Il y a quelques années de ça, la vidéaste et vulgarisatrice scientifique Helixis Felis (également Docteure en biologie, donc normalement on devrait dire Docteure Felis), qui officie désormais au sein du Café des Sciences (quelle ironie pour quelqu'un qui, d'après mes souvenirs, préfère le thé) a fait une vidéo intitulée L'incroyable conférence du docteur Fox.
L'objet de cette vidéo était d'évoquer la capacité de certaines personnes à se faire passer pour compétentes dans une domaine scientifique ou technique à condition d'avoir assez de charisme, de personnalité et de discours.
L'un des enjeux, dans le cadre de la démarche vulgarisatrice d'Helixis Felis, était de mettre en garde les internautes que nous sommes face à certains discours, certains étalages de faits étonnants, d'anecdotes extraordinaires et autres informations scientifiques ou techniques balancées juste pour faire du clic, souvent sans citer les sources.
Dans ce cadre-là et sachant que je pratique moi-même la vulgarisation scientifique depuis quelques années sur un blog dont vous avez peut-être entendu parler (vu que vous êtes dessus), on pourrait évidemment et légitimement se poser deux questions : quelle est ma légitimité pour écrire des articles de vulgarisation historique et surtout POURQUOI JE CITE PAS MES SOURCES.
Non mais je suis sérieux : tout ce que je vous ai dit sur le XIXème siècle de 1815 à 1914 et sur l'histoire romaine, vous pouvez le lire avec une relative confiance parce que vous me connaissez un peu et que vous vous doutez sûrement que je suis pas du genre à vous baratiner (et puis surtout ça ferait beaucoup d'efforts et de temps juste pour vous raconter des salades) MAIS c'est quand même important de rester prudent·e face à certaines découvertes (sur Youtube notamment) qui ne sont pas sourcées.
Et c'est de ça que cet article parlera. De mes sources en vulgarisation scientifique. Et aussi d'un certain nombre de livres d'histoire très intéressants que vous pourriez avoir envie de consulter. Donc y'aura deux parties. Voilà, on y va.
Légitimité et sources de mes articles de vulgarisation.
Alors. Le sens critique et l'hygiène mentale (cette discipline qui consiste à essayer de ne mettre que des choses saines et intéressantes dans sa tête) incitent fortement leurs pratiquant·e·s à faire preuve de prudence et à vérifier les sources. Malheureusement, dans une société libérale et capitaliste, on passe de beaucoup de temps à travailler, à être efficaces, si bien qu'on ne se donne plus l'occasion de ralentir, de ne rien faire et, en l'occurrence, de faire des recherches. Les découvertes que l'on fait sur Internet ne sont pas toujours suivies de vérifications, celles qu'on fait dans la culture populaire (au cinéma par exemple) ne débouchent que rarement sur des passions à la fois nouvelles et intenses bref, on aime la facilité intellectuelle.
On veut que l'information qui nous est délivrée soit simple et n'ait pas besoin d'être complétée, et on croit sur parole les entités qui nous délivrent l'information.
Ah oui alors par contre, euh, la fac de Lille 3, ben... elle est moche.
Genre vraiment, les bâtiments sont d'énormes parpaings blancs et carrés posés sur un vaste dallage de pierre. Ils avaient pas le budget pour les plantes (enfin pas sur le côté pile en tout cas, tout est côté face, sinon c'est pas drôle). Putains d'années 1970.
Histoire qu'on soit bien au clair sur la légitimité que j'ai à vous parler d'Histoire, et au cas où vous ne me connaissez pas bien, voici mon parcours : j'ai obtenu un bac littéraire spécialité Langues (LV1 Anglais, LV2 Allemand et LV3 Espagnol) en 2006 dans la région dunkerquoise, avant d'aller à l'université.
Malgré un parcours un peu chaotique (dont une première année de licence LLCE Anglais avortée), j'ai effectué et validé les trois années d'études nécessaires à l'obtention d'une Licence d'Histoire, parcours Géographie, à l'université Charles de Gaulle - Lille 3, jusqu'en 2012.
Ensuite, j'ai effectué une première année de Master Sciences de l'Antiquité (Égypte et Orient ancien, monde grec et monde romain) que je n'ai pas validée, et j'avais préparé la rédaction d'un mémoire de recherche intitulé Le limes rhéno-danubien de Commode à Sévère Alexandre (180-235) - ce qui explique ma prédilection pour les rapports entre Rome et Germanie.
