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13.2.20

L'exploration spatiale ? Sans façon, non.

À l'époque d'un rationalisme tellement poussé qu'on le laisse gouverner nos sociétés et notre état d'esprit général en tant qu'espèce, à l'heure du dérèglement climatique et de la vulgarisation scientifique, il convient autant que possible de faire rêver les gens - à moins de vouloir faire de nos populations des groupes de gens dépressifs, cyniques et misanthropes, et comme je le dis souvent, je souhaite à personne d'être comme moi.

Pour certains ahuris, rêver, ça veut dire fantasmer un avenir dans lequel l'humanité pourra toujours et sans conséquences jouir du confort de vie qui est le sien (c'est faire abstraction du fait que la majorité de la population mondiale ne partage PAS ce confort de vie), pour d'autres demeurés, ça consiste à penser que la science sera toujours à même de régler les problèmes globaux - à titre de rappel, la science est un outil de découverte des savoirs, un principe intellectuel et/ou abstrait. La mise en application concrète de la science, ça s'appelle la technologie et dans l'ensemble, ça a davantage contribué à créer les problèmes qu'à les régler.
Et puis pour d'autres personnes, souvent tout à fait appréciables, faire rêver les gens ça consiste à engager des dépenses intellectuelles, économiques et énergétiques incroyables pour explorer et étudier tout ce qui se passe hors de la planète Terre.

Mais pourquoi exactement ? De plus en plus de spécialistes des sciences de l'univers, comme on appelle l'astronomie, l'astrophysique, l'ingénierie spatiale et d'autres domaines approchants, sont de plus en plus enclin·e·s à admettre que le voyage spatial est de l'ordre de la science-fiction et de la chimère.
De coup.... pourquoi vous insistez ? Pour ma part, je suis opposé au concept, et j'avais envie de détailler mes arguments en la matière.


Avant toute chose, il faut savoir que mon rapport à l'exploration spatiale consiste en un paradoxe parce que... J'ADORE la science-fiction, et dans ce genre narratif très hétérogène, j'aime davantage les récits qui se déroulent dans l'espace ou lui sont rattachés que ceux dont ce n'est pas le cas. Entre un Star Trek et un Blade Runner, entre un Firefly et un Altered Carbon, entre un Stargate Atlantis et une Servante écarlate, je choisirai toujours le premier.
Par extension, alors que j'aime beaucoup les jeux vidéo de stratégie, l'un de mes préférés est Endless Space, dont le nom assez éloquent laisse entendre de quoi il s'agit. J'aime énormément les jeux d'exploration et de conquête spatiale.

Mais voilà : je suis aussi écologiste et froidement logique. Pour cette raison, l'exploration spatiale n'a aucun sens à mes yeux.

C'est d'ailleurs l'un des éléments les plus fédérateurs au sein des écologistes du monde entier, particulièrement au sein de l'ONG internationale Sea Sheperd : on n'est pas favorables à l'exploration spatiale. Et pas uniquement parce qu'elle suppose d'énormes dépenses énergétiques, notamment dans l'exploitation des matériaux nécessaires pour construire les appareils liés aux sciences de l'univers, mais aussi en termes de posture. Dans l'esprit, aspirer à l'espace, à son exploration, c'est au moins en partie se détourner de la terre ferme et des problèmes qui y ont besoin de solutions urgentes. En poussant le raisonnement plus loin, considérer que l'humanité a sa place dans l'espace, ça revient à dire que la Terre n'est pas son environnement normal, qu'il faut qu'elle se casse de là. Alors d'accord, en théorie, on peut très bien s'intéresser à la fois à l'exploration spatiale, aux sciences de l'univers, mais aussi à l'écologie et aux sciences de l'environnement, mais voilà : en pratique, le compromis n'est pas possible parce que les gens qui travaillent dans ces deux ensembles de domaines sont au mieux ignorant·e·s les un·e·s des autres, au pire carrément en opposition (sur le rapport aux ressources naturelles notamment).
Et quitte à prendre tous les paramètres en compte, dans la science-fiction, les espèces ou les sociétés qui quittent leur planète après l'avoir ravagée au-delà du vivable sont rarement présentées sous un jour bienveillant. Vous vous rappelez d'Independance Day, de Pacific Rim ou même du tout premier jeu Ratchet et Clank ? Épuiser et polluer une planète, fuir vers une autre et recommencer... tout ça...

Dans Independance Day, ils sont littéralement décrits comme une race insectoïde semblable aux sauterelles qui viennent quelque part, épuisent toutes les ressources et recommencent ailleurs.

