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31.7.20

Un premier pas dans les comics ? Une première page, vous voulez dire ?

Bonjour Internet !

Cela fait plus de 30 ans maintenant que les super-héros fournissent régulièrement des films plus ou moins bons à Hollywood, car comme l'a fort bien expliqué la vidéaste Ana D. il y a quelques années, si le phénomène était déjà existant dans les années 1990, il s'est surtout confirmé, après quelques lamentables échecs, par le succès commercial et critique du X Men de Bryan Singer en 2000.
Dans la lignée des mutants de Marvel ont suivi Spider-Man avec trois films par Sam Raimi et, parallèlement, le groupe de Charles Xavier avec la saga X Men qui a même autorisé deux séries personnelles, celle de Wolverine et celle de Deadpool.

De son côté, la Distinguée Concurrence (DC comics) n'est pas en reste avec des films Superman et Batman dès les années 1980-90 malgré un passage à vide seulement interrompu par le Batman Begins de Christopher Nolan en 2005, suivi de près par le Superman Returns de Bryan Singer en 2006, preuve qu'en matière de réalisateurs qui travaillent pour divers studios de comics, Joss Whedon n'a rien inventé ^^

Mais évidemment, quand on pense aux films de super-héros, on pense avant tout aux univers étendus que sont le Marvel Cinematic Universe initié par Iron Man en 2008 et au DC Extended Universe débuté par Man of Steel en 2011 : ce sont eux qui, plus que les précédents, ont nourri l'univers des super-héros dans tous les sens : ils ont permis la création de nouvelles séries télévisées, de nouveaux jeux vidéo et, assez logiquement, de nouveaux comics qui mettent en scène des personnages exhumés pour les films ou pour qui Hollywood a été l'occasion de nouveaux récits.

Autant dire que ces vingt dernières années ont été la période idéale pour se mettre aux comics si vous êtes un peu curieux·se, mais admettons-le : les comics de super-héros, c'est énorme, ça fait à peu près 80 ans que ça existe, 60 ans que les personnages les plus célèbres au cinéma sont apparus, on sait pas par où commencer et à quel moment débuter une série.
C'est là que j'interviens : même si, je le rappelle, les comics, à fortiori ceux de super-héros, ne se résument pas à DC et Marvel, voilà pour moi une sélection personnelle de ma part de quelques one-shots, dans ces deux maisons d'éditions, par lesquels il est possible d'entrer dans l'univers. Allez, c'est parti !

Batman : White Knight.

Maison d'édition et collection : DC Black Label.
Éditeur en France : Urban Comics.
Date de publication : 2017-2018.
Scénario, dessins et encrage de Sean Murphy, couleurs de Matt Hollingsworth et lettrage de Todd Klein.
Pourquoi c'est bien ? Parce que ça rappellera pas mal de choses aux gens qui ont vu les films Batman, notamment les Christopher Nolan et ceux de Tim Burton.

Avant toute chose, il faut savoir que Black Label est chez DC la réponse au label Marvel Max : dans les deux cas, il s'agit de créer une collection spéciale pour les comics les plus sombres, les plus vénères, ceux qui ne sont pas tous publics. Chez Marvel, on parle surtout du Punisher, le mec qui tue d'abord et n'a aucune question à poser ensuite.
Batman est le Chevalier Noir de DC, il a combat le crime et défend ceux qui n'ont plus personne pour les défendre, mais ce n'est pas un chevalier blanc (raison pour laquelle le titre est appliqué à Harvey Dent dans The Dark Knight, le film). Malgré tout son courage (après tout, il n'a aucun super-pouvoir et reste un humain), il ne faut pas oublier que son business c'est de tabasser des méchants et de maintenir mécaniquement, via la société Wayne Enterprise, les inégalités structurelles de la société. Ce White Knight répond précisément à ces deux problématiques.
Imaginez que, à force de traitements de choc contre sa folie, le Joker finit par redevenir Jack Napier - son identité dans le film de Tim Burton alors qu'il n'a jamais de nom réel dans les comics - puis se lance en politique pour fustiger publiquement un Batman toujours plus brutal et incontrôlable, en s'appuyant sur les minorités de Gotham City pour devenir populaire.

Cette série plutôt courte est géniale. Vraiment. Le vigilantisme - la tendance des Supers à faire justice en-dehors du système - a souvent été questionné et contesté dans les comics, mais là c'est encore plus pertinent parce que Batman/Bruce Wayne est à un point de son histoire où, clairement, il devient taré. Il est critiqué par la police, par Jack Napier, par Dick Grayson, le premier Robin devenu Nightwing, par Barbara Gordon redevenue Batgirl après un reboot (elle a été paraplégique pendant une partie de son existence en comics) bref, il a à peu près la même image d'ennemi public ultra-violent autoritaire qu'il a dans Batman v Superman et dans The Dark Knight Rises. Et en prime, l'histoire se permet d'intégrer DEUX Harley Quinn. Vraiment : lisez White Knight.