L'année suivante (ma dernière année universitaire), j'ai effectué une première année de Master d'Enseignement (pour devenir prof d'histoire-géo donc), en vue de passer le CAPES (concours d'enseignement du secondaire), mais je n'ai ni validé l'une, ni obtenu l'autre (faut dire que j'étais pas très investi ^^).
Bref : mon parcours universitaire n'est pas excellent, j'ai passé ma licence en 4 ans au lieu de 3 (j'ai fait deux L3), mais j'ai suivi pas mal de cours, j'ai beaucoup appris à la fois en connaissances et en méthode universitaire et scientifique, et surtout j'ai eu quelque chose comme 5 ou 6 cours d'histoire romaine différents en trois ans et demi - pendant ma L2, mes deux L3 et mon M1 Recherche - qui m'ont fait couvrir une bonne partie de la période impériale (c'est surtout la république romaine que je connais moins).
Donc ouais, je connais plutôt bien mon sujet et je sais en parler, même si je sais que ça requiert beaucoup de lecture et de recherches.
Alors par contre, on peut aussi être un prof d'histoire-géo en fonction (donc payé par l'Éducation Nationale) qui bénéficie de revenus non-déclarés via une chaîne Youtube et la vente de livres d'histoire à des adolescents influençables tout en étant au passage un gros imposteur de merde qui rédige tous ses contenus vidéos et éditoriaux en allant repomper Wikipédia.
Comme quoi : MÉFIEZ-VOUS et soyez toujours assuré·e non seulement de la légitimité des gens mais également de leur HONNÊTETÉ.
C'est d'ailleurs pour ça que j'ai toujours essayé de faire un effort de synthèse et de clarification dans mes articles de vulgarisation (je suis notamment fier de ma série sur le XIXème siècle ainsi que de l'article sur la dynastie romaine julio-claudienne face à la Germanie) - j'ai pas envie de vous obliger à compléter mes articles par des recherches. En fait, aller plus loin que ce qu'on lit ou écoute sur Internet devrait être une liberté et un plaisir, pas un prérequis à une information fiable.
Bref tout ça pour dire que même si je cite pas mes sources, je m'efforce d'être aussi rigoureux que possible.
Le problème concernant mes sources c'est que, concrètement, je suis incapable de les citer. Je déconne pas : les sources de mes articles de vulgarisation, jusqu'à maintenant ce sont mes cours de licence d'Histoire à l'université. Alors je pourrais vous citer les noms des profs que j'ai eu·e·s, mais je me souviens pas de tous les intitulés des cours en question et surtout, je n'ai plus les fascicules distribués en début de semestre qui contiennent les bibliographies de chaque cours. Ces bibliographies comportaient des centaines d'ouvrages classés très soigneusement, entre manuels généraux et volumes plus spécialisés - on va y revenir - qui étaient autant de lectures recommandées par les profs pour compléter leurs cours (mais on va pas se mentir, les étudiant·e·s n'ont pas le temps de lire à ce point-là et surtout ces livres-là on ne les lit pas, on les consulte, ça aussi on va y revenir).
Du coup, ben, j'ai encore une partie de mes cours de fac, mais j'ai plus la documentation qui va avec (c'est dommage, y'avait de bons textes T_T), donc je peux pas vous dire sur quels ouvrages exacts reposent mes articles de vulgarisation scientifique écrits jusqu'à maintenant.
Par contre, si vous voulez prendre le temps de faire des recherches sur Internet, je vous en laisse le loisir. Voici les noms de quelques profs notables dont j'ai suivi les cours.
- Stéphane Benoist, professeur des universités, spécialiste de la fin de la république et de la période impériale romaines, de la représentation et du culte autour du pouvoir impérial et du Prince - sa page sur le site de la Faculté de Lille (c'était lui mon directeur de mémoire et c'est précisément pour ça que j'ai pas persévéré dans la recherche : il est meilleur chercheur que prof, pas ouf comme directeur, et ne m'a jamais expliqué comment faire de la recherche, je l'ai appris que l'année suivante en traduisant en bon français le mémoire d'une amie thaïlandaise).
