Subnautica.
Développé par : Unknown Worlds Entertainment.
Genre : survival.
Date de sortie : entre le début et la fin de l'année 2018 selon les supports.
Support : PC/Mac, PS4 et Xbox One.
Système 4546B, planète inconnue de classe océanique. Alors qu'il effectuait une manœuvre orbitale pour se propulser vers la suite de son voyage spatial, le vaisseau Aurora de la toute-puissante corporation Alterra connaît une grave avarie et s'écrase à la surface.
Parmi les quelques capsules de survie qui parviennent à quitter le bord, la n°5 est occupée par un unique occupant, Ryley Robinson, qui doit maintenant découvrir si d'autres survivants ont réchappé au crash et comment retourner dans le domaine d'Alterra.
Alors, je vais essayer d'être aussi objectif que possible, ce qui sera pas simple parce que Subnautica, que j'ai fini ce dimanche 17 février (on est le lundi 18 au moment où j'écris ces mots) est un jeu qui m'a terrifié dans mes premières heures de jeu, mais que j'ai appris à apprécier avec le temps et que désormais j'aime profondément. Oh, et je vais évoquer quelques spoilers, mais ils seront masqués pour celleux qui sont intéressé-e-s par le jeu ;)
Le fait est que ce titre indépendant émet une proposition très simple qui n'admet que deux réactions possibles : on aime ou on déteste. Je ne pense pas qu'on puisse rester indifférent-e au contenu de ce jeu. D'ailleurs Subnautica a sérieusement fait parler de lui à trois grands moments : à la fin de son Early Access (ou Accès Anticipé), quand sa sortie publique l'a révélé comme un des meilleurs titres de 2018, à l'occasion de la sortie d'Epic Games Launcher (nouveau rival de Steam) lors de laquelle il a été un des premiers jeux distribués gratuitement (un jeu offert pendant une période de deux semaines avant qu'un autre prenne le relais, c'est génial) - c'est d'ailleurs à cette occasion que je l'ai obtenu - et dans une moindre mesure quand son compositeur a été viré pour des propos craignos (mais contrairement à d'autres cas, le studio entier n'est pas à mettre en cause, ni le jeu à boycotter : dès que ça a pué, Unknowns Worlds a fait le ménage).
Bref, Subnautica, tout juste sorti, est déjà reconnu comme un incontournable qui fait parler de lui.
De fait, Subnautica, comme son nom l'indique, se déroule dans les océans d'une planète totalement vierge de toute civilisation humaine. Pas de base, de poste avancé, rien. C'est un survival, dans la plus pure tradition du genre, où on expédie le personnage solitaire dans un milieu hostile. En tant que tel, il est donc d'un abord difficile, impose aux joueurs et joueuses d'apprendre sur le tas, par l'expérimentation, avec les risques que ça suppose.
Alors je vais pas vous mentir, ce qui m'intéresse avant tout dans les jeux vidéo, c'est l'univers, le propos, la trame narrative, l'ambiance, le gameplay vient ensuite et je ne déprécie pas spécialement un jeu dont les mécaniques manqueraient d'originalité ou d'inventivité si son écriture me plaisent. Du coup, concernant Subnautica, je suis rapidement allé voir s'il existait un wikia où seraient dispos plein d'infos et astuces sur le gameplay (c'est le cas), même si ces consultations de ma part n'ont servi qu'à m'indiquer ce dont j'avais besoin et comment le fabriquer, sans vraiment fausser l'expérience de jeu.
Jellyshroom Cave, un vaste réseau de grottes sous-marines plutôt dangereux à cause des poissons-serpents qui se planquent dans les champignons qui lui donnent son nom, mais également bourrée de métaux précieux pour les technologies.
Parce que l'expérience de jeu, dans Subnautica, c'est l'exploration. Et dans une situation de détresse extrême - la solitude et aucun moyen matériel pour survivre - les développeurs ont pris un parti extrêmement pertinent : y'a aucune carte en jeu. Genre rien, nada, pas même un bout de radar ou une plaque de corail sur laquelle on pourrait prendre des notes. Ce qui a l'avantage secondaire de rendre le jeu inédit pour quiconque y joue : même si tu donnes des indications à quelqu'un pour se repérer dans l'océan, sur le terrain, c'est quasi-inefficace, le repérage en jeu se fait presque exclusivement à l'œil et au sein des biomes, les environnements sont assez cohérents et uniformes. Même si on a découvert par hasard un élément marquant du décor, on peine à le retrouver ensuite. Ajoutez à cela, bien évidemment, que la lumière décroît à mesure que l'on s'éloigne de la surface, et que la bioluminescence des animaux et des plantes est souvent rare, et vous avez une idée générale de la proposition formulée par Subnautica.
