War et Infinity War > Endgame) où un film du MCU commence directement après le précédent. Du coup, le début du film commence sur Peter Parker révélé comme Spider-Man.

Pendant la majeure partie de son existence, le Marvel Cinematic Universe a été écrit et produit, à la fois sur les plans narratif et éditorial, en s'émancipant ouvertement de tout ce qui préexistait à son déroulement. Le principe était simple, adapter les personnages de Marvel, et SEULEMENT les personnages, en les intégrant à des récits originaux, contemporains et actualisés. Les rapports entre pouvoir politique et militaire dans les Iron Man, le vigilantisme des super-héros questionné chez Captain America ou l'importance des armes intelligentes type Ultron sont autant de questions de société du début du XXIème siècle, et pas du milieu du XXème - je rappelle que les personnages les plus populaires de Marvel et du MCU sont nés entre les années 1960 et 70.

Même quand les récits sont "adaptés", ils le sont dans le cadre de l'écriture du MCU. La Civil War par exemple, n'a absolument rien à voir dans les comics, et occupe un cadre spatio-temporel beaucoup plus large qu'à l'écran. Bon déjà, les super-héros de Marvel Comics, y'en a des centaines, et ils sont principalement divisés entre les méta-humains (les Vengeuresses et tous les persos du même genre) et les Mutants (donc les X Men et le camp de Magneto). Et bah dites-vous qu'à un moment, Tony Stark/Iron Man est devenu patron du SHIELD et qu'il a fait une loi obligeant tous les super-héros en exercice aux États-Unis à révéler leur identité au gouvernement et à devenir agents de l'État, ou à prendre leur retraite, sous peine de devenir hors-la-loi (c'est littéralement ce qui arrive, dans un autre univers, aux Watchmen d'Alan Moore, en 1977 est promulguée une loi sur les masques dont les conséquences sont que les justicier·e·s deviennent soit agents américains, c'est le Docteur Manhattan et le Comédien, soit retraités, c'est Ozymandias, le Hibou II et le Spectre Soyeux II, soit des hors-la-loi recherchés dans le cas de Rorschach).

Et dans ce cadre, tous les super-héros concernés prennent parti soit pour la team Iron Man, et deviennent des agents fédéraux américains (avec une branche super-héroïque dans chaque état du pays), soit pour la team Captain America et entrent dans la clandestinité.

Tout de suite, on est loin d'une douzaine de personnages qui s'envoient des marrons à pleine patate sur un aéroport allemand !

Bref, tout ça pour dire que les films de super-héros au cinéma n'ont commencé à être conscients d'eux-mêmes et des autres média qu'assez récemment, après des années de caméos divers (des évocations de Superman dans Kick-Ass, Spider-Man 2 ou encore Watchmen). Les films commencent à prendre en compte des éléments narratifs issus des comics (enfin c'est beaucoup plus le cas chez DC avec Birds of Prey qui est un condensé de plusieurs Harley Quinn ou avec le Batman de Ben Affleck qui est le Dark Knight vieillissant des années 1980), alors que jusque là c'était le MCU qui produisait des comics ou permettait la mise en valeur sur papier de personnages un peu oubliés de Marvel.

Mais surtout, la multiplication des films de super-héros d'une même écurie permet des références méta (au sein du même univers) qui n'étaient pas possibles jusque là... en l'absence de films. Bah ouais, c'est tout con mais pour que des films se répondent entre eux, il faut qu'ils soient plusieurs, à qui aurait pu répondre le Superman de Richard Donner dans les années 1980 ? Il était tout seul dans son monde.