- Marie-Laure Legay, professeure des universités, spécialiste de la représentation du pouvoir royal (notamment en France et en Espagne) et de l'économie en Europe durant l'époque moderne (1492-1789) - sa page sur le site de la Faculté de Lille.
- Jean Vavasseur-Desperriers, ancien professeur des universités (désormais à la retraite), spécialiste des courants politiques et de la droite en France dans la première moitié du XXème siècle - sa page Wikipédia.
- Didier Devauchelle, professeur des universités, spécialiste de la civilisation et de la langue égyptiennes antiques, responsable de l'Institut de Papyrologie et d'Égyptologie de Lille - sa page sur l'ancien site d'Halma, le groupe de recherche en histoire ancienne de Lille3.
- Bertrand Schnerb, professeur des universités, spécialiste de la Bourgogne au Moyen Âge et des cours princières médiévales - sa page Wikipédia.
Bon, je vais pas vous noyer sous les noms mais il faut savoir que si l'université de Lille 3 peut être fière de quelque chose, c'est d'avoir de très grands spécialistes de toutes les périodes historiques, qui mènent des recherches dans de nombreux domaines. Parmi les historien·ne·s moins connu·e·s dont j'ai pu suivre certains cours à l'époque où j'y étais étudiant, on peut aussi compter Isabelle Brousselle (médiéviste dont j'ai adoré le cours sur le monde médiéval oriental, je regrette d'avoir loupé la partie byzantine mais j'ai eu la partie musulmane), Pierre Jaillette (romaniste) ou Christine Hoët-Vancauwenberghe (romaniste, spécialiste du début de la période impériale). Bon, après je les cite de mémoire, j'ai oublié certains noms dont j'ai suivi les cours de certains que ponctuellement (notamment sur les périodes médiévale et contemporaine, pas mon truc).
Alors, maintenant que la question de l'absence de mes sources et celle de ma légitimité est réglée (enfin j'espère hein, vous me prenez toujours pas pour un menteur ou un imposteur, promis ? ^^), on va aborder une partie plus intéressante : et si vous voulez vous intéresser à l'Histoire sans avoir eu le parcours et la méthode universitaires, comment faire ?
Ben c'est simple, vous pouvez toujours acquérir les connaissances, consulter les ouvrages, vérifier les sources et sonder les bibliographies. Et pour ça, au fil de mes années universitaires et depuis, j'ai pu constituer une petite collection qui pourrait d'autant plus vous intéresser que certains de ces livres traitent de sujets déjà abordés dans mes articles d'histoire.
Quelques livres d'histoire pour les néophytes.
Alors, il faut savoir, d'emblée, qu'on classe les livres d'histoire en plusieurs catégories (y'a même plusieurs catégorisations en fait), qui sont relativement simples à comprendre. Il y a bien sûr la division entre sources primaires (ouvrages et documents contemporains du sujet évoqué, comme Tacite pour la Germanie ou César pour la Gaule pré-romaine) et sources secondaires (ouvrages et documents ultérieurs au sujet évoqué et qui reposent sur des sources primaires parfois difficilement vérifiables, comme la Vie des Douze Césars de Suétone, qui n'est contemporain que des trois derniers et, pour les autres, s'est appuyé sur des archives romaines et la culture orale), mais c'est ici la division pratiquée à l'université qui m'intéresse.
Cette catégorisation (qui est faite notamment dans les fameux fascicules donnés aux étudiant·e·s en début de semestre) traite des ouvrages de recherche à vocation scientifique, forcément plus récents (l'histoire en tant que discipline ne remonte pas au-delà du XIXème siècle, avant ça c'est plus de l'historiographie, souvent officielle, contrôlée par le pouvoir en place, et donc partiale).
Dans ce cadre, on classe les ouvrages en trois catégories : les manuels, les ouvrages généraux, les ouvrages spécialisés. Le seul point commun entre ces trois catégories d'ouvrage est le suivant : les livres d'histoire, ça ne se lit pas. On ne les parcourt pas dans l'ordre, du début à la fin, comme on lit une bande dessinée ou un roman. Même s'ils passent par un parcours éditorial classique (au sein de maisons d'édition spécialisées dans l'universitaire et le scientifique), les livres traitant de sciences se consultent comme des documents de travail, adaptés à l'étude ponctuelle, pas à la lecture continue.
