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11.10.21

La phase pandémique et télévisuelle de Marvel.

 Alors je tiens à dire d'emblée que cet article ne consacre pas mon retour vers le blogging, parce que j'ai toujours un roman à écrire (d'ailleurs ça avance pas beaucoup cette histoire >_<), mais j'ai lu y'a des années de ça qu'écrire ou parler des œuvres culturelles que l'on découvre permet d'affiner et d'approfondir l'impression à chaud qu'on peut en avoir, et je suis assez d'accord. Il m'est arrivé au fil des années de changer complètement d'avis sur des films ou des séries entre leur première découverte et le recul de quelques mois ou années (Jurassic World par contre, je l'ai adoré au ciné, mais c'est à chier. J'adore toujours autant, mais c'est naze.), à force de revoir et de réfléchir.

Concernant le présent sujet, j'ai récemment vu au cinéma (avec presque personne dans la salle, bigup à Nom D'un Bouquin) le film Shang-Chi et les Dix Anneaux, le dernier Marvel en date, et j'ai absolument ADORÉ pour tout un tas de raisons - mais on va en reparler. Je l'ai aussi trouvé très pertinent dans la continuité longue du MCU - et on va en reparler - du coup j'ai songé à évoquer publiquement, quelque part, mon impression sur ce film.

C'est la blogueuse et libraire Nom D'un Bouquin qui m'a donné l'impulsion pour le faire, alors que je lisais ses deux articles sur son été et sa rentrée Marvel, qui couvre les publications du MCU entre WandaVision début 2021 et Shang-Chi sorti au cours de l'été : comme je suis un incorrigible copieur des bonnes idées, j'ai décidé de faire pareil et d'évoquer ce que j'ai pensé à propos de toute la phase du MCU qui suit Aveng... je veux dire, Spidey Far From Home (non, je l'aime toujours pas, et oui, c'est toujours affligeant d'avoir gaspillé Mysterio de la sorte) et qui a surtout été marquée par des séries télés, la faute à des cinémas inaccessibles pendant la pandémie du Covid-19/20/21.

Ah, et quand t'auras fini de lire mon article (merci beaucoup ♥), tu pourras aller lire ceux de Nom D'un Bouquin, dans cet ordre :

- son été avec Marvel

- sa rentrée avec Marvel

Et si jamais après ces articles, t'as encore envie de MCU, j'te rappelle que j'ai publié un article concluant mon expérience de la Saga de l'Infinité ici.


WandaVision.

Contrairement à la plupart des gens, je n'ai pas attaqué la nouvelle Phase du MCU dès qu'elle a commencé (j'en avais pas grand-chose à faire et j'étais encore dégoûté par Far From Home, c'est toujours le cas d'ailleurs), et comme à mon habitude, j'ai préféré attendre qu'une série soit finie avant de l'attaquer (j'aime pas devoir attendre pour avoir la suite).

Concernant WandaVision donc, j'ai d'abord été dubitatif, le côté formel étant très intelligent (un épisode = un style visuel de sitcom par décennie depuis les années 1950), mais le fond plutôt flou et incertain. Sauf que c'est totalement voulu, la série cherchant à faire accompagner par le public les incertitudes de Wanda, qui nous rappelle qu'elle a pas pu faire le deuil de Vision entre le moment où il est "mort", le moment où elle l'a suivi (à peu près deux minutes plus tard à travers le Snap) et le moment où elle est réapparue (cinq ans plus tard à l'occasion du Blip), mais aussi qu'elle est Wanda Maximoff.

Et Wanda Maximoff, maintenant que Disney a racheté la Fox, peut désormais reprendre le titre qui est le sien dans les comics Marvel : la Sorcière Rouge, l'un des êtres les plus puissants qui soient, capable de façonner la réalité elle-même (à un moment, elle a privé l'intégralité de la population mutante mondiale de ses pouvoirs, puis les a restaurés).