Parce qu'en effet, le cadre spatial du jeu est divisé en biomes bien définis, parfois très différents, ce qui m'amène à un autre point du jeu déjà un poil évoqué ci-dessus : la difficulté suscitée par la richesse de son contenu.
La Forêt de Kelp est typiquement une zone de début de jeu : pleine de ressources, avec pour seule menace (dérisoire) les Rôdeurs qui ont pour habitude de récolter les débris de métal. |
Le problème, d'abord, c'est que même si le jeu se déroule dans un cratère fermé (c'est la manière dont les développeurs ont limité l'espace de jeu : si tu sors, t'as 3 Léviathans Fantômes qui viennent te waka waka la gueule), celui-ci fait au maximum dans les 5 kilomètres de côté avec une profondeur de 0 à 1100 mètres en général, entre 1100 et 1400 pour les quelques biomes les plus profonds (c'est une infinité à explorer !).
Grassy Plateau et Mushroom Forest, deux des biomes les plus accessibles et les moins dangereux du jeu :)
D'autre part, dans le jeu seul, on n'a aucune explication sur ce qui nous attend et ce qu'on est supposé-e faire, si bien que découvrir l'enjeu de Subnautica [spoiler] l'existence de nombreuses bases aliens appartenant à une civilisation disparue et qui sont à la fois la cause du crash de l'Aurora et le moyen de quitter 4546B [fin de spoiler] peut-être très long et plus ou moins sujet au hasard. De même, il est tout à fait possible de finir le jeu sans jamais aller dans certaines régions comme les Dunes (basses, dégagées, faciles à naviguer... parfait pour se faire chasser par un Reaper Leviathan), les Montagnes (sous-marines certes, mais encaissées et difficiles à explorer), la Crag Zone (profonde et sujette aux radiations depuis l'épave de l'Aurora) ou encore la région des Léviathans Pèlerins (sûre, mais lointaine et profonde).
En fait, je suis même bien content d'être passé par le wikia pour avoir eu une ligne directrice parce que le jeu est ordinairement construit selon un rythme assez inégal. Pour tout vous dire, j'avais même renoncé à le finir, à un moment, avant de m'y replonger (haha ^^) après avoir vu une streameuse y jouer en live. C'est un peu le souci avec les survivals, on adore y jouer, mais la progression paraît impossible, non parce qu'elle est difficile (quoique...) mais parce que les endroits où elle se fait semblent dangereux. Soyez honnêtes : levez la main celles et ceux parmi vous qui ont terminé le mode solo de Don't Starve. Vous voyez, j'avais raison.
Ben dans Subnautica le problème existe aussi : l'univers et le background sont très riches mais, de manière logique et légitime, la narration est au contraire très simple, afin de recentrer le jeu sur le milieu naturel plutôt que sur la manière de le quitter. J'ai lu y'a pas très longtemps que dans les jeux en monde ouvert, le personnage principal était le monde lui-même, et c'est particulièrement vrai pour Subnautica.
Also, il est plutôt mince. Il n'est pas spécialement grand hein, là j'avais le soleil couchant dans le dos ^^
Ryley Robinson, avant le crash, était directeur de la maintenance des systèmes non-essentiels de l'Aurora. Le mec n'est ni un soldat, ni un officier, ni même un scientifique, il n'a aucune compétence particulière, il n'est pas spécialement fort ni intéressant, l'intérêt du jeu, ce sont les décors grandioses. Du coup l'univers est vaste et il explique toute la narration, depuis le crash de l'Aurora et même avant [spoiler] il évoque ainsi une pandémie, la bactérie Khaara, qui a presque exterminé la civilisation des Précurseurs, si bien qu'ils se sont réfugiés sur 4546B pour essayer de développer un remède grâce aux enzymes d'une créature locale immunisée à la bactérie, le Léviathan Empereur des Mers, mais leurs recherches n'ont pas abouti, si bien que l'animal est resté enfermé dans un laboratoire depuis, tandis que la planète était mise en quarantaine à l'aide d'un canon orbital automatique qui dégomme tous les appareils à portée [fin de spoiler].