Comme leur nom l'indique, les manuels sont taillés pour être des outils de travail, ils traitent de manière assez superficielle d'une période très vaste, mêlent souvent différents sujets et sont construits pour la consultation rapide - ils sont souvent divisés en fiches thématiques, en fait, et il est très facile d'identifier comme tel un manuel quand on l'a sous le nez.
Les ouvrages généraux sont des livres d'histoire sur une question générale, proches des manuels mais qui ont une vocation de recherche beaucoup plus marquée. Ils sont divisés en grands chapitres thématiques, dotés d'une bibliographie souvent assez dense (voire de plusieurs biblios en fin de chapitres) et également d'outils comme des cartes, tableaux, index, lexiques. Ces ouvrages restent accessibles pour une première approche de la question qu'ils abordent et ils constituent souvent la lecture recommandée par les profs de fac en complément des cours magistraux et des TD.
Les ouvrages spécialisés, enfin, traitent spécifiquement d'une question, d'un événement, d'un personnage dans le cas des biographies, et ne remettent que très superficiellement leur objet d'étude en contexte. Leur enjeu est purement analytique : on traite un sujet et un seul, on zoome dessus et on ignore tout le reste. Si vous lisez La bataille du Teutobourg, 9 apr. J.-C., de Yann Le Bohec, par exemple, il sera question d'une partie de l'armée romaine à la fin du règne d'Auguste et de la province de Germanie Profonde (Germania Magna), mais vous apprendrez rien sur l'histoire romaine du IIIème siècle.
Pourquoi je vous dis ça ? C'est simple, parce que si jamais vous décidez de vous intéresser à l'Histoire en tant que néophyte pour augmenter votre culture générale, vous devez savoir quoi chercher et ne pas, par exemple, vous jeter sur un ouvrage spécialisé en premier lieu si vous ne maîtrisez même pas la période ou le contexte dans lequel s'intègre son sujet.
Autant vous dire que si vous comptez commencer la découverte de l'histoire romaine par La religion des Romains de John Scheid, vous allez vite en avoir marre ^^
Bon allez, assez de blabla, place aux livres.
M. Le Glay, J-L. Voisin, Y. Le Bohec, Histoire romaine, Paris, Presses Universitaires de France, coll. Quadrige manuels, 1991 (réédition 2011).
(589 pages pour 17 euros)
Typiquement, on est ici face à un ouvrage général, accessible aux néophytes. Ça pourrait pas être plus clair, c'est indiqué sur le site de PUF, tous les livres de la collection se ressemblent (ils sont verts), et celui-ci a même été réédité depuis sa publication en 1991. Le livre s'ouvre sur un sommaire de 7 pages qui présage bien de son contenu : ça commence avec l'Italie avant Rome et ça va jusqu'à la fin du monde romain occidental en 476. La bibliographie, assez dense, est à la fin de l'ouvrage.
M. Christol et D. Nony, Rome et son empire, Paris, Hachette Supérieur, coll. Histoire, 2011 (5ème édition).
(304 pages pour environ 28 euros)
ALORS.
Déjà, il est beaucoup plus cher que le précédent, autant commencer par les évidences. Pour les non-spécialistes de l'histoire romaine, ça peut rebuter. MAIS, il faut savoir que 28 euros pour un ouvrage scientifique, c'est un prix raisonnable (je déconne pas). En outre, il sort d'une grande maison d'édition commerciale (Hachette), et pas d'une maison d'édition à vocation scientifique et universitaire comme les PUF. Et surtout, il est aussi beaucoup mieux fait qu'Histoire romaine.
Déjà, il est en couleur, avec de TRÈS NOMBREUX documents iconographiques, reproductions de monnaies, tableaux, graphiques, illustrations... Ensuite, il est clairement conçu comme ce qu'il est, à savoir un ouvrage général à destination des étudiant·e·s en histoire et des profanes de la discipline. Le sommaire (de deux pages) au début est suivi d'une introduction de 6 pages qui propose de très nombreuses autres références sur des thèmes plus spécialisés (l'économie, la religion, les atlas...) pour la période romaine république et impériale. Enfin, deux gros avantages : le tableau chronologique sur l'histoire romaine est ici au début et pas à la fin, et puis surtout chaque chapitre comporte une courte bibliographie sur le sujet concerné.