Batman : The killing joke.

Maison d'édition : DC.
Éditeur en France : Delcourt.
Date de publication : 1988, réédité en 2009.
Scénario d'Alan Moore, dessin de Brian Bolland, couleurs de John Higgins et Brian Bolland.
Pourquoi c'est bien ? Parce que c'est court, pas cher, et un récit fondateur du Joker.

The Killing Joke, principalement en raison de son ancienneté, est régulièrement cité comme un élément fondateur de la relation entre Batman et le Joker. Basiquement, ça se présente comme une nouvelle tentative pour ce dernier de foutre la merde à Gotham City - cette fois en enlevant le commissaire Gordon - mais c'est beaucoup plus riche que ça. Déjà, le récit propose une origin story au Joker en lui faisant endosser temporairement l'identité de Red Hood (un super-vilain très énigmatique puisque c'est juste un nom et un costume qui servent lors de braquages) et en faisant des parallèles à la fois visuels et narratifs entre l'époque du récit et les flashbacks du Joker.

Mais en plus, The Killing Joke est aussi une histoire fondamentale en ceci qu'elle définit les personnages : le Joker est présenté comme un cinglé pour des raisons narratives légitimes - la cuve d'acide, tout ça, Batman est présenté comme cinglé parce qu'il a besoin du Joker pour se défouler et se sentir exister - comme le dit la réplique célèbre du Joker, il suffit d'une mauvaise journée pour basculer dans la folie, ce que Batman a fait le jour où il a perdu ses parents - et Barbara Gordon, après s'être fait tirer dessus par le Joker, devient paraplégique et assume l'identité de l'Oracle, guide et agent de renseignement de la plupart des super-héros chez DC, qu'elle restera jusqu'aux reboots du début des années 2000 avant de redevenir Batgirl.
Bref, un monument fondateur.

Spider-Man : Spider-Verse.

Maison d'édition : Marvel.
Éditeur en France : Panini Comics.
Date de publication : 2014-2015 (USA), 2017 (France).
Scénario de Dan Slott, dessins d'Olivier Coipel et Giuseppe Camuncoli, encrage de Wade von Growbadger et Cam Smith, couleurs de Justin Ponsor.
Pourquoi c'est bien ? Parce que c'est une histoire géniale qui aborde des thématiques déjà vulgarisées auprès du public profane par le non moins génial film Spider-Man : Into the Spider-Verse (le titre devrait vous mettre la puce à l'oreille).

J'ai déjà eu l'occasion d'en parler plusieurs fois, à propos de la série Spider-Gwen et des adaptations de comics, mais Spider-Verse, c'est un de ces énormes monuments dans l'histoire d'un personnage de comics.
Sauf que là, on parle d'une ARMÉE de personnages, littéralement appelée la Spider-Army.
Alors, on va pas se mentir, vous saisirez pas tout à la première lecture et y'a plein de trucs qui peuvent vous échapper - moi-même, n'ayant pas lu les séries autour des personnages de Superior Spider-Man (Otto Octavius en Spider-Octopus), Kaine Parker et Ben Reilly (les clones de Peter Parker), Miles Morales (Ultimate Spider-Man) ou encore Jessica Drew (Spider-Woman) et Cindy Moon (Silk), je connais pas le background de tous les personnages qui apparaissent dans cet événement. En fait Spider-Verse est tellement énorme qu'il a été précédé, dans sa publication, par toute une série de volumes très courts appelés Edge of Spider-Verse, malheureusement jamais édités en France (j'en possède un importé d'Angleterre, celui qui introduit Spider-Man Noir, Spider-Gwen et Peni Parker, qui apparaissent tous les trois dans Into the Spider-Verse), qui visent, pour chaque personnage, à poser le contexte qui l'amènera à rejoindre la Spider-Army.