Bref, tout ça pour dire qu'à mon sens, penser l'exploration spatiale face à l'écologie, ça implique d'accepter son absurdité. Et par là je ne pense pas à l'écologie actuelle et politisée, je pense à l'origine du concept, à l'écologie comme réflexion centrée sur l'environnement et la place que l'humain y occupe.
Non parce que si on reporte le questionnement à l'écologie contemporaine, mais là le constat est encore plus éloquent : le dérèglement climatique est déjà à l'origine de crises environnementales dont les plus visibles récemment sont les incendies de l'Australie - à cause d'un climat trop chaud et trop sec, parce que dans l'hémisphère sud, pendant que nous sommes en hiver, eux sont en été. Bientôt, les crises vont devenir humanitaires, et il faudra SÉRIEUSEMENT repenser à la fois notre modèle économique productiviste et notre mode de vie consumériste. Pour le dire simplement, l'humanité ne pourra pas toujours exister aux dépens de la planète, en exploitant allègrement ses ressources et en épuisant tout ce qui peut l'être.
Et dans le cadre de cette redirection nécessaire et impérative de nos convictions et de notre manière d'être, en tant qu'espèce, je pense sincèrement qu'il faudrait faire le deuil de l'exploration spatiale au même titre que celui de l'industrialisation et de l'urbanisation massive.

Et histoire d'être bien clair : je ne nie pas les intérêts intellectuels de la science, de la découverte et de l'apprentissage. Je trouve toujours très enthousiasmant d'apprendre de nouvelles informations, d'avoir accès à des savoirs qui m'étaient inconnus, mais le problème avec l'exploration spatiale, d'une part c'est que ces études scientifiques supposent de construire d'énormes observatoires très coûteux, notamment en matières premières, d'autre part, c'est que ce serait pertinent si on connaissait déjà par cœur l'ensemble de notre planète, mais c'est LOIN d'être le cas. On pourrait par exemple apprendre des tas de choses intéressantes sur les océans, vu que ce sont basiquement les trucs qui nous permettent de rester en vie en absorbant le CO² atmosphérique, mais bon, moi j'dis ça...


Et le pire, c'est que quand un·e spécialiste de l'astronomie comme AstronoGeek essaie de justifier l'intérêt de la conquête spatiale de ses débuts à nos jours, ça se résume à l'inventaire des inventions effectuées pour ou grâce à la conquête spatiale ou rendues célèbres grâce à elle.
Bon écoutez il est bien gentil Arnaud mais je conteste pas les acquis passés de l'exploration spatiale sur les 60 dernières années, je conteste l'utilité de ce pan de la recherche dans le futur ! OK, les inventions qu'on doit aux acharnés du contrôle spatial sont utiles dans nos sociétés, mais est-ce que, en 2020, il est encore intéressant de dépenser encore des milliards par an pour sonder l'infini spatial et éventuellement inventer deux-trois trucs utiles, alors que les milliards en question pourraient être consacrés à la transition énergétique et à un mode de vie respectueux de la planète ?

Alors non seulement l'exploration spatiale, à notre époque, dans notre contexte, c'est devenu pour nos sociétés au mieux une abstraction scientifique qui n'apporte que très ponctuellement des résultats concrets utiles - sérieusement, en quoi ça impacte votre vie qu'il y ait des robots sur Mars ? - au pire un domaine économique pour ultra-riches type Elon Musk qui font miroiter un avenir à l'humanité en se détournant totalement par ailleurs des problèmes dont elle souffre (les inégalités, les doctrines de haine, la pauvreté chronique, les guerres, tout ça) mais en plus, je l'ai dit, c'est polluant et destructeur.

