Pokémon : Détective Pikachu.
Film américano-japonais de Rob Letterman (2019) avec Justice Smith, Kathryn Newton, Ryan Reynolds, Bill Nighy, Watanabe Ken.
Genre : policier, comédie.
Vu en VOST.
Un village éloigné de Ryme City, dans le monde des pokémon, de nos jours. Tim est un jeune homme qui, contrairement aux gens de son âge, n'a pas et ne veut pas de Pokémon. C'est un solitaire, élevé par sa grand-mère et qui travaille dans l'assurance.
Puis un jour, il reçoit des messages dramatiques de Ryme City : son père qu'il n'a pas vu depuis des années, policier sur place, a été tué dans un violent accident de voiture.
Pokémon : Détective Pikachu, strictement adapté d'un jeu vidéo du même nom, a fait parler de lui dès les premières images de promotion, et pas forcément pour les bonnes raisons. On se souvient tou-te-s de ce Ludicolo aux airs de canard et de ce Rondoudou au regard perturbant. Direct, le film s'est confortablement installé dans l'Uncanny Valley, et ça présageait le pire.
L'Uncanny Valley, ou Vallée Dérangeante, est un concept qui apparaît lorsqu'un robot créé à l'image humaine commence à être proche de nous mais avec des caractères résolument artificiels (le regard, les mouvements) que ça en devient flippant. Y'a par exemple ce robot d'un musée tokyoïte qu'Axolotl évoque dans ses Étranges Escales dans la capitale japonaise.
Mais l'Uncanny Valley, c'est aussi quand un personnage fictif se balade sur la ligne étroite qui sépare le mignon du malaisant. Les pokémon conçus pour être moches, genre Tadmorv, ils ont jamais été vraiment malaisants parce qu'ils ont un look de cartoon, mais imaginez des pokémon réalistes dans un monde semblable au nôtre. Le flip.
Bref, sur le papier, Pokémon Détective Pikachu c'était une bonne grosse idée de merde, en témoigne les réactions au teaser du film Sonic, très similaires à celles suscitées par PDP.
Et puis, il y a eu la mise en pratique...
Le truc très intéressant d'emblée dans ce film Détective Pikachu c'est qu'il fait exactement ce qu'a fait Spider-Man : Into the Spider-Verse et ce qu'ont fait absolument tous les films d'animation Pokémon jusqu'à maintenant. Tu connais rien aux Pokémon, tu sais pas ce qu'est ce monde, c'est quoi un Pokémon ? Vers le début, on a une courte présentation en mode "on connaît les Pokémon depuis toujours, nos ancêtres les capturaient et utilisaient leurs pouvoirs pour aider la société, et puis on a construit Zootopia, une ville où on est en harmonie avec les Pokémon, où il n'y a ni dresseur, ni pokémon, ni combat !"
Et paf, te voilà introduit-e à ce monde, on peut commencer à parler sérieusement.
Ouais, ce film c'est totalement Zootopia avec des pokémon au fait.
À titre personnel j'ai adoré le fait que ce film s'adresse directement à moi dans tout ce qui m'a toujours plu dans le monde de Pokémon. Je déteste les jeux vidéo et je ne le cache pas parce que pour moi c'est une apologie de la domination humaine et de l'esclavage animal, typiquement dans la conception japonaise de l'environnement. En revanche, Pokémon Détective Pikachu c'est précisément la manière dont j'imaginais une société dans laquelle les pokémon sont présents partout, évoluent librement et interagissent paisiblement avec les humains.
Et puis, sans vous spoiler mais histoire de parler casting, il faut savoir que dès la première génération de Pokémon et l'annonce des premières bestioles, entre Bulbizarre, Salamèche et Carapuce, c'est toujours le premier que j'ai préféré. C'est un pokémon plante, donc déjà vive l'écologie, des trois premiers Starters c'est celui qui est pas trop mignon, qui fait un peu méchant, et puis ses pouvoirs sont trop cool, il a des lianes et il plante des graines ♥ Alors ok, mon type préféré c'est le feu et si j'étais un dresseur pokémon je serais un taré incendiaire, mais Bulbizarre aura toujours une place particulière dans mon cœur ♥
L'une des toutes premières représentations de Bulbizarre, Salamèche et Carapuce pour les versions Bleue/Verte et Rouge. Cette image est presque aussi vieille que vous.