Bref, pour le dire clairement : si vous ne connaissez rien à l'histoire romaine et que vous voulez vous intéresser au sujet, si vous achetez Rome et son empire, vous aurez pas besoin de posséder d'autre livre à moins de vouloir sonder des sujets VRAIMENT spécialisés.
Encore une fois, le clic est ton ami !
Maintenant qu'on a parlé argent, abordons le contenu : quatre grandes parties chronologiques (l'Italie avant Rome et les débuts de la royauté puis république / l'apogée de la république et l'avènement du Principat / l'empire des Antonins et des Sévères / le déclin de la crise militaire du IIIème siècle au sac de Rome en 410), elles-mêmes divisées en chapitres avec des paragraphes un peu massifs mais aérés, et donc plein d'illustrations sur les côtés.
L'une des imperfections de ce livre à mon sens est qu'il s'arrête en 410, avec le sac de Rome, et non en 476 avec la déposition par le chef barbare Odoacre du dernier empereur Romulus Augustule - j'en ai déjà parlé dans quelques articles, la date de la fin de l'empire romain d'Occident et donc de l'Antiquité est sujette à débat parmi les universitaires. Du coup on a rien sur la période 410-476 qui, basiquement, construit les bases de ce que seront les premiers royaumes médiévaux face à l'empire romain d'Orient (ou byzantin). Cela dit, pour le contenu traité, encore une fois, c'est clair, complet, excellent, J'ADORE ce livre et c'est pas pour rien qu'il est recommandé par les profs de fac en début de semestre de romaine (CINQ RÉÉDITIONS !).
C. Scarre, Chronique des empereurs romains, Histoire chronologique des souverains de la Rome impériale, Bruxelles, Casterman, 1995.
(240 pages pour environ 39 euros d'occasion)
Alors, commençons à nouveau par les évidences : il est vieux et il est cher. Son auteur a publié beaucoup d'autres volumes depuis mais surtout en archéologie et Proto-Histoire (son domaine de spécialité). Vu la date de publication, vous le trouverez plus que d'occasion, et en plus les illustrations ne sont ni récentes ni originales. D'ailleurs c'est pas un ouvrage que je recommande comme première approche à l'histoire romaine (Rome et son empire, TMTC).
Cela dit, il est, à nouveau, en couleurs et abondamment illustré, et il a le mérite d'aborder l'histoire romaine sous un angle plutôt dédaigné en recherche, à savoir la vie des princes plutôt que la société en général. Ici, pas d'étude approfondie de l'armée, de l'économie ou de la religion romaine, voyez plutôt ce livre comme un ensemble de biographies un peu superficielles. Cela étant, si vous vouliez acheter des biographies approfondies sur tous les empereurs romains, ça vous coûterait beaucoup plus cher (et puis honnêtement concernant la plupart des princes, un ouvrage général suffit, je recommanderais des biographies que pour une poignée d'entre eux).
Bref, le mérite de ce livre repose à la fois sur son approche et sur son application : il fait effectivement de l'histoire romaine, avec un sommaire assez clair, mais surtout chaque début de chronique est accompagnée de la titulature complète et datée du prince, d'une citation d'un auteur contemporain (bon malheureusement c'est souvent cet abruti de Suétone, mais le livre est riche de très nombreuses citations sur les personnages évoqués, citations signées Tacite, Sénèque, Dion Cassius ou encore Pline le Jeune, autrement plus sérieux que Suétone), et également en bas de pages d'une frise résumant la vie du prince.
Les illustrations, faute d'être récentes, sont nombreuses et assez souvent en couleur (pas la majorité du temps cela dit), si bien que ce livre, sans avoir le sérieux d'un Rome et son empire ou d'une Histoire romaine, est tout à fait appréciable pour ses nombreuses citations. Perso je l'aime bien, il est pas dégueu dans ma bibliothèque avec sa jolie jaquette noire ^^
C. Badel, Atlas de l'Empire romain, Construction et apogée : 300 av. J.-C.-200 apr. J.-C., Paris, éd. Autrement, coll. Atlas/Mémoires, 2012.