CELA DIT, il n'est pas nécessaire de connaître le background des personnages pour une raison simple : comme beaucoup de comics, et notamment chez Marvel, Spider-Verse est bien fait puisque dès le début du volume, avant l'histoire proprement dite, quelques pages sont consacrées à une brève introduction des personnages marquants du récit, histoire de savoir à qui on aura affaire.
Qui plus est, Spider-Verse, vous l'aurez compris, est basé sur un principe très simple et très commun à la fois chez Marvel et DC, qu'on a déjà vu, encore une fois, dans Into the Spider-Verse, à savoir l'existence de mondes parallèles et de nombreuses versions des personnages. Un Spider-Man Indien ? On a ça. Un Spider-Man aux pouvoirs divins ? Deal. Des Spider-personnages bien vénères, qui n'hésitent pas à tuer leurs ennemis ? Banco. En plus de raconter une histoire intéressante autour des Héritiers et notamment de Karn, l'Héritier banni, Spider-Verse est la porte ouverte à tous les délires autour du Tisseur.
Cette saga, quoique très épaisse (296 pages) vaut d'autant plus le coup d'œil que, dans les prochaines années, les Spider-personnages vont sûrement se multiplier en adaptations grâce au succès d'Into the Spider-Verse.

Daredevil : Father.

Maison d'édition : Marvel.
Éditeur en France : Panini Comics.
Date de publication : 2004-2007 (USA), 2014 (France).
Scénario et dessins de Joe Quesada, encrage de Danny Miki, couleurs de Richard Isanove.
Pourquoi c'est bien ? Parce que c'est signé Joe Quesada, qui est l'un des plus grands talents jamais passés par Marvel, et que les thèmes abordés sont très simples.

Daredevil, c'est relativement connu quand on a déjà vu le personnage en film ou en série même sans bien le connaître, c'est un orphelin. Du coup la thématique parentale est assez souvent abordée autour de l'Homme Sans Peur (voir notamment Le diable au couvent, recueil de deux récits sur Daredevil dont un centré sur sa mère, la moniale Sœur Maggie), et Father, comme le titre l'annonce, s'arrête sur le modèle du père. Concrètement, il est même question dans ce volume de trois pères en particulier, celui de Matt Murdock/Daredevil lui-même, et celui de deux autres personnages qui jouent un rôle important dans le récit. Ajoutez à cela une sombre histoire de tueur en série avec enquête à la clé, une cliente inhabituelle pour Nelson et Murdock (parce qu'ils sont avocats, faut pas l'oublier) et une équipe de super-héros totalement neuve (mais dont on se fout un peu et qui n'est apparue que chez Spider-Man après leur création ici), et vous avez ce que Daredevil fait de mieux : du polar noir intimiste.

En plus, le style de dessin est moderne et dynamique, le perso principal est souvent en mouvent (voire en mouvement rapide) et c'est coloré avec régulièrement des illustrations en pleine page assez classes. Et puis, bien que le mètre 92 de Ben Affleck n'ait pas été mis en valeur dans le film Daredevil et que la série avec Charlie Cox mette en scène un Matt Murdock plus vif que lourd, faut savoir que Daredevil est une masse, une armoire à glace, et certains plans de Father rappellent très clairement ce fait, en situation de combat ou non, c'est toujours appréciable.
Bref, une lecture rapide et simple qui fait honneur au personnage !

La splendeur du Pingouin.

Maison d'édition et collection : DC Comics, DC Nemesis.
Éditeur en France : Urban Comics.
Date de publication : 2012 (USA), 2013 (France).
Scénario de Gregg Hurwitz et Jason Aaron, dessins de Szymon Kudranski et Jason Pearson, couleurs de John Kalisz et Dave McCaig.
Pourquoi c'est bien ? Parce que le récit est simple, aborde des thèmes connus et se concentre sur le personnage éponyme, et parce que c'est super bien dessiné et colorisé.

Le thème principal de ce one-shot centré sur le Pingouin est très simple, et il a même déjà été adapté au cinéma TRÈS SOUVENT. Pour un exemple en film de super-héros, vous avez Les 4 Fantastiques de 2005 avec Ben Grimm/La Chose. En un mot comme en cent : un homme moche tombe amoureux d'une jolie femme, c'est réciproque parce qu'elle est aveugle et se rend pas compte qu'il est moche (et ici, très méchant).
Parallèlement à cette histoire d'amour, parce qu'on parle quand même d'un criminel récidiviste tendance parrain de la pègre, le récit est partagé entre des flashbacks du passé d'Oswald Cobblepot/Pingouin, qui mettent en lumière (si on peut dire, parce que ça reste sombre) les incessantes moqueries et vengeances qui parsèment son existence.