Ce dialogue constant a donc accouché de merveilles d'humour et d'écriture, avec des gags sur les X-Men de James McAvoy et Michael Fassbender dans les films Deadpool, des références visuelles aux comics ou aux autres films, chez Luke Cage ou WandaVision, mais le maître incontesté de cette discipline reste clairement le Tisseur, Spider-Man. L'explication est simple, c'est un des super-héros Marvel les plus populaires et les plus célèbres (même chez le grand public profane des univers geek), et parce qu'en termes de publications, il semble largement au-dessus du lot. Encore une fois la raison est assez évidente : là où les autres supers n'ont généralement qu'une identité, le Tisseur peut être incarné tout à la fois par Peter Parker, Gwen Stacy, Miles Morales, Otto Octavius (oui oui), les clones Ben Reilly et Kane Parker... ce qui fait d'autant plus de séries personnelles.

Superior Spider-Man (Otto Octavius), Peter Parker, Miles Morales, Spider-Gwen, Peter Porker, Spider-Man Noir, Miguel O'Hara, Araña... tant d'araignées, autant de récits possibles.

Et de tout ça, même si Disney et Marvel ont dû négocier âprement avec Sony Pictures, qui prend en assurance avec les projets cinématographiques parallèles des Sinister Six (les méchants de Spidey) et de Spider-Verse (lui aussi riche en auto-références et en humour méta), pour conserver Spider-Man dans le MCU, le studio en est conscient. Hollywood ne se trouve pas sur une autre planète, ils utilisent le même Internet que nous, ils ont des gens qui lisent Reddit, Twitter, Facebook, et qui regardent attentivement Youtube. Les dirigeants de Marvel Studios, Kevin Feige (le président) le premier, savent parfaitement que le public adore Spider-Man, adore l'humour méta, et a tendance à polariser son affection en fonction des productions. Ou pour le dire clairement : ils savent depuis Spider-Man Homecoming que leur nouvel avatar arachnéen doit faire ses preuves face aux deux précédentes incarnations (enfin surtout une), et que ces deux héros précédents ne sont pas passés à la postérité de la même manière, entre les fanboys élitistes et acharnés de Sam Raimi et les amateurs plus humbles d'Andrew Garfield.

Et oui, tout ça est pris en compte dans l'écriture de ce Spider-Man : No Way Home.

D'ailleurs, pour aller un peu plus loin, chez Marvel Studios, on est tellement conscient de ce passif autour du Tisseur qu'on a également remarqué quels personnages étaient appréciés, lesquels ne l'étaient pas, et lesquels on pouvait utiliser dans le film : on a donc parfaitement compris que le public se torchait avec le Venom de Spider-Man 3, au point d'avoir opté pour celui de Tom Hardy dans un trailer post-générique (quant au Bouffon Vert de James Franco, on va faire comme s'il n'existait pas, même s'il est mentionné dans NWH).

Le résultat de ces années d'observations et de réflexions, dans la lignée éditoriale de Loki (qui introduit le concept de multivers dans le MCU), de What if...? (qui illustre les applications de ce concept, à savoir des variations de personnages) et d'Avengers Endgame (qui consacre les immenses connaissances et potentialités des sorciers que sont Stephen Strange et Wong), c'est un film-somme qui réunit les communautés du Spidey-Maguire, du Spidey-Garfield et du Spidey-Holland mieux que des années d'insultes et de critiques ont pu le faire (ouais, les querelles de clochers dans l'univers des comics c'est assez vénère, et le fait que cette culture soit originellement celle de mecs blancs hétéros frustrés n'aide en rien à réduire les violences).