Carte centrée sur le Point Nemo,
où l'on voit au sud l'Antarctique,
à l'est l'Amérique du Sud,
et à l'ouest la Nouvelle-Zélande
et l'Australie.
Tu connais Nemo ? Probablement que oui : Nemo, quel que soit le contexte, c'est lié à l'océan : c'est ce poisson-clown qui fait rêver les enfants, c'est ce capitaine inventé par Jules Verne qui fascine les adultes, et c'est aussi..... le point de la surface terrienne qui est le plus éloigné de toute terre émergée. Le Point Nemo, situé en plein Pacifique Sud, est l'endroit de l'océan le plus isolé qui soit. Et en tant que tel, c'est donc l'endroit qui a été choisi pour être une décharge spatiale, dans laquelle sont balancées les restes des appareils spatiaux obsolètes.
Je t'explique : une fusée, c'est globalement une très grosse explosion avec un tube de métal posé dessus, sauf que toute la fusée n'a pas besoin d'aller en orbite. Comme l'explique très bien la série de vidéos de Léo Grasset/Dirtybiology intitulée Comment envoyer l'humanité dans l'espace (le lien est en fin d'article), lors d'un lancement spatial, le plus gros de la masse qui est propulsée est, en l'occurrence, représenté par les lanceurs. La seule fonction d'un lanceur de fusée c'est de porter la charge utile, donc les appareils de télécommunication, d'observation ou autres, jusqu'à l'orbite, pour qu'ils puissent ensuite flotter là-haut - ou plus exactement "tomber sur le côté" à une vitesse suffisante pour ne pas s'écraser au sol à cause de la gravité terrestre.

Sauf que les lanceurs, une fois qu'ils ont porté la charge utile en orbite, ils retombent. Et les appareils qui sont déjà en orbite et qui finissent par être remplacés par des modèles plus modernes sont désorbités, donc rapatriés sur la terre ferme, pour être envoyés au Point Nemo.
Tu as bien lu : il y a un point dans l'océan où les êtres humains balancent leurs vieux vestiges de l'exploration spatiale, au mépris de l'environnement immédiat, et alors que dans certains cas (celui des appareils qui étaient en orbite, comme la station spatiale russe Mir), il aurait été plus propre de les propulser direction l'espace profond pour l'éternité (je rappelle, dans l'espace, il n'y a pas d'air, donc pas de résistance au mouvement. Pour balancer un truc dans une direction, il suffit de le pousser même un peu, l'inertie fera le reste jusqu'à ce qu'un obstacle se pointe).

Et clairement, si le Point Nemo a été choisi comme poubelle spatiale, c'est bien pour préserver les êtres humains : il est l'endroit le plus éloigné de toute terre émergée où pourraient vivre des humains. Si l'objectif avait été de préserver la nature, on aurait privilégié un endroit tellement profond que la pression sous-marine aurait écrasé les restes d'appareils et où le froid aurait vraisemblablement anesthésié les interactions chimiques avec l'environnement, c'est-à-dire la Fosse des Mariannes, qui est l'endroit le plus profond de toute la surface terrienne - sauf que cette fosse marine, elle est juste au large de l'Asie orientale, donc très près des humains...

Bref : l'exploration spatiale du point de vue environnemental et écologique, c'est une aberration sans nom, qui en plus n'a plus vraiment de raison d'être, puisqu'on est actuellement à un point de développement sociétal où on a vu, de manière évidente, la futilité de la civilisation matérialiste, qui ne peut plus être perfectionnée par de nouvelles inventions issues des technologies spatiales.
Maintenant je vais encore pousser un peu le curseur de la misanthropie : on va parler politique.


En admettant que l'exploration spatiale ait encore une utilité réelle et qu'elle puisse être pratiquée sans détruire l'environnement, par exemple en utilisant des appareils issus du recyclage ou des lanceurs de fusées réutilisables, en admettant même que la colonisation spatiale soit de l'ordre du réalisable, j'ai une question très simple à poser :
EST-CE QUE VOUS PENSEZ QU'ON EST PRÊT·E·S ?!?

Pas en tant qu'espèce, je veux dire. Non parce que notre planète a fait de nous des bestioles qui ont besoin d'un environnement avec de la gravité physique, de l'air respirable, de la nourriture et de l'eau pour vivre - donc précisément tout ce qu'on ne trouve pas là-haut. En tant qu'espèce on ne sera jamais capables de vivre dans l'espace, c'est pour ça qu'on a besoin de combinaisons spatiales pour pas mourir d'asphyxie - oui parce que, encore une fois, dans l'espace, il n'y a pas d'air, donc pas de température. Dans le vide spatial, on ne meurt pas de froid, on ne ressent pas le froid, on meurt parce qu'il n'y a pas d'air à respirer.