Y'a donc logiquement deux trucs que j'ai adorés dans WandaVision : tout ce qui est extérieur à la banlieue résidentielle de sitcom que Wanda a accidentellement créée, c'est-à-dire le SWORD (qui tire évidemment son nom du SHIELD), incarné par Monica Rambeau, Darcy Lewis et l'agent Jimmy Woo (qui a arrêté d'être un ressort comique, ça devient très vite chiant quand un personnage est *juste* un ressort comique), mais aussi le fait que Wanda soit une profane de la magie qui ne maîtrise pas son potentiel. Ça promet pour la suite du MCU, et notamment dans l'intrigue du multivers !

Après, le bilan de WandaVision en ce qui me concerne n'est pas parfait parce que, si j'ai adoré les clins d'œil au reste de l'univers Marvel (notamment l'apparition d'un faux Vifargent incarné par Evan Peters, le Vifargent des films X Men, ou l'apparition du costume Sorcière Rouge des comics), cette œuvre laisse encore le public frustré à l'égard des cinq ans qui séparent le Snap du Blip, alors qu'une période aussi longue est la porte ouverte à plein de narration (mais on va en reparler).


Falcon and the Winter Soldier.

Deux de mes personnages préférés du MCU (avec Wanda, Ant-Man, la Guêpe et le Docteur Strange) dans une série tendance buddy-movie d'action ? Je suis client. En plus je venais de voir WandaVision, j'étais donc encore assez curieux de ce que pouvait me proposer le MCU. Et ben, j'ai pas été déçu.

Déjà, il faut le dire, c'est une évidence narrative et éditoriale, contrairement à WandaVision, F&WS, c'est politique. Dans la lignée de Black Panther, mais de l'autre côté de l'Atlantique (ou du côté domestique si on prend le point de vue états-unien), on pose les questions qui fâchent : ça fait quoi d'être Noir dans un monde dominé par les Blancs ? Ça fait quoi d'être un Super Soldat Noir, d'être un super-héros Noir ? Comment on vit au quotidien et dans un long parcours de vie le fait d'être le héros Noir d'un pays dont l'Histoire est empreinte de racisme notoire ? J'ai ADORÉ toutes ces réflexions autour du personnage de Sam Wilson et, dans une moindre mesure, celui d'Isaiah Bradley.

En plus, toujours contrairement à WandaVision (Marvel adore surfer d'un genre à l'autre, ils ont déjà montré qu'ils maîtrisaient le polar noir avec Daredevil et le thriller psycho avec Jessica Jones), c'est une série pleine de bagarre. Frustration renouvelée, on va toujours pas assister en direct aux événements qui se sont déroulés pendant les fameuses cinq années Snap-Blip, mais on découvre ici les séquelles d'un monde qui s'est réorganisé sans les grandes puissances, et où les communautés autogérées d'hier sont devenues des refuges de terroristes aujourd'hui. Disney à deux doigts de dire que l'autogestion et les ZAD c'est du terrorisme, les écologistes localistes apprécieront, surtout en France.

Malgré ce propos plutôt tendancieux (personne ne semble pouvoir naviguer entre la bienveillance et la merde avec autant d'aisance que Disney), la série est vraiment appréciable parce que portée par ses personnages. L'écriture assez sommaire (mais appelée à se développer) de John Walker/US Agent, l'interprétation appréciable de Karli Morgenthau (qui s'appelle Karl Morgenthau dans les comics, comme quoi féminiser un rôle ça fait pas chier le monde, contrairement à ce que disent les hommes), le retour mi-classieux, mi-hilarant, et re-mi-adorable derrière d'Helmut Zemo et même l'apparition furtive mais badass des Dora Milaje, les guerrières d'élite du Wakanda, sont autant d'éléments qui rendent cette série géniale. Bon, après je suis pas d'accord avec une partie de son dénouement (la partie qui concerne Sharon Carter), mais j'ai beaucoup apprécié son écriture, sa mise en scène (le meurtre perpétré par Walker en public, mais omagod O_O) et ses effets visuels. Rien que la séquence d'ouverture sur un long combat aérien de Falcon, MIAM.

Loki.