Au passage, il offre également une rédemption très méritée au diptyque mal-aimé des Amazing Spider-Man, conscient qu'il est du rejet que ces films subissent auprès des fans. Je connais connais pas la vie personnelle d'Andrew Garfield, je sais pas ce qu'il en a pensé et j'ignore si l'échec de la licence a reposé sur lui, sur l'écriture des films, leur production ou autre, mais pour le public, il est aisé de remarquer que quand un acteur ou un actrice incarne un personnage culte et que l'œuvre est brutalement arrêtée, l'interprète va naturellement ressentir certaines insécurités professionnelles. Andrew Garfield n'a absolument rien tourné entre 2014, année d'Amazing Spidey 2, et 2016. Dans le présent film, Spidey-Garfield est de loin celui qui est le plus fragile émotionnellement, et il reçoit donc le soutien fervent de Spidey-Maguire (lequel répète trois fois "you're amazing", heureusement qu'il ne prononce pas les mots "amazing spider-man" parce que le clin d'œil serait devenu lourd et maladroit), ce qui aux yeux des fans doit passer pour une reconnaissance du maître (perso, je crois pas une seconde que Spidey-Maguire soit le meilleur, les trois Spidey sont des variations valables du même perso). Plus tard, Spidey-Garfield bénéficie même de son instant personnel, afin de réparer la mort de Gwen Stacy dans son univers : MJ fait une dangereuse chute que Spidey-Holland ne parvient pas à empêcher, c'est Spidey-Garfield qui la rattrape, s'inquiétant de sa sécurité (alors que dans les comics, c'est en rattrapant Gwen, jetée dans le vide par le Bouffon Vert, avec sa toile que Peter la tue en lui brisant la nuque).

Bref, Spidey : NWH prend littéralement le meilleur de la saga Spider-Man, et par là j'entends tout ce qui a été fait autour de Spider-Man au ciné depuis le Spidey de 2002, c'est-à-dire les problématiques humaines autour des personnages (notamment les super-vilains), pour proposer un récit qui revient au fondement de ces personnages. J'ai jamais eu ce sentiment aussi fort, dans tout le MCU, que devant le film que j'ai vu ce jeudi 16 novembre : NWH présente un Peter Parker, un Otto Octavius, un Norman Osborn ou même un Flint Marko, on a tendance à le négliger à tort celui-là (ce n'est pas un vrai méchant, il a même fait partie des Avengers), qui font incroyablement bien écho à leurs avatars sur papier.

Dans le cas des Spider-personnages, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il est facile de faire varier leur genre, leur ethnie et leur origin-story : Spider-Man ou Woman, plus qu'une identité (celle de Peter Parker), c'est un symbole, un ensemble de valeurs. Et ça, les scénaristes, les producteurs et le réal Jon Watts (qui en est ici à son troisième film Spidey, il commence à connaître son sujet) en sont conscients. Un Spider-personnage, c'est un personnage jeune, bienveillant, drôle, attachant et plein d'espoir (c'est aussi pour ça que les variations âgées ou vénères sont excellentes, parce qu'elles se détachent de ce modèle sans devenir des clichés, bordel lisez Spider-Man Noir ♥). Ce qui fonde une règle essentielle à propos du Tisseur : il ne tue pas. C'est sa ligne rouge, la même que beaucoup de super-héros, croire en l'humain avant tout.

Ce qui me fait dire que les créatifs et exécutifs du film en sont conscients, c'est que c'est dans le film : à un moment, Stephen Strange dit textuellement "j'ai tendance à oublier que, malgré tout ce qu'on a traverser, t'es un gamin." Deux messages implicites : déjà, c'est pas normal que Peter Parker ait dû affronter des trucs aussi dingues que THANOS ET LE SNAP, rien que ça, puis la bataille du Blip, avant même d'être adulte. Dans NWH, il finit le lycée, donc il a genre 17 ans. D'autre part, bah ouais, Peter est un ado, il n'est pas un vieux cynique comme Strange, il cherche des alternatives à la mort. Alors que le Sorcier, dans son premier film, renvoie Kaecilius et ses sbires à leur maître, Dormamu. Vous croyez qu'il a des doutes sur ce qu'il fait ? Il est parfaitement conscient de les envoyer, soit à une mort certaine, soit à un tourment perpétuel (vu que le temps n'existe pas dans la dimension de Dormamu). Et franchement, regardez dans le MCU : combien de fois on a vu un personnage principal décider en toute conscience de neutraliser son adversaire en mettant fin à ses jours ? Peter Parker est une minorité à plus d'un titre.