Also, toujours question plantes et histoire d'évoquer le Florizarre de 4ème génération, ce film m'a rappelé pourquoi mon pokémon préféré était Torterra : je rêve toujours d'en avoir un pour habiter dans une maison en bois sur sa carapace et voyager dans le monde en sa compagnie.
Bref, tout ça pour dire que, contrairement à ce que j'ai supposé en voyant les images promotionnelles, le film est vraiment bien réalisé. Les pokémon sont très nombreux à l'écran, souvent à l'arrière-plan, faisant leur truc dans leur coin pendant que les personnages principaux vont et viennent.
Ceux-ci, au nombre de quatre, déploient donc une intrigue qui tient autant du buddy-movie que de l'enquête policière, et si l'un des éléments majeurs de la narration ne repose sur aucune loi naturelle, sorte de "ta gueule c'est magique" propre aux jeux vidéo, le reste est très cohérent. Cet univers a du relief, il raconte des choses, montre comment une métropole vit avec des bestioles intelligentes, et c'est d'autant plus agréable qu'une partie du casting est totalement craquée.
Ci-dessus, deux des meilleurs acteurs de toute l'histoire du cinéma, avec un jeune premier et deux peluches dans un film qui mérite clairement votre attention.
Quelle n'a pas été ma surprise, en effet, en découvrant deux de mes acteurs préférés, Watanabe Ken et Bill Nighy, respectivement dans les rôles d'un officier de la police et d'un riche entrepreneur proche des pokémon. Mais le vrai délire provient d'un autre acteur principal, Ryan Reynolds, le seul acteur assez complet pour trucider des méchants dans Deadpool 2 juste avant d'aller incarner une peluche vivante avec des grands yeux touchants.
Face à eux, les jeunes interprètes de Tim Goodman et Lucy Stevens, très proches de leurs personnages (lui a joué dans Jurassic Park Fallen Kingdom et a 23 ans, elle a 22 ans mais est déjà apparue dans nombre de films et séries depuis 2002), délivrent une performance très correcte.
Lucy, on dirait une fusion entre April O'Neill (Tortues Ninja) et Ondine d'Azuria, mais c'est pas une damsel in distress et elle est pas agaçante. C'est même un personnage très intéressant et elle a un Psykokwak (toute personne qui revalorise ce pokémon sous-estimé mérite une statue à son effigie et un Prix Nobel d'Amour. Oui il faut le créer pour ça). Nan franchement le casting assure.
Question esthétique, j'ai déjà parlé de l'univers et de Ryme City - l'humour est génial aussi d'ailleurs, notamment parce qu'en partie visuel - mais j'ai eu le plaisir de découvrir au générique le nom d'un de mes chouchous, le compositeur Henry Jackman (dont j'avais parlé ici), et de fait, certaines musiques du film, quoique pas spécialement marquantes, sont très bienvenues et dépeignent bien l'univers représentés. Also, y'a des références à la série animée Pokémon, notamment à la musique et la chanson de son générique, et ça c'est toujours plaisant.
En bref : c'est clairement une nouvelle extension de l'univers Pokémon, plus qu'une simple expérience, qu'on a ici. Si les créateurs japonais de cette licence veulent savoir si les longs métrages en prises de vues réelles sont possibles, ils seront contents : qu'il aime ou pas, le public va venir en nombre pour constater le résultat. En plus, Pokémon Détective Pikachu a le mérite de montrer un pan du monde pokémon que je veux voir depuis des années, celui où les bestioles ne sont ni des armes ni des esclaves pour dresseurs stupides. C'est joli, bien écrit, attachant, j'aime beaucoup et je recommande !
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