Pour être honnête, contrairement à la plupart des gens, j'ai jamais été fan du personnage de Loki dans le MCU. Je le préfère dans sa dynamique avec Thor parce que, depuis le premier film en 2011, il y a un côté très shakespearien dans l'opposition de ces deux princes au destin héroïque et dramatique à la fois, dans le mélange des intrigues royales et familiales, et surtout dans le fait que c'est réalisé par Kenneth Branagh, un spécialiste de Shakespeare.

Sauf que cet arc mythologico-dramatique s'est refermé avec Thor Ragnarok et la fin du monde éponyme, dont la suite dans Endgame était assez prévisible, Thor est un Robert Baratheon, très doué au combat mais effroyable dirigeant (surtout qu'il est dépressif), et Loki devient, à travers les méandres du temps, une version filmée de ce qu'il est dans les comics, un électron libre facétieux et égocentrique dénué de dimension héroïque.

Non mais soyez honnêtes avec vous-mêmes, la première saison de Loki n'a absolument rien d'héroïque, les accomplissements des personnages se résument à essayer de survivre dans une réalité stricte et arbitraire, jusqu'à démolir l'autorité qui la régit afin de pouvoir faire naître dans le MCU le concept de multivers déjà très courant dans les comics Marvel et DC.

Bref, j'ai pas beaucoup apprécié cette série. Je comprends tout à fait que pour dépeindre l'absurdité arbitraire d'une administration bureaucratique, une esthétique façon années 1970 soit adaptée et ça permet d'éviter le cliché de l'agence intemporelle du futur qui contrôle le temps depuis sa base blanche et épurée de SF sans imagination, mais perso je trouve ça moche et pas idéal niveau éclairage, on se croirait dans Shining. L'intrigue repose en partie sur la multiplicité des Loki, mais les autres sont nazes à l'exception d'un seul (enfin, une seule), et encore une fois, le rôle titre, bah... non franchement, l'écriture de cette série est intéressante, mais pour moi, ce n'était que l'étape nécessaire à Doctor Strange and the Multiverse of Madness.

Black Widow.

Je l'ai pas vu, il m'intéresse pas, vu ce qu'en dit Nom D'un Bouquin, il a même l'air très naze et sans enjeu, j'ai toujours détesté les midquels (les suites qui se déroulent avant un film précédent) parce que ce sont des histoires qui manquent d'enjeux (c'est notamment pour ça que je déteste les films Wonder Woman d'ailleurs), on sait comment le personnage finit - elle retrouve les Vengeuresses dans Infinity War, perd contre Thanos, devient une héroïne dramatique et meurt dans Endgame - bref, je le verrai à l'occasion, si j'ai une soirée à tuer, et je l'oublierai peu après.


What if... ?

Alors celle-là, je pense que ma collègue blogueuse-libraire ne l'a pas vue, parce qu'elle en a pas dit un mot dans ses articles.

Le concept est simple, il découle directement de ce qu'a fait Loki dans sa série, à savoir créer la possibilité d'existence d'un multivers. Par la suite, les lois de la physique étant ce qu'elles sont (un vaste et indescriptible bordel réécrit à chaque fois qu'une série ou un film décide d'y toucher), les autres univers apparaissent avec une Histoire ancienne, une temporalité longue, des enjeux bref, ils ont toujours été là, mais on le savait pas.

Ce concept simple de What if est celui-ci : chaque épisode propose une réalité alternative possible en fonction d'un événement différent de la réalité principale du MCU. Et si Peggy Carter avait pris le sérum du Super Soldat à la place de Steve Rogers, et si Thor avait été fils unique, et si Tony Stark avait été sauvé en Afghanistan par Erik Killonger, Et si T'Challa était devenu Star-Lord à la place de Peter Quill (j'adore celui-là ♥) bref, vous avez l'idée générale.