Parce que c'est ça qui rythme ici la vie du Pingouin : sa difformité incite les gens à le traiter avec mépris ou haine, donc il se venge, dans un plan qui ressemble fort à celui du Batman le défi de Tim Burton (les pingouins mécaniques ciblent tout Gotham City, tout ça...). Batman est ici un personnage secondaire (la collection DC Nemesis est centrée sur les méchants) qui enquête sur l'affaire avec James Gordon.
Au niveau du dessin, c'est très, très moderne : les comics classiques très colorés avec des vignettes bien alignées, on oublie. Ici c'est très sombre, plutôt marron pour les flashbacks et gris-noir-bleu pour le temps présent, avec des tas d'inserts et d'illustrations en pleine page bref, c'est parfois un peu difficile à lire mais toujours parfaitement dans le ton de la criminalité nocturne du Pingouin. Le récit est court, très intéressant, et surtout il est suivi de deux bonus : une origin-story en deux pages et un récit sur le Pingouin par le Joker (depuis sa cellule d'Arkham) dans un style beaucoup plus cartoon et un peu plus coloré. Bref, un must.
Spider-Man : Family Business.

Maison d'édition : Marvel.
Éditeur en France : Panini Comics.
Date de publication : 2014 (USA et France).
Scénario de Mark Waid et James Robinson, dessins et couleurs de Gabriele Dell'Otto, mise en page de Werther Dell'Edera.
Pourquoi c'est bien ? Parce que le récit est simple et direct, doté d'une super écriture, accessible aux profanes, et surtout parce que le dessin est CANON.

Family Business, le titre l'annonce d'emblée, déploie son intrigue dans le cercle familial du personnage principal. De fait, il est bien plus question de Peter Parker que de Spider-Man, et l'adversaire du moment, le puissant et intelligent Wilson Fisk/Caïd (qui est un ennemi de Spidey autant que de Daredevil) s'intéresse exclusivement au journaliste du Buggle, pas au Tisseur. Le récit part certes d'un trope assez commun dans la fiction - je vais pas vous spoiler - mais il permet l'apparition d'un personnage très cool et de plein de révélations sur les parents de Peter Parker, qui je le rappelle a été élevé par son oncle et sa tante (j'ai même pas fait exprès de vous proposer des comics à thématique familiale ^^).

Côté visuel, c'est très, très cool : le style de dessin n'a absolument rien à voir avec les comics traditionnels type Âge d'or (années 60), lequel était assez proche de la bande-dessinée européenne avec ses vignettes et ses bulles (perso j'ai horreur de ce style). Non, ici les images s'émancipent et s'étalent souvent en pleine page, la mise en scène et le récit offrent souvent des plans larges ou des personnages en pied, l'action est bien mise en valeur, on peut préférer le style traditionnel mais l'esthétique moderne est ici très maîtrisée (des exemples ici, ici et ).
Bref : Family Business, pour moi c'est un incontournable sur le Tisseur au même titre que Spider-Verse.


Voilà, je vais m'arrêter ici, 6 histoires de super-héros c'est déjà pas mal, encore une fois je précise que de manière générale ces récits n'imposent aucune connaissance pré-requise à leur lecture (bon Spider-Verse un peu quand même) et surtout qu'ils sont, en cas de besoin, introduits par un résumé de ce qui est arrivé précédemment aux personnages et qu'il est pertinent de savoir pour aborder l'histoire. Je pourrais aussi vous parler d'autres titres comme Black Panther - L'Homme sans peur (un épisode où T'challa a quitté le Wakanda pour se tester lui-même et est devenu gardien de Hell's Kitchen à la place de Daredevil), de Daredevil - Sous l'aide du diable (un super récit par le talentueux auteur Kevin Smith) ou encore de Daredevil - Le diable au couvent (notamment pour la seconde partie face à Killgrave, super-vilain apparu dans la série Marvel/Netflix Jessica Jones), mais avec les titres que j'ai présentés ici vous avez de quoi vous faire une bonne idée de départ sur les comics.

Ces récits ne sont pas longs, pas exigeants, vous pouvez très bien les lire et décider que les comics c'est pas pour vous, ou au contraire trouver qu'ils sont une bonne porte d'entrée à cet univers. Juste, ne faites pas comme moi hein, ne commencez pas en lisant Blackest Night, c'est un récit génial mais il est bourré d'intrigues personnelles qui sont autant de prérequis à la lecture XD
Sur ce, je vous souhaite une bonne journée ou soirée, et vous renvoie si vous voulez à mes autres articles sur des comics ^^ Salut ! ♥

Voir aussi :
 - Spider-Gwen tome 1 (cette série est très sympa de toute façon et Spider-Gwen apparaît dans le film Spider-Verse).
 - Batman : The killing joke.
 - DC Blackest Night.
 - V for Vendetta.
 - La splendeur du Pingouin, l'article complet.

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