(96 pages pour environ 20 euros)
Comme son titre l'indique, ce livre est un atlas, donc davantage un manuel qu'un ouvrage de recherche, contrairement aux trois précédents (oui oui, même le Scarre !). Et comme on peut l'imaginer étant donné sa nature et sa date de publication, il est super beau. Pas très épais, mais avec un sommaire intéressant parce que pour une fois plus thématique que réellement chronologique. Cinq parties qui ont le mérite d'avoir des bords de page colorés, ce qui aide tout de suite quand on consulte l'ouvrage (et puis la tranche est plutôt canon du coup), et qui abordent l'Antiquité sous les angles multiples de la géographie.
Géopolitique, urbanisme, économie commerciale ou même militaire (avec quelques plans de champs de bataille), chaque ensemble de cartes est inséré dans une fiche sur deux pages avec un thème précis à aborder, ce qui suppose, évidemment, des explications rédigées dans des paragraphes clairs et aérés.
On va pas se mentir, contrairement aux autres livres abordés sur l'histoire romaine, il ne traite que d'une partie de la période (rien entre -753 et -300, et entre 200 et 476), contrairement aux autres, il n'a pas vocation à faire de la recherche, et contrairement aux autres (sauf Histoire romaine), il est pas cher. Ce qui en fait un outil idéal pour les néophytes d'histoire romaine. Clairement, si je devais ne conseiller que deux livres sur le sujet, ce serait Rome et son empire et celui-ci. Cela dit, je viens de faire une rapide recherche et en 2014 est sortie dans la même édition et par le même auteur une édition augmentée : pour 10 euros de plus, vous avez un atlas deux fois plus long qui va jusqu'au VIème siècle (donc la fin de l'Antiquité).
Reste que celui-ci se défend aussi pour une approche plus ciblée.
FIN DE LA PÉRIODE ROMAINE
M.-C. Amouretti, F. Ruzé, P. Jockey, Le monde grec antique, Paris, Hachette Supérieur, coll. Histoire, 2008 (4ème édition).(346 pages pour environ 28 euros)
Tu t'souviens quand je t'ai parlé du meilleur livre d'histoire romaine que je pourrais conseiller aux profanes ? Ben le même éditeur a fait la même chose pour la Grèce antique.
Alors là, je préviens de suite, je possède la 4ème édition mais il en existe 6 à l'heure actuelle, du coup je sais pas ce que possèdent les nouvelles par rapport à la mienne, mais on est sur la même ligne éditoriale que Rome et son empire : un livre au prix moyen, un sommaire impeccable, des chapitres nombreux, courts, aérés, faciles à lire et à consulter, des illustrations partout.
Basiquement, tout ce que j'ai dit pour Rome et son empire, je peux le répéter ici. La Grèce antique c'est vachement moins ma came, mais le contenu de l'ouvrage est aussi exhaustif (des origines du peuplement en Grèce jusqu'à la conquête romaine), une bibliographie à la fin de chaque chapitre, un grand tableau chronologique, un index et QUINZE PAGES de cartes en fin de volume.
Je suis pas expert en ouvrages d'histoire grecque (loin de là), mais je pense pas trop m'avancer en affirmant que ce livre est une référence (cinq fois rééditée, excusez du peu), et qu'il peut tout à fait constituer l'élément unique d'une approche à la civilisation grecque antique.
M. Nouschi, Petit atlas historique du XIXème siècle, Paris, Armand Colin, 2008 (réédition 2016).
(207 pages pour environ 22 euros)
On est encore une fois non pas face à un ouvrage de recherche général, mais face à un manuel. Ce livre qui m'a été recommandé par mon prof d'histoire contemporaine de L1 Histoire, monsieur Gabriel Galvez-Behar (dont vous pouvez trouver la page Lille3 ici et le site personnel où il évoque le monde universitaire et scolaire côté socio-politique à cette adresse), a été le principal outil de complément de son cours du 2ème semestre sur le XIXème siècle.
Vous vous souvenez peut-être de ma série en 4 articles sur le XIXème de 1815 à 1914 ? C'est à ce cours et ce livre que je les dois. L'unification allemande et l'unité italienne ? Encore du Galvez-Behar.
Pour en revenir à Nouschi, le manuel est très bien conçu puisqu'il présente, après un sommaire de deux pages, une série de 44 "fiches" (plus une intro de deux pages et une conclusion qui est en fait une énumération par année des œuvres culturelles déterminantes entre 1893 et 1914) qui sont toutes construites sur le même modèle en quatre pages. D'abord une leçon, puis une carte, et ensuite des documents complémentaires liés au sujet de la fiche.