Hollywood vous ment : dans l'espace, il ne PEUT PAS faire froid. Pour faire froid il faudrait déjà qu'il y ait... de l'air froid. Sans air, ça risque pas.
(par contre niveau radiations solaires ça rigole pas, y'a zéro filtre pour te protéger)

Mais en tant que sociétés (au pluriel, oui), en tant que civilisation, dans notre rapport à nous-mêmes, vous pensez sérieusement qu'on a le niveau pour quitter la Terre et se lancer dans l'inconnu du vide spatiale, pour des durées potentiellement très longues, afin d'aller poser nos papattes sur des astres lointains au profit de la science et de la découverte ?
Alors c'est simple : quitter la planète sur laquelle on est apparu·e·s et où on a développé notre espèce, nos sociétés, notre mode de vie, dans le classement des projets sociétaux, on va dire que c'est d'ampleur mondiale. Quelles sont nos grandes réalisations mondiales passées et présentes qui peuvent déterminer notre potentiel à mener à bien un tel projet ?

Nous sommes en 2020 après Jésus-Christ selon le comput occidental, et on peut dire que jusqu'à maintenant, l'humanité est responsable des accomplissements suivants :
  • nous avons bâti une structure politique qui a perduré pendant plus de mille ans, notamment en réduisant à néant les cultures et les sociétés qui se sont attaquées à elle, faisant littéralement disparaître ces cultures de l'Histoire (c'est l'empire romain).
  • nous avons créé non pas une, ni deux, mais TROIS systèmes de croyances fondés sur la foi en une fiction métaphysique sans aucune espèce de fondement rationnel, systèmes de croyances qui ont d'ailleurs très souvent encouragé le maintien de sociétés conservatrices, dogmatiques et autoritaires, au détriment de la créativité scientifique et intellectuelle et de l'esprit critique le plus élémentaire.
  • l'existence parallèle de ces trois systèmes de croyances a engendré de très nombreux conflits armés qui ont globalement appauvri les sociétés humaines, non seulement sur le plan économique mais également intellectuellement et culturellement.
  • nous avons livré des conflits armés de manière à peu près perpétuelle pour des tas de raisons injustifiées et développé en permanence de nouvelles armes physiques, intellectuelles, chimiques et sanitaires afin de causer des dégâts chez ceux que nous désignons comme nos ennemis, poussant le concept jusqu'à des extrêmes comme l'arme nucléaire et la guerre bactériologique. En tant qu'humanité, nous avons certainement passé davantage de temps en état de guerre qu'en état de paix.
  • nous avons créé et perpétué à d'innombrables reprises des modes de pensée et des doctrines encourageant la croyance en une inégalité essentielle et fondamentale des êtres vivants de la Terre selon des facteurs aussi variés que leur apparence, leur capacité supposée à ressentir et à s'exprimer et leur organisation sociale, principalement à l'encontre d'espèces différentes de la nôtre.
  • cette croyance fausse en une inégalité essentielle des animaux et végétaux a conduit à l'extermination plus ou moins consciente de très nombreuses espèces, ce qui n'a fait qu'appauvrir le patrimoine du vivant sur notre planète.
  • nous avons étendu cette croyance en une inégalité essentielle des êtres à notre propre espèce sur des critères aussi variés et subjectifs que l'apparence extérieure, le rapport des sociétés à l'environnement naturel et les rapports sociaux entre individus, le mode d'organisation des sociétés, les différences de croyances spirituelles et ou même le refus de se soumettre à un modèle sociétal ou économique dominant.
  • cette croyance en une inégalité essentielle des êtres humains a amené des phénomènes aussi violents que les invasions armées, l'occupation dominatrice ponctuelle ou récurrente de certains territoires (la colonisation), l'extermination plus ou moins consciente de peuples entiers sous des prétextes culturels, religieux ou économiques (en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique et en Asie), l'exploitation économique de certains individus ou groupes d'individus comme des outils de travail vivants (l'esclavage), l'exclusion sociale et/ou économique, la discrimination ponctuelle ou récurrente de certains individus ou groupes d'individus (le sexisme, le racisme et les doctrines de rejet haineux des minorités ethniques et sexuelles) et de manière générale une réduction incroyable de la capacité humaine à se développer intellectuellement, moralement et culturellement, certains de ces phénomènes violents existant encore en 2020.
  • nous avons construit et pérennisé la croyance faussée selon laquelle le sexe de naissance d'un individu déterminerait son identité sociale, intellectuelle et culturelle pour toute son existence, réduisant de fait son potentiel créatif et intellectuel dans les limites d'une construction sociale arbitraire.
  • nous avons bâti et maintenu violemment des sociétés entières fondées sur cette croyance faussée d'une inégalité essentielle - principalement sur le critère de la différence de sexe ou de genre - et d'une détermination permanente dès la naissance des êtres humains, rejetant de fait le potentiel intellectuel et créatif de tout individu ne faisant pas partie des catégories privilégiées par le système de croyances dominant.
  • nous avons construit un modèle de société économique appelé capitalisme libéral, fondé sur la possession matérielle et sur le contrôle, l'exploitation et la marchandisation des ressources naturelles, modèle de société qui a conduit à la fois à de graves destructions de l'environnement planétaire à des fins d'exploitation économiques, ainsi qu'à la concentration des richesses matérielles et économiques dans un nombre très minoritaire d'individus au sein d'une espèce déjà dominante et destructrice à l'encontre de la planète, modèle de société qui est également appliqué brutalement à toute société ne l'ayant pas adopté ou refusant de l'adopter, ce qui conduit à des rapports violents entre individus et sociétés au sein de l'humanité.
  • nous avons constitué différents modèles de société au sein desquels l'organisation politique est inégalitaire, limitant le droit des individus à l'expression au sein du groupe selon des critères aussi subjectifs que le statut social ou économique, l'apparence physique, les convictions religieuses ou l'orientation sexuelle - modèles de sociétés autoritaires et conservateurs par ailleurs imposés violemment à toutes les sociétés qui refusent son application afin de confisquer le pouvoir d'initiative et les autonomies locales.