Seulement, l'intrigue est au contraire très rapide [spoiler] Ryley explore les bases aliens une par une avant de découvrir l'existence de l'Empereur des Mers, qui est mourant et lui demande de l'aider à faire éclore ses œufs, les 5 derniers de l'espèce, afin que les bébés puissent diffuser l'enzyme 42 sur la planète pour détruire la bactérie Khaara. En échange, Ryley sera soigné de cette bactérie et pourra quitter 4546B [fin de spoiler], si bien que ma partie s'est déroulée en trois temps très déséquilibrés.
D'abord, une courte phase d'apprentissage, entre le crash et la construction de ma première base, ensuite, une très longue phase d'exploration, qui en ce qui me concerne s'est résumée à récolter matériaux et technologies pour bâtir plusieurs bases, les équiper, les décorer, puis construire et équiper les trois véhicules du jeu, et enfin une courte phase de narration à l'issue de laquelle j'ai démêlé l'intrigue. Fin du jeu.
En revanche, il me paraît impossible d'évoquer le déroulement et surtout la fin du jeu sans m'arrêter sur ce que j'ai aimé à un niveau incroyable, quand je me suis penché sur les mécanismes et les rapports biologiques dans Subnautica : son écologisme extrêmement marqué.
Le personnage principal est un être humain plongé - littéralement - dans un milieu à priori hostile (je rappelle qu'il existe 14 espèces agressives et une mixte, agressive selon certaines conditions, et que sur ces 14, 5 présentent des individus assez grands pour faire de Ryley Robinson l'élément central d'un savoureux casse-croûte) et l'expérience a appris au public vidéoludique que les survivals en milieu hostile ont souvent pour enjeu de tuer des trucs pour assurer la survie et à terme la domination dans la chaîne alimentaire (qui est plutôt une pyramide).
Dans Subnautica, bien au contraire, tuer un autre être vivant ne rapporte rien, pas de viande, d'os, de butin quelconque (les rares éléments animaux nécessaires sont obtenus sans violence), concernant au moins 6 espèces c'est une forme de suicide assisté, et l'écriture narrative encourage totalement ce principe. Là je suis désolé mais je vais spoiler sans masquer mes propos pour pouvoir les expliquer : un des enjeux de la planète 4546B est que toute la vie est menacée par l'existence d'une maladie qui n'est contenue que par l'intervention d'une espèce précise dont il reste un seul individu, et qui pour ce faire utilise la présence de petits poissons rapides, les Peepers. Seule l'intervention de Ryley Robinson peut enrayer définitivement cette maladie : l'être humain est donc un Peeper évolué, il joue le même rôle environnemental que les poissons.
Plus encore, Subnautica énonce que l'équilibre d'un environnement naturel repose exclusivement sur la biodiversité : toutes les espèces pondent des œufs et sont hermaphrodites (elles peuvent se reproduire facilement grâce à l'apport génétique d'un petit nombre d'individus), mais cette espèce qui protège toutes les autres est incapable de fertiliser ses propres œufs. Pour que l'éclosion ait lieu, il faut un apport environnemental à base de plantes et d'éléments naturels précis.
Moralité : dans Subnautica, non seulement aucune espèce ne domine les autres et n'est capable de prospérer sans le concours de toutes les autres (y compris l'humain, qui est étranger à cette planète) mais en plus il suffit d'une simple modification dans l'équilibre biologique pour flinguer l'environnement, dont la préservation est ainsi un enjeu majeur pour tout le monde [spoiler] précisément ce que n'avaient pas compris les Précurseurs qui voyaient dans les animaux une fonction utilitaire, celle d'objets de tests dans leur lutte contre une pandémie [fin de spoiler].
J'ai même un poster avec un chaton, c'est vraiment trop stylé ♥ |
De fait, la biologie extraterrestre est très riche, depuis les petits poissons comestibles - le jeu propose un mode Survie qui prend en compte la faim et la soif, et un mode Libre qui ne gère que l'oxygène et auquel j'ai joué - jusqu'aux rares et immenses Léviathans. J'ai déploré assez régulièrement sur Twitter le danger des Reapers, qui sont des cauchemars ambulants (il y en a 22 dans le jeu, dont 8 rien que dans la zone de crash où se situe l'Aurora dont la fouille est extrêmement utile), mais on croise aussi nombre de petits carnivores proches des requins, et souvent de magnifiques herbivores ou planctivores, depuis les raies spectrales jusqu'aux majestueux Reefback Leviathans dont la carapace fait d'eux des écosystèmes vivants (vous voyez Torterra, le pokémon-tortue-forêt ? Ben un Reefback c'est pareil, y'a des plantes et des coraux sur son dos ♥).