Tiens d'ailleurs, ne bougez pas, laissez-moi deux secondes, je vais faire le calcul... Spider-Man : No Way Home est le 27ème film du MCU, et sur les 26 premiers, 14 d'entre eux montrent un personnage principal tuer volontairement l'antagoniste (sans volonté de le sauver comme dans Black Panther où Erik Killmonger choisit de mourir, ni par accident comme dans Captain America First Avenger (Steve Rogers ne tue pas Crâne Rouge, celui-ci est envoyé sur Vormir par le Tesseract) ou Spider-Man : Far From Home, et en incluant les sbires, comme les Enfants de Thanos dans Infinity War). 14 sur 26 c'est une courte majorité mais c'est une majorité quand même. C'est comme ça, la plupart du temps, les super-héros du MCU tuent, en particulier quand ils sont en position de pouvoir : le plus grand tueur du MCU est Tony Stark, qui exécute systématiquement ses ennemis (Iron Monger, Whiplash, le faux Mandarin et Thanos), à égalité avec les Gardiens de la Galaxie qui éliminent impitoyablement Ronan l'Accusateur et Ego. Désolé Lauryn, les Gardiens sont des tueurs.

Ce que Peter Parker n'est pas, ce qui provoque donc, on en revient là, l'écriture de ce film qui permet un retour à l'essence du personnage d'Otto Octavius, un savant philanthrope (et un peu orgueilleux) plus qu'un savant fou meurtrier, au même titre que Norman Osborn, sur qui la conscience du Bouffon Vert est tombée sans pitié - et dans les deux cas, les interprètes sont formidables. Traitement égal pour Maxwell Dillon et Curt Connors, les accidentés qui sont devenus les furieux Electro et Lézard : chez les Parker, tante et neveu, on soigne plutôt que de tuer.

Le FEAST dans Spider-Man sur PS4 : c'est une association qui offre un refuge aux sans-abris et une soupe populaire aux pauvres, gérée par Martin Li et où travaille May Parker.

J'avais dit à propos du film Birds of Prey (souvenez-vous c'était là, n'hésitez pas à le (re)lire) que j'étais ravi de découvrir le professionnalisme des scénaristes et surtout de Margot Robbie, co-productrice du film, qui avait dévoré des comics pour proposer une version aussi complète et respectueuse que possible d'Harley Quinn, ce qui se voyait à l'écran par des éléments tirés de la série animée de 1994, ou de la série de comics par Amanda Conner et Jimmy Palmiotti.

Bah vous savez quoi, le même effort a été fait pour Spidey. Tante May qui travaille au FEAST, une soupe populaire, c'est un rappel du fait que cette association existe aussi dans les comics, sauf qu'elle est dirigée par Martin Li, un personnage très récent (2007) qui est l'alter-ego innocent de Mister Negative, un redoutable super-vilain.

Dans le même ordre d'idées, certes, Peter Parker est un gamin optimiste qui balance des vannes à ses adversaires, qui ADORE faire des spider-cabrioles, le film nous le rappelle en trois exemplaires, et qui s'efforce de raisonner ses ennemis plutôt que de les tuer froidement, mais voilà, y'a des limites à pas franchir. J'vous ai parlé de la Civil War version comics ? Ouais bah ça finit pas bien pour Spidey, dont l'identité secrète est révélée (avec les conséquences que l'on suppose sachant qu'il était l'un des chefs des opposants à la team Tony Stark, alors maître du SHIELD), ni pour Tante May qui se fait tuer par un sniper. Peter apprendra par la suite que le tireur a été envoyé par Wilson Fisk, le Caïd, à ce moment en prison, et ira lui péter la gueule dans les grandes largeurs. Non parce que ce que le grand public ne sait pas, et même les fans de comics le plus souvent, c'est que Spider-Man retient TOUJOURS ses coups. Il est beaucoup plus fort que n'importe lequel de ses adversaires et ne se donne jamais à fond, au risque de les tuer façon Hulk.