Certes, pas de bibliographie mais les documents des pages 3 et 4 de chaque fiche sont assez variés (tableaux et extraits d'ouvrages principalement), et puis la leçon est l'occasion pour les fiches de se référencer entre elles pour bien comprendre un sujet.
Bref, ce livre est un outil simple et clair et fournit une bonne approche du XIXème siècle sous tous ses aspects.
J-F. Sirinelli, R. Vandenbussche, J. Vavasseur-Desperriers, La France de 1914 à nos jours, Paris, Presses Universitaires de France, coll. Quadrige manuels, 2019 (3ème édition).
(544 pages pour environ 21 euros)
À l'instar de l'Histoire Romaine par lequel j'ai commencé ces propositions de livres, La France de 1914 à nos jours est un ouvrage général publié par une maison d'édition et dans une collection spécialement destinées aux études d'histoire, mais qui peut aussi être abordé par les néophytes. Et comme la plupart des livres que j'ai cités ici, il est le fruit du travail de grands historiens. Si tu as l'impression de reconnaître un des trois noms sus-cités, c'est normal, Jean Vavasseur-Desperriers était, pendant mes études d'histoire à Lille3, le responsable de la 1ère année de Licence ainsi que le professeur des cours magistraux en histoire contemporaine, lors desquels il ne perdait jamais une occasion de nous rappeler que "le petit livre vert" (la 2ème édition avait une couverture identique à celle d'Histoire Romaine vu précédemment) devait être notre Bible, notre unique référent (bon, et il balançait aussi des vannes et faisait des imitations de grandes figures historiques, aussi, complètement barge ce vénérable sage ^^). Après, le fait d'être un des trois auteurs du livre en question ne pouvait que l'encourager à nous le vendre, mais quand même : ce livre est bien foutu.
Et de fait, l'ouvrage occupe très bien ses 544 pages avec 7 pages de sommaire (SEPT !), quinze chapitres eux-mêmes divisés en grandes parties (c'est le livre de la démesure !) et terminés par des bibliographies spécifiques, qui vont donc du début de la Grande Guerre, 1914 étant traditionnellement en histoire universitaire le début du XXème siècle, jusqu'au septennat de Jacques Chirac qui s'est terminé en 2002. Comme on l'imagine, avec un contenu aussi dense, les pages sont un peu plus chargées que dans Histoire romaine, les paragraphes sont plus massifs et les aérations plus rares, c'est clairement un outil de travail destiné à l'étude patiente plus qu'à la lecture suivie (même dans le cas d'un parcours académique), même si ses deux rééditions depuis 1993 (dont une l'an dernier) démontrent clairement sa valeur sur le sujet traité.
ET VOILÀ.
J'avais bien deux-trois autres livres à vous conseiller, notamment deux manuels construits entièrement autour de fiches sur l'histoire grecque pour l'un et sur l'Antiquité égyptienne, proche-orientale, grecque et romaine pour l'autre, mais je les avais achetés en brocante sans les avoir encore consultés, et en y regardant de plus près les paragraphes sont des pavés indigestes XD
Si vous avez des questions ou si vous recherchez des lectures plus spécialisées (principalement en histoire romaine), n'hésitez pas à me le demander ici ou sur Twitter, par exemple via MP (@CedarWanderer), parce que j'en ai en réserve, là j'ai volontairement limité la présentation à des ouvrages généraux accessibles aux profanes en histoire universitaire ;)
Bon, concernant la vulgarisation en histoire on se retrouve bientôt avec un ancien article retiré, coupé en deux, allégé et remanié sur Rome, l'Orient, Mithridate et les pirates, ce sera comme jusqu'à maintenant construit à l'aide de mes cours avec M. Benoist et Mme Hoët-Vancauwenberghe, donc toujours pas de sources à citer ^^ mais promis, à long terme je vais finir par arriver au bout des cours magistraux et des TD qu'il me reste encore, je vais davantage écrire à partir de revues historiques et de livres, et là je citerai les sources !
D'ici là, j'espère que ma vulgarisation vous plaît et qu'on pourra en parler ensemble à l'occasion ! Allez salut !
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