Pareil pour les végétaux, certains sont emblématiques, d'autres sont effrayants (il existe une variété d'algue qui se plante dans la voûte des cavernes et, à l'instar des méduses, se nourrit en générant un courant électrique qui grille tout ce qui les touche), beaucoup sont adorablement jolis, et puisque je parle ici d'un jeu vidéo, j'en viens à un autre point important : Subnautica est LOURD.
Je possède depuis l'an dernier, moment où j'ai refait ma configuration, un PC assez puissant (j'ai par exemple 8Go de RAM en DDR4, le dernier format en date, et y'a guère que la carte graphique qui traîne un peu la patte), et pourtant, le chargement de ma partie est toujours assez long, sans parler de la dernière phase du jeu [spoiler] la rencontre avec l'Empereur des Mers et les animations que ça suppose, dans son bassin d'internement [fin de spoiler] qui a suscité quelques lags assez intenses.
Le fait est que Subnautica est à la fois un jeu en monde ouvert et un jeu avec un monde persistant. La plupart des survivals ont une esthétique assez austère (on a tou-te-s en tête l'exemple de Don't Starve ou celui de Terraria) qui peut être soutenue assez facilement par les petites machines. Alors clairement, le fait qu'un jeu soit développé par un studio indépendant ne signifie pas qu'il soit forcément une ode au pixel-art. Chez Unknown Worlds ils étaient en mode "être modestes et discrets ? Lol nope ! ^^" et paf, Subnautica.
Pour le dire clairement : la carte du jeu, faute d'un autre mot (y'a des cartes sur le wikia, j'en ai utilisé pour me guider, mais rien en jeu), est UN ENSEMBLE UNIQUE. Y'a aucune transition, aucun menu, aucune séparation entre les différentes zones (à tel point que parfois, si tu es dans ta base et qu'il y a un truc juste dehors, une plante, des poissons, un Gasopode qui s'est lâché pour te gazer la face..., ça peut traverser les parois). Du coup, dans cet ensemble unique fait d'une vingtaine de biomes différents, y'a toujours plus ou moins du mouvement, des poissons et animaux marins qui se déplacent, des plantes qui remuent dans le courant, le temps qui s'écoule (la nuit est souvent très belle, mais à cause de la luminescence, elle aide pas les performances graphiques) bref, la puissance du PC est toujours sollicitée à fond. Faut avoir une sacrée machine pour le faire tourner.
Pour vous donner une idée, ça c'est l'écran de chargement de la partie, qui restitue les différentes parties de l'univers créé, l'état de l'Aurora, les bases, les éléments naturels, tout ça..., et en ce qui me concerne le chargement prend toujours entre 140 et 180 secondes environ (sur la ligne supérieure).
En outre, la musique est toujours présente, j'ai écouté la bande-son complète sur Youtube après avoir fini le jeu, y'a plein de morceaux qui font très mauvaise musique électro-trance mais quelques compositions que j'avais déjà appréciées dans le jeu sont superbes, même si une en particulier me file assez souvent la pétoche (dans un titre où la musique change en fonction du contexte, elle est parfois signe d'ambiance craignos et de danger imminent) ^^ De manière générale, sans trop dépayser les joueurs et joueuses, les musiques d'exploration font très thème d'ambiance, épurés et élégants, j'ai vraiment adoré.
En bref : ce n'est pas sans raison que Subnautica est l'un des meilleurs jeux indépendants et l'un des meilleurs titres sortis en 2018. Si une partie de son contenu est mystérieuse et peut être découverte par le joueur de manière totalement hasardeuse, et s'il est aussi exigeant qu'un survival-crafting peut l'être en termes de gameplay, Subnautica est aussi un jeu magnifique avec un univers riche et immense, mais surtout un propos écologiste incontestable. L'avoir terminé a suscité chez moi un sentiment doux-amer : il est fini, je n'y rejouerai probablement pas, en tout cas pas avant longtemps, mais je l'aime profondément et je le recommande sans hésiter.
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