Du coup, Wilson Fisk a été l'un des rares personnages à avoir fait les frais de cette pleine puissance de son adversaire, pour l'occasion démasqué afin de bien montrer que c'est Peter Parker et non Spider-Man qui venait se venger.

...si j'vous dis ça c'est pour signaler que dans le film, Peter Parker qui manque de battre à mort le Bouffon Vert, ça sort pas de nulle part. Tous les super-héros de Marvel ont leur propre gimmick, leur propre élément narratif qui intervient en plein dans l'histoire, et pas avant le récit ni dans des flashbacks, et les Araignées, leur truc, c'est de perdre un proche, le film Into the Spider-Verse souligne même à quel point cet élément est un passage obligé. Spidey-Morales a perdu son oncle Aaaron, Spider-Gwen a perdu Peter Parker, Spidey-Maguire a perdu Oncle Ben, Spidey-Garfield a perdu Gwen Stacy, Spider-Holland perd donc Tante May, et sans être un événement vraiment prévisible, c'est assez attendu dans le sens où ni dans Homecoming ni dans Far From Home il n'avait perdu de proche. À l'écran, devant le public, je veux dire. C'était un incontournable du personnage, c'était une question de temps avant que ça arrive.

Bref, voilà toutes les raisons pour lesquelles j'ai adoré ce film. C'est un condensé d'éléments très divers mais très intelligents dans les comics, mais aussi de ce qui était le plus intéressant dans les deux précédentes sagas Spidey. Les interprétations d'Octavius et d'Osorn sont géniales, Jamie Foxx se fait plaisir en Electro beaucoup plus intéressant que dans Amazing Spidey 2 (avec au passage un clin d'œil à Miles Morales, puisqu'il dit à Spidey-Garfield qu'il aurait préféré que Spidey soit Noir).

Rhys Ifans et Thomas Haden Church sont plus discrets en Curt Connors et Flint Marko mais ils servent leur rôle (un fouteur de merde et un ambigu), Andrew Garfield est juste PARFAIT dans le rôle du Spidey émotionnel et grand frère de Spidey-Holland, Spidey-Maguire est plus en retrait mais ça lui donne un côté assagi, Zendaya et Jacob Batalon sont impeccables en MJ (on apprend d'ailleurs qu'elle s'appelle Michelle Jones-Watson, mais renie son second nom) et Ned, et Spidey-Holland, ENFIN, a droit à son passage à la maturité, mais ça lui aura coûté.

Côté esthétique, les effets sont oufs, la mise en scène est super propre (mention spéciale aux lignes à haute tension que tu crois être juste un décor sur soleil couchant, avant que Max Dillon/Electro vienne pomper tout ça), le côté blogueur-podcasteur de Jameson est un peu suggéré (au début j'ai cru qu'il était vraiment seul, on ne voit son équipe technique que plus tard), et les nouvelles variations du thème principal de Spidey-MCU, certaines combatives et d'autres, logiquement, très dramatiques, sont hyper classes. Nan vraiment, rien à dire, j'ai ADORÉ ce film.

En bref : contrairement à ce que je pensais voir (un nouveau gâchis ou une ode au Spidey de Sam Raimi pour flatter les fanboys élitistes), ce Spider-Man : No Way Home, dont le titre s'applique pour une fois aux méchants et pas au Tisseur, est un film composite, fait des meilleurs éléments des 5 films qui ont précédé le MCU et de détails tout à fait pertinents issus de certaines des meilleurs histoires de Spidey sur papier (notamment Civil War). La réalisation, la mise en scène et la bande-son sont à la hauteur de cet écriture et les personnages sont brillamment écrits, offrant à ce film une charge émotionnelle (et même dramatique) à la hauteur de l'excellent Into the Spider-Verse. J'adore.

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