Alors, ce que tu vois là, c'est une pile de crânes de bisons. Parce que, il faut le savoir, les Natifs-Américains ne chassaient les bisons que quand ceux-ci, lors de leurs migrations annuelles, se trouvaient proches des tribus. Ce n'est qu'à l'apparition des Européens dans le Nouveau-Monde et avec les chevaux qu'ils ont apporté que les Natifs ont pu chasser les bisons toute l'année, ce qu'ont également fait les Blancs. Merci la civilisation européenne, beau progrès humain, amener une espèce animale au bord de l'extinction.

Bref, voilà, ces deux ou trois mille dernières années, l'humanité a fait tout ça. Exterminer des peuples, détruire des sociétés, réduire à néant des cultures, envahir des territoires libres et souverains, répandre des maladies, livrer des guerres partout, tout le temps, pour des prétextes souvent fallacieux ou destinés à renforcer le pouvoir de minorités et leur emprise sur les majorités, entretenir les haines et les rejets entre individus, entre groupes, entre sociétés, créer le capitalisme libéral mondialisé, le productivisme industriel consumériste bref, des tas de choses joyeuses qui ont eu des tas de résultats positifs.
Vous avez eu l'idée générale par rapport au sujet que j'évoque aujourd'hui : chaque fois qu'on a pu réduire ou entraver le potentiel et le développement intellectuels et créatifs de l'humanité, ON L'A FAIT. Chaque fois qu'on a pu mettre à l'écart des êtres humains qui auraient pu contribuer au progrès général de l'humanité, ON L'A FAIT. Chaque fois qu'on a pu diviser l'humanité selon de nombreux critères subjectifs, C'EST CE CHOIX-LÀ QUI A ÉTÉ FAIT.

Je vais répondre à la question que j'ai posée plus haut : on est pas prêt·e·s.
En tant que sociétés, en tant que peuple humain, en tant que groupe biologique doué de conscience, d'intelligence et qui a développé de nombreux concepts intellectuels destinés à améliorer le mieux-être, la culture et les savoirs de notre espèce, on est ABSOLUMENT PAS capables de s'engager dans l'exploration spatiale. Et c'est précisément pourquoi, à mon avis, il faut pas le faire.
Pour le dire simplement, aussi longtemps qu'on pensera l'humanité en termes d'États, de pays, de gouvernements, de groupes culturels, économiques, religieux, ethniques, sexuels et genrés, l'exploration spatiale ne sera non seulement pas possible mais également pas souhaitable. Il est totalement inenvisageable de s'investir dans un projet qui engage l'humanité toute entière alors que l'humanité n'est PAS entière.

Et c'est la raison pour laquelle je suis contre l'exploration spatiale.


Voir aussi :
- la série de vidéos de Léo Grasset intitulée Comment envoyer l'humanité dans l'espace (ce sont les Let's Play Science #3 partie 1, 2 et 3).
- une vidéo d'AstronoGeek et Nathan du Chat Sceptique analysant l'Équation de Drake destinée à calculer la probabilité de vie extraterrestre dans l'univers, et se concluant par l'idée que même si des extraterrestres existaient quelque part, ça ne changerait rien à notre existence.
- une vidéo d'AstronoGeek qui confirme l'impossibilité économique d'aller dans l'espace à l'heure actuelle.

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