C'est une série d'animation, avec des styles d'animation relativement proche, mais beaucoup de jolies trouvailles visuelles, une écriture qui met un petit moment avant de trouver une ligne directrice, mais cette ligne est flippante à souhait (et franchement ça risque de chier quand ********** vont se rendre compte qu'ils doivent se taper un nouveau ********** beaucoup plus redoutable que le premier à cause de *********, j'en connais un qui ferait mieux de planquer son cul). Franchement, même si j'ai pas encore vu toute la saison (il me reste un épisode à découvrir au moment où j'écris ces lignes, mais il est déjà sorti et dispo... euh..... aux libres marins des océans de l'Internet...YARRR...), mais c'est une super découverte, qui se cale pile entre Loki et le futur Doctor Strange 2 en termes de narration.


Shang-Chi et la légende des Dix Anneaux.

Alors, ce film m'intéressait que très moyennement, notamment parce que Shang-Chi en comics, ça date des années 70, la grande période des films de kung-fu, de l'orientalisme au cinéma hollywoodien et des clichés racistes type Fu Manchu (un personnage de littérature britannique du début du XXème siècle qui incarne le péril jaune, une crainte raciste des puissances orientales, et qui a notamment été interprété par Christopher Lee, comme quoi l'équivalent asiatique de la blackface existe).

Et puis mon amie Digitaline m'a conseillé d'aller voir le film et là... HAN.

Bon, on est d'accord que, comme Marvel appartient à Disney, ce sont toujours les mêmes qui produisent, qui balancent le fric, qui recrutent les employés et valident les choix techniques et artistiques ? Non parce que l'une des raisons pour lesquelles je voulais pas voir Shang-Chi, c'est le Mulan de 2020. Je croyais pas Marvel capable de proposer un bon film asiatique, quand bien même Black Panther était un super film africain, principalement à cause de la distance culturelle plus grande entre la société états-unienne et l'Asie orientale (et l'importance plus faible des Asian American à Hollywood par rapport aux African American).

Et pourtant, homme de peu de foi que je fus ! Absolument tout est chinois ou d'origine asiatique dans Shang-Chi : le casting, l'équipe technique (notamment le réal et le chef scénariste, qui a fait du bien meilleur boulot que sur Wonder Woman 84), les paysages et décors, la musique même, malgré un compositeur Blanc (il semble avoir bien fait son travail de recherche, comme Ludwig Göransson sur Black Panther).

Un autre truc que j'ai adoré dans Shang Chi est que, à la manière de Black Panther et Spider-Man : Into the Spider-Verse avant lui, il offre à la jeunesse états-unienne un héros dans lequel il peut s'identifier. Bien que les deux personnages principaux (Shang-Chi et Katy) soient Chinois ou d'origine chinoise, ils incarnent le paradoxe identitaire de très nombreux émigrés ou descendants d'émigrés au sein de la nation américaine : ils sont traités de Chinois en Amérique, mais on les perçoit souvent comme des Américains en Chine, ce qu'illustrent bien Shang-Chi et surtout Katy lors de leur arrivée à Macao (pour une fois que c'est pas Beijing, Shanghai ou Hong Kong !)

Bon, et mis à part tous ces points au crédit de la diversité et de la représentation ethnique, malgré des accents héroïques un peu exagérés propres au MCU vers la fin, Shang Chi demeure un film génial avec un antagoniste intéressant, une bonne écriture, de fabuleuses séquences de combat avec des chorégraphies de ouf qui nous rappellent que certains arts chinois sont proches de la danse, des femmes incroyables et de l'humour. Franchement ça faisait longtemps que j'avais pas aussi spontanément et immédiatement adoré un Marvel, moi qui, en plus, suis déjà fan de ciné asiatique. J'ai hâte de le revoir !

Voilà, donc comme l'a dit Nom D'un Bouquin, l'avenir du MCU se dessine dès novembre avec Hawkeye (que je vais regarder), Les Éternels (pour lequel je suis mi-curieux, mi sceptique et re-mi-dubitatif derrière) et Spider-Man : No Way Home (dont je veux même pas entendre parler, mais je sens que ça va être un passage obligé) mais pour l'instant le nouveau cycle du MCU est plutôt encourageant pour moi !

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